Dans une récente note, la DEPP compare les dépenses d’éducations des pays de l’OCDE. « En 2019, dernière année disponible pour les comparaisons internationales, en France, les dépenses d’éducation au sens des comparaisons internationales de l’OCDE représentent 5,2 % du PIB. Cette part dépasse la moyenne des pays de l’OCDE (4,9 %) mais aussi celles observées en Italie, Espagne et Allemagne. L’effort est plus élevé aux Etats-Unis, Royaume-Uni et Norvège » indiquent les services statistiques du ministère qui pointent les disparités des dépenses françaises en fonction des niveaux d’enseignement.
L’effort d’un pays pour l’éducation ne peut être évalué uniquement en se basant sur la part de son PIB ou de sa dépense publique consacrée à l’éducation. En effet, la part de la population bénéficiaire, c’est-à-dire les élèves et étudiants, diffère considérablement selon les pays. En 2021, la France et l’Irlande sont les seuls pays de l’Union européenne à avoir plus de 30 % de leur population totale âgée de moins de 25 ans. En comparaison, cette part représente moins de 25 % en Allemagne, Espagne et Italie. Ainsi, une approche plus précise consiste à comparer les dépenses moyennes par élève qui prennent en compte les effectifs d’élèves de chaque pays, à partir de l’enseignement élémentaire.
Des disparités significatives entre les pays
Les dépenses par élève en France se situent au-dessus de la moyenne de l’OCDE, avec 13 050 $ PPA contre 11 990 $ PPA. Les disparités entre les pays sont très marquées. Par exemple, en Espagne, le coût moyen est inférieur à la moyenne de l’OCDE (10 690 $ PPA), tout comme en Italie (10 900 $ PPA). En revanche, le coût d’un élève allemand est supérieur de 12 % à celui d’un élève français. Il est important de noter que même si les dépenses par élève sont plus élevées en Norvège, les effectifs d’élèves y sont près de dix fois moins nombreux qu’en France.
Les dépenses d’éducation par niveau d’études en France
Dans l’enseignement élémentaire, les dépenses d’éducation par élève en France sont nettement inférieures à la moyenne de l’OCDE (9 310 $ PPA contre 9 920 $ PPA) et supérieures à celles de l’Espagne (8 580 $ PPA). En revanche, dans l’enseignement secondaire, la France dépense davantage, avec 13 480 $ PPA, se situant bien au-dessus de la moyenne de l’OCDE (11 400 $ PPA). Cette tendance se confirme dans le second cycle du secondaire, où la France consacre 15 720 $ PPA par élève, légèrement inférieur aux États-Unis, à l’Allemagne et à la Norvège qui investissent plus de 16 300 $ PPA. C’est dans l’enseignement supérieur que le coût moyen est le plus élevé en France, avec 18 140 $ PPA par étudiant, dépassant la moyenne de l’OCDE (17 560 $ PPA).
Facteurs explicatifs des disparités des dépenses par élève
Plusieurs facteurs peuvent expliquer les disparités des dépenses par élève entre les pays, notamment l’organisation des systèmes éducatifs. Le premier facteur est lié aux dépenses de rémunération du personnel, en particulier des enseignants, qui représentent le premier poste de dépense. D’autres facteurs tels que la taille des classes et le temps d’enseignement peuvent également avoir une influence. Par ailleurs, les dépenses liées aux services auxiliaires tels que les transports scolaires, la restauration ou l’hébergement, ainsi que les investissements dans la recherche et le développement (R&D), expliquent également les différences entre les pays.
Les services auxiliaires et la R&D en France
En France, la part des services auxiliaires dans les dépenses d’éducation est relativement élevée, représentant 12,2 % des dépenses par élève dans l’enseignement scolaire, comparé à une moyenne de 5,6 % dans les pays de l’OCDE. Cette part est similaire à celle de la Finlande et du Royaume-Uni. En revanche, les services auxiliaires représentent moins de 4,2 % des dépenses par élève en Italie, en Norvège et en Allemagne. Dans l’enseignement supérieur, la part des services auxiliaires en France est comparable à la moyenne de l’OCDE. Les dépenses de R&D jouent également un rôle dans les écarts entre les pays. En France, elles représentent 29,8 % des dépenses, tandis qu’en Suède elles en représentent plus de la moitié. En Allemagne et en Finlande, la R&D représente également plus de 40 % des dépenses, contribuant ainsi à des dépenses par élève/étudiant plus élevées.
Évolution des dépenses d’éducation en France
Entre 2012 et 2019, la dépense annuelle moyenne par élève en France a légèrement augmenté, avec une progression de 0,4 % en moyenne chaque année, alors que dans l’OCDE, elle a augmenté en moyenne de 1,8 %. Les dépenses d’éducation dans l’enseignement élémentaire en France ont connu une croissance plus soutenue, avec une augmentation moyenne annuelle de 1,7 % sur la période, en lien avec la priorité accordée au primaire depuis 2017. En revanche, dans l’enseignement supérieur, la France a connu une baisse de dépenses moyennes par étudiant (-0,4 % par an) en raison de l’augmentation rapide des effectifs étudiants. Comparativement, l’Allemagne a légèrement augmenté ses dépenses dans l’enseignement supérieur, mais ses effectifs étudiants ont également augmenté plus rapidement.
Les dépenses d’éducation en France présentent des disparités significatives selon les niveaux d’études. Alors que les dépenses par élève en France sont supérieures à la moyenne de l’OCDE dans le secondaire et le supérieur, elles restent inférieures dans l’élémentaire. Les facteurs tels que les rémunérations des enseignants, la taille des classes, les services auxiliaires et les investissements en R&D contribuent à expliquer ces différences.
Lilia Ben Hamouda