A Tarnos dans les Landes, on a pris un peu d’avance sur la coupe du monde de Rugby. Enseignantes et enseignants de CM2 et de sixième du collège Langevin Wallon se sont saisis de cet évènement comme fil rouge dans le cadre d’un projet de liaison pluridisciplinaire.
Prévue du 8 septembre au 28 octobre 2023 en France, la 10ème édition de cette compétition a suscité un engouement des équipes pédagogiques en cette terre d’Ovalie. Le 14 juin prochain, ce sont 17 classes, représentant 17 pays en lice de la compétition officielle, qui se rencontreront sur les pelouses tarnosiennes. Pour préparer ce tournoi scolaire inter degré, les professeur.es des écoles ont bénéficié de l’appui de l’USEP, mais aussi des accompagnateurs du club de rugby local. Même si les équipes pédagogiques ne sont pas à leur ballon d’essai puisque des rencontres existaient déjà avant l’épisode du COVID. Coralie Soutiras, enseignante à l’école Jean Jaurès, se rend au stade tous les jeudis avec sa classe de CM1-CM2. Pour elle, l’intérêt du rugby à l’école c’est de travailler à la fois des compétences affectives et d’éducation physique. « Au départ, il y a la peur du contact, de se faire mal, d’aller au sol. Petit à petit ces appréhensions se lèvent. La singularité de la passe en arrière est également une règle à intégrer qui change des autres sports collectifs » explique-t-elle. Pas évident d’aborder une activité physique qui alterne affrontements corporels collectifs et phases de courses et des stratégies d’évitement. Le rugby s’inscrit à la fois dans les sports de lutte et de circulation de balle, nécessitant de maîtriser à la fois les rôles d’attaque et de défense, d’évaluer l’espace, le temps, les positionnements des équipiers et des adversaires, de choisir la stratégie adaptée selon la situation… Comprendre les règles de ce sport – même adaptées au niveau d’enfants du primaire-, percevoir la ferveur de marquer un essai ne sont pas anodins dans cette ville voisine de Bayonne, avec son mythique club des bleus et blancs de l’Aviron bayonnais. Les PE reconnaissent que les interventions extérieures par des bénévoles du Boucau Tarnos Stade ont été un appui pour les séances d’éducation physique et sportive.
Soutien
Comme tous les sports d’équipe, le rugby apprend aussi la coopération. C’est même un appui pour progresser. « Les rapports d’entraide et de respects entre joueurs sont importants. Et les spécificités du jeu valorisent les différences physiques. Que l’on soit frêle et rapide pour courir vite, ou plus costaud pour les phases de contact. C’est aussi une occasion de déconstruire des stéréotypes entre les filles et les garçons » précise Coralie. Un intérêt partagé par sa collègue Léa Darrieumerlou qui souligne « les craintes plus importantes chez les filles qui s’estompent au fil des séances et d’une mise en confiance progressive ». Il faut dire que l’attention au rugby féminin est aussi une vigilance des enseignant.es. Par exemple, Léa et une troisième collègue de CM, Amélie Rispe, ont réalisé avec leurs élèves un podcast présentant des joueuses professionnelles de plusieurs pays. Car c’est un autre grand axe de ce projet : la participation à des enregistrements pour la webradio du collège.
Tout au long de l’année, RTi (radio Tarnos info) diffuse ainsi des épisodes d’En avant !, le podcast de la « coupe du monde de Rugby à Tarnos ». Coordonnée par Hélène Ricarrère, la professeure documentaliste du collège, la radio collégienne donne la parole aux élèves de sixième et de CM des écoles de la ville qui le souhaitent. Description de la réalisation d’une œuvre d’art par l’école Félix Concaret, lecture d’une poésie par l’école Daniel Poueymidou, avis sur le film « Les Roses et les bleus » par des élèves de sixième, interview de joueurs de l’Aviron bayonnais, partenaire du projet, après une invitation de tous les sixièmes et CM à assister à un match…
Pour Coralie, c’était un quizz sur l’Australie, pays choisi par sa classe dans le cadre du tournoi local. « L’idée c’est de varier les formats d’écoute. Le questionnaire, cela permettait de travailler la recherche documentaire, l’élaboration de questions et l’invention de fausses réponses. C’est une manière ludique d’apprendre à trouver et sélectionner des informations, à rédiger. En ayant un objectif concret. » Le quizz en ligne a fait l’objet de réponses que les élèves de primaire ont eu plaisir à vérifier. « Nous écoutons les productions des autres classes, cela crée des liens sur toutes les écoles de la ville et avec le collège » indiquent les deux enseignantes. « Il y a une vraie dynamique collective grâce à cet outil commun. »
Transformation !
Un lien qui se poursuit également grâce à la préparation d’une exposition. En effet, à partir du 3 juin, la médiathèque affiche les panneaux réalisés par les classes. Une classe, un pays. L’Australie donc pour les élèves de Coralie, les îles Fidji pour Amélie et la Nouvelle Zélande pour Léa qui travaille actuellement sur l’apprentissage d’un hakka attendu par ses collègues ! « Nous avons déterminé différents domaines et nous travaillons par groupe. C’est un temps important de recherches et de tris qui nous permet de traiter différentes disciplines, de la géographie aux arts en passant par l’histoire ou la langue ». Ces apprentissages méthodologiques ou de production d’écrits, de maîtrise de la langue s’effectuent dans un enthousiasme partagé. Une matinée de présentation des exposés au collège sera l’occasion de travailler également la prise de parole. Des rencontres avec des joueurs professionnels, une table ronde sur l’évolution de ce sport, sont à suivre afin d’enrichir encore le programme.
Pour arriver à ce multi-projet de liaison école-collège, les enseignant.es se sont réuni.es à chaque période : échanges sur les activités proposées, les difficultés rencontrées, l’organisation du tournoi, recherches de subvention… Une auto-organisation collective, coordonnée par Didier Pouyau, professeur d’EPS du collège. « Ce projet de liaison école-collège permet aux élèves comme à nous de découvrir nos différents univers. Il y a une émulation professionnelle entraînante » concluent les deux enseignantes.
Et comme la coupe du monde c’est à l’automne prochain, la continuité se fera avec la poursuite de cycle rugby en éducation physique à la rentrée, histoire de transformer l’essai !
Cerise Lenoir