Politique
Les premières mesures en faveur des directeurs
Lors du comité technique ministériel du 13 novembre, JM BLanquer a présenté en personne de « premières mesures » en faveur des directeurs. Ceux qui s’attendaient à la mise en place d’aides administratifs, largement évoqués dans les propos ministériels depuis un mois, en sont pour leur frais. Le ministre n’est venu avec des colifichets et un joli piège sous forme de questionnaire. Une journée de décharge, un questionnaire très orienté, un moratoire des enquêtes administratives tempéré par des réunions supplémentaires : les premières mesures en faveur des directeurs ne répondent pas aux besoins d’aides des directeurs.
Les programmes de collège bientôt revus
La lettre de mission du Conseil supérieur des programmes invite le CSP à prévoir sur 2019-2020 « l’articulation des programmes de collège avec les nouveaux programmes du lycée ». « Discipline par discipline il me soumettra son analyse ainsi que ses propositions d’éventuels amendements ». Le ministre prévoit expressément une réécriture des programmes d’EMC de 3ème pour y inclure le SNU. Jusque là les programmes du collège étaient le seul niveau épargné par la frénésie de détricotage du ministre. Cela pour une raison simple : l’Etat paye les manuels scolaires du collège et toute refonte des programmes a un cout important. Il semble que JM Blanquer veuille s’y attaquer.
Au lendemain du CTM le ministère publie les nouvelles règles de gestion des enseignants
Refusées à l’unanimité en comité technique ministériel, les « lignes directrices de gestion ministérielles relatives à la mobilité des personnels » de l’éducation nationale sont immédiatement publiées au B.O. Prises en application de la loi de transformation de la fonction publique, ces mesures remettent en question le rôle des syndicats dans la gestion des mutations et livrent les enseignants aux arbitrages de la seule administration. Cette réforme est aussi mortelle pour les syndicats dont l’action est immédiatement menacée.
Faut-il médicaliser la pédagogie ?
« Il devient indispensable de tester, confirmer et départager ces résultats de la manière la plus complète, et la moins arbitraire possible, afin de garantir les meilleures recommandations pour les décisions pédagogiques ». Dans un avis rendu public, le Conseil consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé se mêle de pédagogie. Considérant que la psychologie et les neurosciences « produisent des résultats qui peuvent concourir à des recommandations précises sur des modalités d’enseignement », le CCNE définit la méthode expérimentale médicale comme celle à suivre pour évaluer des expérimentations pédagogiques qui vont permettre de donner des instructions pédagogiques. C’est la dernière déclinaison du « pragmatisme » et de l’évidence based. Le pouvoir médical entend dicter sa loi au monde de l’éducation.
Laïcité : La rectrice de Versailles quitte une école qui accueille des mères voilées
« Je comprends que ce n’est pas facile pour la directrice de définir les situations, poursuit la rectrice. Mais il existe une plateforme laïcité au niveau national et au niveau académique pour accompagner les enseignants et les directeurs d’école. On ne peut pas être résignés. Ce cas sera analysé ». Selon Le Parisien l’incident a eu liue le 7 novembre à l’école maternelle Charles de Gaulle de Clamart (92). La nouvelle rectrice de Versailles, Charline Avenel, a quitté l’école quand elle a vu deux mères voilées présentes dans la cour de l’école pour encadrer un atelier dans le cadre de la journée de lutte contre le harcèlement. Cet incident ne doit rien au hasard. La rectrice a décidé d’appliquer un arrêt de la cour administrative d’appel de Lyon pris le 23 juillet 2019 qui estime que des parents qui animent des ateliers doivent s’abstenir de tout signe religieux. Cet arrêt distingue les parents qui accompagnent les sorties des parents agissant dans les locaux scolaires. Surtout elle applique les incitations ministérielles à ne pas considérer comme « souhaitable » le port du voile, à considérer l’islamophobie comme une opinion recevable. Cet incident choquant et même violent qui selon Le Parisien a surpris tout le monde dans l’école , rejette un peu plus les parents musulmans hors de l’école et en fait des parents de seconde classe alors que rien sur le terrain ne le justifie. C’est aussi une injonction supplémentaire à rebours des propos sur l’autonomie des écoles.
