La pédagogie actualisante
Education et francophonie, la revue de l’ACELF, consacre son numéro XXX-2 à la « pédagogie actualisante ». Rodrigue Landry la définit ainsi : « La pédagogie actualisante n’est pas une méthode pédagogique. Elle se veut plutôt une vision, un idéal à poursuivre et un cadre intégrateur de la formation à offrir aux étudiants et aux étudiantes en éducation… (Elle) englobe plusieurs éléments d’éducation dans une perspective planétaire. Elle opte pour une approche pédagogique résolument engagée dans le processus de construction d’une société de paix et de justice basée sur l’épanouissement de chaque être humain ». Issue en 1992 d’une volonté de réformer la formation des enseignants, la pédagogie actualisante plonge ses racines aussi bien dans les travaux de Freinet, que ceux de Ferguson ou les approches humanistes inspirées de la psychologie éducationnelle. On y retrouve des éléments de la pédagogie constructiviste ou cognitive. « Cette pédagogie a comme prémisse que dans des conditions d’apprentissage optimales les êtres humains auront tendance à vouloir se réaliser pleinement et accepteront de prendre en charge leur développement personnel. La pédagogie actualisante intègre à cette vision autonomisante des éléments de responsabilité sociale ». R. Landry finalement la résume ainsi : « La pédagogie actualisante est un processus interactif de socialisation-autonomisation qui s’adapte aux caractéristiques individuelles de chaque apprenante ou apprenant et qui vise à actualiser le plein potentiel de chaque élève dans ses dimensions intrapersonnelle, interpersonnelle et sociale. Cette pédagogie comprend plusieurs volets interdépendants et complémentaires qui, réunis, constituent une conception de vie et une philosophie éducative ». Ainsi au moment où le système éducatif s’engage vers la reconstruction de filières éducatives autonomes, la pédagogie actualisante part d’un principe inverse, celui qui veut que chaque individu puisse trouver sa place et son épanouissement à l’école. « Le groupe-classe devient une communauté d’apprenantes et d’apprenants, et toute l’école se transforme en un milieu de vie stimulant, invitant et valorisant ».
Les articles suivants présentent chacun une des facettes de la démarche. C. Michaud traite de la pédagogie de l’accueil : elle montre que le climat pédagogique est fonction des diverses conceptions du savoir. J. Gamble réfléchit sur l’école comme expérience sociale et propose des démarches qui créent un « réflexe communautaire ». A. Lowe présente une démarche intégrative et pluridisciplinaire. Ferrer et Allard réfléchissent à une pédagogie de l’engagement.
On voit à quel point la réflexion pédagogique de l’université de Moncton (Canada) s’éloigne des orientations actuelles du système éducatif. Ce n’est pas le moindre avantage de la pédagogie actualisante que de nous proposer une réflexion pédagogique qui partant des difficultés de nos sociétés aboutit à une réponse humaniste, individualisante et autonomisante. Un peu d’air frais vient du Canada.
http://www.acelf.ca/revue/30-2/index.html