Où en est la réforme de l’éducation prioritaire ? L’Observatoire des zones prioritaires (OZP), une association particulièrement impliquées dans le suivi des réseaux prioritaires, a réuni le 13 décembre un séminaire national. Une soixantaine d’enseignants, référents, inspecteurs, directeurs et principaux venus de toute la France ont échangé sur trois thèmes : la formation, l’organisation du travail et les pratiques pédagogiques. Marc Douaire, président de l’OZP, salue l’engagement des enseignants dans la réforme. Il fait le point.
La nouvelle organisation du travail mise en place en Rep a des effets profonds, estime-t-il. La pondération (1,1 h pour 1 h de cours) ne fait pas débat. Elle permet d’engager les enseignants dans un véritable travail d’équipe évoluant vers le co-enseignement. On assiste à la naissance de véritables collectifs professionnels pilotés par les conseils école-collège. Le séminaire n’a pas eu vent des problèmes remontés dans d’autres assemblées comme celles réunies par le Snes qui montraient des utilisations abusives du temps de pondération. M. Douaire rappelle aussi que le phénomène de « turn over » important, qui pénalise la constitution des équipes, est propre à l’académie de Créteil. Ailleurs les équipes sont plus stables. Et les nouveaux textes qui permettent la reconnaissance du travail en équipe facilitent l’insertion des nouveaux enseignants.
La question du pilotage par contre se pose. Les nouveaux textes développent l’autonomie des établissements. Va-t-on aller vers un cadrage national renforcé ? Ou, avec la réforme territoriale qui va renforcer le poids des régions, vers une plus forte décentralisation ? L’OZP s’interroge.
L’atelier sur la formation s’est particulièrement porté sur la question de la scolarisation des moins de trois ans. Là il y a une demande forte de formation spécifique et commune enseignants et Atsem (personnels municipaux des écoles). La question se pose aussi pour les dispositifs plus de maitres que de classes où parfois on a nommé des professeurs débutants. Globalement la demande de formation est forte. Pour Marc Bablet, chef du Bureau de l’éducation prioritaire au ministère de l’éducation nationale, qui a assisté au séminaire, la formation doit porter principalement sur la pédagogie de la compréhension. Pour l’OZP, Marc Douaire souligne l’insuffisance des formations données en Espé encore aujourd’hui. « On forme à enseigner une discipline », dit-il. « Pas à enseigner en éducation prioritaire ».
Si globalement, l’OZP estime l’évolution de la réforme de l’éducation prioritaire positive, l’OZP s’inquiète de son devenir à l’horizon 2017. Pour consolider le processus, l’association demande des États généraux de l’éducation prioritaire début 2015. Sera-t-elle entendue ? L’OZP publiera prochainement le compte-rendu exhaustif du séminaire.
François Jarraud
L’OZP
Reçu au cabinet de la ministre de l’éducation nationale le 2 décembre, l’Observatoire des zones prioritaires, une association d’acteurs de référence sur l’éducation prioritaire, a obtenu des éclaircissements sur la nouvelle répartition des moyens pour les sorties de Zep. « L’outil qui servira pour la répartition au niveau national entre les académies sera à la disposition des recteurs et pourra être dupliqué au niveau des départements, des communes, mais aussi des quartiers pour une répartition fine. C’est à ce niveau et grâce à cet outil que seront prises en compte les situations des écoles et collèges non reconduits dans le nouveau dispositif. Les instances académiques pourront décider le maintien de réseaux écoles-collèges, hors éducation prioritaire, la fonction de coordonnateur étant conservée », explique l’OZP. L’association ajoute que « les critères retenus (pour être en éducation prioritaire) ne sont pas des automatismes, la concentration de situations de précarité n’est bien connue qu’au niveau local. Or ces situations sont beaucoup plus clivantes que le simple % de catégories dites défavorisées (l’OZP préfère parler de classes populaires). » L’OZP demande aussi un renforcement du travail collectif sur le temps libéré par la pondération dans le secondaire.
La Fsu appelle à manifester le 17 décembre pour le maintien en éducation prioritaire des établissements sortis. On devrait connaitre peu de temps avant les décisions de la ministre sur la carte de l’éducation prioritaire et la nouvelle répartition des moyens.
Compte-rendu
http://www.ozp.fr/spip.php?article16449
La bombe de la nouvelle politique de répartition des moyens
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2014/12/01122014Article[…]
Près de 400 enseignants se sont retrouvés devant le ministère de l’éducation nationale à l’appel du Snes, de FO, de Sud et de la CGT pour défendre les établissements qui ne trouvent pas place dans la nouvelle carte de l’éducation prioritaire.
« La réforme doit prendre en compte l’état réel des difficultés sociales du pays », nous a dit Bruno Mer, secrétaire national du Snes. « En 2005, il y avait 1100 réseaux. Aujourd’hui le ministère propose 1082 Rep tout en ajoutant 2 départements qui nécessitent 30 Rep. Il y a un différentiel de 50 réseaux pour répondre aux besoins ».
Sandrine Chaisemartin, professeure de Svt, travaille au collège Les Tournelles de Villiers-St-Georges, un établissement Zep situé en zone rurale. » On est loin de tout et les élèves n’ont aps accès à la culture », nous a-t-elle dit. « Leur seul apport culturel passe par le collège. On refuse de perdre des heures qui nous servent à animer des clubs culturels et sportifs ». Un autre point mobilise les professeurs du collège : la perte des points pour la mutation. « On a 400 points et on veut les garder au-delà de 3 ans », précise S Chaisemartin. « Sinon tout le monde va muter tout de suite et ce sera la fin des équipes. L’éducation nationale aura du mal à trouver des enseignants pour venir à Villiers ». Quant aux promesses de la ministre « on attend de voir ce que ça va donner ».
Julie Verleure est professeure de lettres au collège Victor Hugo d’Aulnay-sous-Bois, un établissement Rep qui veut devenir Rep+, comme l’autre collège d’Aulnay, Christine de Pisan. « On veut avoir le plus de moyens possible pour garder nos projets », nous a-t-elle dit. « On perd des moyens tous les ans et on sait qu’on va encore en perdre. Alors il nous en faut le maximum maintenant. On veut garder 2 professeurs principaux par classe, 3 CPE, les projets artistiques et culturels. Les professeurs restent à Aulnay à cause des projets. S’ils sont supprimés, l’équipe se dispersera ».
Le collège Victor Hugo en est à son troisième jour de grève et au 10ème jour de blocage par les parents. Depuis deux semaines les cours n’ont plus lieu. Mais les élèves ne sont pas perdus de vue. Sur le site du collège, les professeurs donnent du travail à faire et s’assurent qu’il est fait. « Mes petits bichons, maintenant que vous avez très sérieusement réalisé vos exercices de conjugaison, voilà le temps de vous mettre à la rédaction ! »..
François Jarraud
Les devoirs du collège V Hugo
http://www.clgvictorhugoaulnay.ac-creteil.fr/spip/spip.php?rubrique266[…]
Sur le site du Café
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