« L’enfance est une priorité du quinquennat », déclare E Borne. Le 21 novembre, elle a réuni un « conseil des ministres des enfants » suivi d’un comité interministériel à l’enfance qui réunissait 12 ministres et secrétaires d’État, dont S El Haïry, mais pas P. Ndiaye. Pourtant, le programme engage nettement l’Éducation nationale, particulièrement sur l’axe « égalité des chances » mais aussi sur les axes « lutte contre les violences » et « bien-être santé ». Le dossier gouvernemental recoupe les récentes déclarations de P Ndiaye. Des mesures devraient suivre.
« Notre objectif est clair », dit E Borne, « que chaque enfant ait les mêmes chances où qu’il naisse ». Sur cet axe « égalité des chances », Matignon annonce un « acte 2 » de l’école inclusive. Il doit intervenir d’ici à 2023. Pour autant, son contenu est flou. Il s’agit de mieux assurer l’insertion des enfants handicapés. Mais P Ndiaye a déclaré vouloir remettre en cause le « tout AESH ». Le ministère veut rompre avec ‘l’augmentation du nombre des AESH. Pour le moment, il ne précise pas par quelle politique assurer l’inclusion. Une autre dimension, c’est le renforcement de la mixité sociale à l’école dont l’objectif est là aussi la rentrée 2023. Là aussi, le ministre s’exprime fréquemment. Mais rien de concret n’a été mis en avant jusqu’à maintenant. Le programme veut aussi « favoriser l’intégration du jeune enfant à l’école maternelle » et « la transition entre l’école primaire et le collège ». P Ndiaye pourrait intervenir très prochainement sur ce dernier point. Il a promis des groupes réduits en maths en 6ème.
Sur l’axe « bien être », l’Éducation nationale doit intervenir, selon Matignon, pour offrir à tous l’éducation à la sexualité. Là aussi, P Ndiaye s’est longuement exprimé. Le gouvernement mise prudemment sur une mise en place d’ici à 2027.
Toutes ces politiques nécessitent « pas de moyens, mais une remobilisation de l’Éducation nationale » nous a-t-on dit à Matignon. Ainsi, sur l’enjeu de la scolarisation, alors que près de 100 000 enfants ne sont pas scolarisés en France selon des associations, le gouvernement mise sur « le dialogue avec les communes » et le contact avec les familles. Pourtant, une réelle scolarisation aurait un impact budgétaire. Il faut peut-être comprendre aussi que « l’acte 2 » de l’école inclusive veut justement rompre avec la progression des dépenses.
On notera une absence importante dans ce programme. Alors que l’OCDE met l’accent sur le lien entre les programmes petite enfance et les programmes pré-scolaires, la France scolarise massivement à 3 ans, mais a laissé tomber la scolarisation à 2 ans. Cette situation qui aggrave les inégalités sociales n’est pas clairement prise en charge dans le programme gouvernemental.
François Jarraud