Education prioritaire : Fsu et Cgt critiquent le rapport Mathiot
» La dégradation de la situation sociale dans bien des quartiers de l’Éducation prioritaire demanderait que les moyens, pour toutes les écoles et établissements concernés y compris les lycées accueillant ces élèves, soient renforcés plutôt que fragilisés », écrit la Fsu dans un communiqué. « Ce n’est pas ce que semble dessiner la présentation du rapport Mathiot-Azéma faite par le Ministre de l’Éducation nationale. Pour la FSU, la politique d’Éducation prioritaire doit rester cadrée nationalement, les moyens doivent être attribués sur des critères transparents afin de garantir l’égalité ». La fédération juge « inacceptable » aussi la disparition des indemnités et des priorités de mutation liées à la disparition des Rep. La CGT Education » dénonce un rapport qui se situe parfaitement dans la logique de casse du statut de la Fonction publique en individualisant à outrance le régime indemnitaire, en multipliant les postes à profil et en favorisant le maintien de personnels non titulaires. La proposition d’attribution du dernier tiers de la prime REP+ promis par E Macron à la participation obligatoire au dispositif de formation à la difficulté sociale et scolaire hors temps scolaire est elle aussi symbolique. C’est bien le travailler plus pour gagner plus prôné par le président et le ministre pour réévaluer les salaires ! »
Métier
La faiblesse des salaires enseignants confirmée par le ministère lui-même
Alors que se tient, le 7 novembre, une réunion ministérielle sur la retraite et la rémunération des enseignants, la Depp (division des études du ministère) publie deux Notes sur les salaires enseignants. Elles montrent l’impact des mesures prises par le gouvernement précédent en 2017 (dégel du point FP et PPCR) ainsi que le décrochage des salaires français par rapport à ceux de nos voisins. L’autre leçon de ces Notes c’est de montrer que la rémunération dépend de plus en plus des tâches supplémentaires effectuées par les enseignants. Les inégalités entre enseignants et enseignantes se banalisent.
Retraites : Nouvelle promesse du ministre
Dans une lettre adressée au Sgen Cfdt le 12 novembre, JM BLanquer promet une nouvelle fois la revalorisation. « Le gouvernement s’est engagé à ce que la mise en place du système universel (de retraite) s’accompagne d’une revalorisation salariale permettant de garantir un même niveau de retraite pour les enseignants que pour les corps équivalents de la fonction publique ». Cet engagement serait écrit dans la loi.
Retraites : L’Unsa participera à la grève du 5 décembre
» Faute d’engagement suffisant et de premières mesures concrètes de revalorisations, l’UNSA Éducation appelle à la grève le 5 décembre prochain. L’UNSA Éducation ne s’oppose pas par principe à la mise en place du système universel de retraites. En revanche, elle demande au gouvernement de donner les garanties et les signes concrets suffisants qui feront que cette réforme, que nous ne demandions pas, ne pénalisera pas nos collègues. Si la revalorisation des personnels enseignants et de recherche est clairement identifiée comme une nécessité au risque d’une baisse très importante des pensions, il faut aujourd’hui qu’elle se traduise concrètement et rapidement sans demandes de contreparties et d’accroissement d’une charge de travail déjà importante », demande l’Unsa Education. » L’annonce le 7 novembre d’un prochain courrier qui viendrait poser par écrit l’engagement de formaliser la revalorisation des enseignants dans la Loi est un premier signe positif. Pour autant, il reste insuffisant et ne donne rien de concret sur les premières mesures de revalorisation attendues ».
Loi Blanquer
Budget : JM Blanquer et les formations sur le temps de congé
« On a de la chance d’avoir en France un ministre qui répond à tous les sujets avec beaucoup d’attention et de sincérité ». Ces paroles flatteuses ne viennent pas d’un élu de la majorité. Au Sénat, le 13 novembre, c’est l’opposition Les républicains, ici J Grosperrin, qui a vivement félicité JM Blanquer pour sa politique. Un peu auparavant Max Brisson, sénateur LR également, avait fait de même. Des félicitations dues à la proximité du ministre avec la majorité de droite du Sénat dès qu’il est question des postes, de la formation obligatoire sur les congés, des maternelles privées ou de l’avenir de l’éducation prioritaire. Par exemple le fait que près de 100 000 enseignants pourraient être contraints de suivre des formations sur leur temps de congé en 2020.
Réforme territoriale : Création des rectorats de Normandie et Mayotte, nouveaux emplois fonctionnels
Publiés au JO du 8 novembre, deux décrets et un arrêté modifient l’organisation territoriale de l’éducation nationale en application de la loi Blanquer. Le rectorat de Normandie apparait officiellement a la place des rectorats de Caen et Rouen. Le rectorat de Mayotte est créé à partir du 1er janvier 2020. Un vice rectorat de Saint Barthélémy et Saint Martin est crée dépendant du recteur de Guadeloupe. Des emplois fonctionnels de secrétaire général de région académique, d’adjoint au secrétaire général de région académique et de conseiller de recteur de région académique sont créés. Ainsi s’organise une nouvelle pyramide qui correspond au redécoupage territorial alignant l’organisation de l’éducation nationale sur celle de l’Etat en général tout en maintenant l’apparence des anciennes académies.
