Maxime Treiber, de SVT au lycée Samuel-de-Champlain à Chennevières-sur-Marne (94), a participé avec 59 autres enseignants à la 9ème édition de l’université d’été Mer-éducation. Au cours de cette formation pluridisciplinaire de 4 jours dans le Finistère, les enseignants ont pu découvrir les travaux des chercheurs en sciences de la mer. Visites sur le terrain, conférences, médiation scientifique, Maxime Treiber nous livre son ressenti après ce temps riche en contenu et en échanges. L’enseignant repart avec des idées pour évoquer l’impact du réchauffement climatique et l’antibiorésistance en classe.
Que retenez-vous de ces universités d’été ?
L’université d’été Mer et éducation est l’opportunité de rencontrer sur quelques jours de nombreux chercheurs en sciences de la mer et du littoral, de découvrir et de mettre à jour nos connaissances sur des enjeux scientifiques et sociétaux complexes ainsi que sur des outils d’étude et d’action. Après une journée de problématisation commune, les participants explorent des parcours différents pendant deux journées avant une dernière journée de mise en commun. Il y a des conférences, des visites de terrain, un atelier de médiation scientifique, une rencontre artistique mêlant art et sciences, des temps de transposition pédagogique et de restitution ; sans oublier les temps de convivialité. La pluridisciplinarité contribue à la richesse de cette initiative en permettant aux uns et aux autres de découvrir des domaines moins familiers.
J’ai tout particulièrement apprécié cette année les apports des sciences sociales sur la perception des risques liés à la mer ainsi que de la géomorphologie sur l’évolution des paysages littoraux en lien avec les actions publiques. Les discussions sont facilitées par l’accessibilité des intervenants. L’événement est très bien organisé aussi bien sur le plan académique que logistique, permettant de faciliter la participation de professeurs extérieurs à l’académie de Rennes. Avec l’excellent état d’esprit des participants, cela permet beaucoup d’échanges stimulants, créatifs et motivants sur les plans disciplinaire et pédagogique.
Quel parcours avez-vous choisi ? Pourquoi ?
La thématique de l’université d’été de cette année était « Océan et Société – Une santé commune ? ». J’ai choisi le parcours « Un océan, des écosystèmes pour la santé » par affinité disciplinaire et parce que, exerçant relativement loin de la mer, j’imaginais plus facile de réinvestir ce que j’y aurais appris. Je retiens la qualité des interventions des chercheurs ainsi que leur diversité pour approcher des concepts comme « One Health » et « Santé d’un écosystème », aborder des problématiques liées aux actions humaines sur les écosystèmes et les enjeux des usages anthropiques de la mer. J’ai tout particulièrement été intéressé par les travaux de Gwenaëlle Le Blay et de Stéphanie Madec sur le rôle des écosystèmes côtiers dans la propagation de la résistance aux antibiotiques. Leur objet de recherche pluridisciplinaire m’est apparu original, leur plan de recherche et la sincérité de la restitution de leur expérimentation avec ses aléas a été une formidable plongée dans une démarche scientifique.
Les travaux de Arnaud Huvet et de Emilien Pousse ont également retenu mon attention, ils traitent des effets du changement climatique et de la pollution plastique sur les récifs d’huîtres plates. Dans leur laboratoire de l’Océanolab, accessible à tous, ils reproduisent un écosystème tempéré, composé d’huîtres et de ses espèces épibenthiques associées, dans un environnement contrôlé (composition de l’eau, température et pH) sur le long terme et exposé à des scénarios réalistes de changement global à l’horizon 2100.
D’autres conférences ont abordé les écosystèmes marins comme des ressources notamment pour le domaine médical, allant de la recherche fondamentale à l’application biotechnologique, mais aussi les conséquences de certaines activités médicales sur les écosystèmes côtiers. On a ainsi pu en apprendre davantage sur la pollution en gadolinium, un terre rare utilisé dans le domaine médical (IRM).
Que pensez-vous réinvestir en classe ?
La réflexion n’est pas encore aboutie mais les expérimentations et leurs résultats précédemment mentionnés sur l’antibiorésistance et les impacts du réchauffement climatique sur un écosystème sont des exemples pouvant faire l’objet d’activités avec les élèves de terminale en spécialité SVT et en enseignement scientifique où les problématiques sont abordées. Il pourrait être envisageable de préparer une rencontre avec des chercheurs pour travailler sur la démarche scientifique et les connaissances.
La structure et le fonctionnement des écosystèmes marins présentés (côtiers, abyssaux) ainsi que celle de la diversité des outils de connaissance des organismes vivants pourraient faire l’objet d’une étude plus ou moins approfondie de la seconde à la terminale en SVT et en enseignement scientifique. Certains services systémiques associés au domaine médical, et certaines pollutions des écosystèmes marins, pourraient être envisagés en exemples en première spécialité SVT ou être matière à réflexion pour une problématique du grand oral. Il pourrait aussi être intéressant de croiser les regards complémentaires de disciplines de spécialité et de tronc commun sur les enjeux scientifiques et sociétaux en lien avec la santé de l’océan et notre santé dans un cadre qui reste à préciser (atelier, sortie, cours…).
Les exemples de matières polluantes (plastiques, antibiotiques, terres rares…) permettent de faire le lien entre le domaine fluvial et l’océan. Il sera intéressant de s’appuyer dessus notamment dans le cadre de la formation des écodélégués autour des ODD 6 et 14. La richesse et la diversité des parcours académiques et professionnels des intervenants de l’université d’été sont aussi une ressource formidable pour travailler l’orientation avec les élèves.
Le mot de la fin ?
Rendez-vous en 2024 pour la thématique « Océan et Sports » !
Propos recueillis par Julien Cabioch
Cette semaine, #Océanopolis accueille 60 #enseignants du second degré qui participent à une #formation interdisciplinaire sur le thème « Océan et société : une santé commune ? », proposée par L’Université d’Été Mer & Éducation 🩺 🌊 pic.twitter.com/MyxSOL6pax
— Océanopolis Brest (@Oceanopolis_) August 24, 2023
Dans le Café
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Mer-Education : Une formation scientifique pour 80 enseignants