« La laïcité c’est la liberté. Il ne faut pas l’oublier ». La remarque d’Emilie Trigo, secrétaire nationale de l’Unsa, retentit toujours. Alors que le texte du projet de loi va passer en commission, puis, début février, devant l’Assemblée, il apparait qu’il a surtout pour effet de coaliser populisme et extrémisme. Parmi les près de 2000 amendements déposés beaucoup relancent des guerres scolaires inutiles.
Plusieurs articles du projet de loi concernent l’Ecole. L’article 1 concerne le respect de la laïcité par les acteurs privés ayant une mission publique. L’article 4 crée le délit d’intimidation d’agent public. L’article 18 limite la diffusion d’informations à propos de ces agents au motif de les protéger. Surtout les articles 21 à 25 réglementent l’instruction en famille en la soumettant à autorisation.
Autant d’articles qui permettent à la droite et parfois à LREM de chasser sur les terres d’extrème-droite. Ainsi l’article 1 suscite des amendements de députés LR (notamment E Ciotti) pour interdire les signes religieux à l’université par les étudiants. D’autres amendements LR veulent interdire le port de signes religieux aux accompagnatrices des sorties scolaires, rouvrant ainsi un vieux débat mortifère pour les enfants (amendements AL Blin, E Diard LR). Le député LREM Cormier Bouligeon a déposé un amendement identique. Aurore Bergé (LREM) vuet interdire toute manifestation d’opinion religieuse, philosophique ou politique à toute personne participant à une mission de service public. AL Blin (LR) veut interdire le port de signes religieux aux mineurs en général ! A Genevard et E Ciotti veulent imposer « la discrétion religieuse » au sein de l’espace public, c’est à dire partout en dehors de chez soi.
Il y a une limite à cette surenchère. C’est que cette droite populiste défend aussi l’enseignement privé catholique. Les mêmes A Genevard et E Ciotti qui exploitent à fond les préjugés déposent aussi un amendement excluant l’enseignement privé sus contrat de l’article 1…
L’article 4 qui crée le délit de menace sur agent public est exploité pour assurer l’autorité professorale. Eric Diard (LR), qui demande aussi que les débats soient interdits en EMC, dépose un amendement précisant que « Les personnels de l’Éducation nationale sont chargés par l’État d’une mission de service public qui implique le respect des élèves et de leur famille à l’égard de l’autorité des professeurs dans la classe et de l’ensemble des personnels de l’établissement ».
L’article 18 qui attaque le droit à informer voit une coalition contre lui avec des personalités bien différentes : X Breton (LR), Charles de Courson, A Corbière (LFI), S Peu (PC). Mais I Florennes (Modem) dépose un amendement pour durcir les peines dès lors quel’information concerne le président de la République, des ministres ou des « ministres du culte salariés par l’Etat ».
L’article 21 qui soumet l’instruction en famille à autorisation réunit aussi contre lui des personnalités aussi différentes que AL Blin, A Genevard (LR), G Labille (UDI), C Untermeier (PS), M Le Pen, X Batut (LREM) et M Orphelin.
Le même M Orphelin a déposé un amendement pour créer une « éducation à la réflexion personnelle ». » Une éducation à la réflexion personnelle est dispensée au moyen d’ateliers de philosophie organisés, sur le temps scolaire, dans les écoles élémentaires, les collèges et les lycées. Elle apprend aux élèves à mener une réflexion personnelle, à exprimer leur pensée et à débattre entre eux dans un cadre démocratique. Cet apprentissage contribue à l’appropriation par les élèves des principes de la République et au développement de l’esprit critique. »