Une circulaire sur les AED en préprofessionnalisation
C’est une autre retombée de la loi Blanquer. La circulaire précise les conditions d’emploi et de rémunération des AED en préprofessionnalisation. Les AED devront 8 heures de presence hebdomadaire sur 39 semaines et un service d’enseignement de 8 heures hebdomadaires en école et 6 heures dans le 2d degré. Leur rémunération sera de 862 € en 1ère année, 1198 en 2de année et 1219€ en 3ème année. La circulaire invite à recruter des boursiers en priorité mais ne cible pas de disciplines.
Numérique
Biométrie, géolocalisation, tracking : L’école et les données
Alors que la Cnil vient d’interdire la reconnaissance faciale dans les établissements scolaires, il est clair que l’Ecole ne peut pas faire l’économie d’une réflexion sur l’usage de ses données. Désormais le monde scolaire, mais il n’est pas le seul, est confronté à une responsabilité multiple : d’une part assurer de la légalité de ses pratiques, d’autre part permettre à chaque acteur de l’institution de se situer et d’agir en accord avec la loi, et enfin développer une éducation à la protection des données.
Gilles Braun : A quoi sert le Délégué à la Protection des Données ?
La question de la protection des données impacte directement les enseignants à qui on autorise ou interdit tel ou tel logiciel ou site, ou qui ne savent pas si leurs pratiques sont conformes à la législation. En aout 2018, l’inspecteur général Gilles Braun a été nommé Délégué à la Protection des Données (DPD) du ministère de l’éducation nationale. Le ministre déclarait alors : « Il va être la vigie du respect par le ministère et les établissements des enjeux de protection des données des élèves, il sera appuyé par un comité d’éthique ». Un an après cette nomination qu’en est-il de ce dossier qui doit mettre le ministère en conformité avec la loi RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) ? Fin octobre 2019, un comité d’éthique a été mis en place après qu’ait été nommé un administrateur des données (Jean-Yves Capul) dont le rôle est de coordonner ce qui se fait « en matière d’inventaire, de gouvernance, de production, de circulation et d’exploitation des données. ». Ainsi le cadre de travail pour protéger les données dans le domaine de l’éducation est en place. Mais comment se met en œuvre réellement cette réglementation ? Gilles Braun répond à nos questions.
Bruno Devauchelle : Réseaux et taille des écrits : Savons-nous encore lire et écrire ?
La généralisation des réseaux sociaux a amené à de nouvelles formes d’écriture, d’expression. Texte, image, son, la transformation est en cours pour chacun de ces moyens d’expression : audio, vidéo, texte, photo etc.… Les évolutions des manières de faire méritent que l’on s’y arrête et qu’on s’interroge sur le sens de ces évolutions. Avons-nous transformé ou sommes-nous en train de transformer nos formes d’expression ? L’utilisation de twitter pour apprendre l’orthographe et l’expression écrite en classe peut-elle changer le rapport à l’écrit ? Evolution ou simple révélation de nos pratiques quotidiennes de l’écrit voire de l’oral ? Car les réseaux sociaux illustrent la non séparation entre l’écrit et l’oral, non seulement par les formes d’expression permises, mais aussi par le fait que de plus en plus l’oral est techniquement mis dans la continuité de l’écrit.
Bruno Devauchelle : Nos élèves seront-ils tous des illettrés numériques ?
On peut penser que le débat est clos : non les jeunes ne sont pas compétents en numérique. Il suffit de lire les nombreux documents, textes et autres publications (issues parfois de scientifiques) qui n’ont eu de cesse de le rappeler, fustigeant au passage l’idée de génération Y ou encore de natif numérique et autres appellations du même type. Dans le même temps et dès les débuts de l’informatique nombre d’adultes ont déclaré être surpris de l’habileté des jeunes devant ces machines. Certains enseignants de matière professionnelles n’hésitaient pas à solliciter certains de leurs élèves pour aider à résoudre des problèmes techniques (observation faite à plusieurs reprises en lycée professionnel et technique dans les années 1980). La prise de conscience de ce supposé écart est significative d’un questionnement plus général : comment s’adapter à l’informatisation, à la numérisation de la société ? Cet écart supposé révèle plus généralement un fait : personne ne maîtrise la totalité des savoirs informatiques et surtout de leur mise en pratique. Il est révélateur aussi d’un autre élément : les connaissances de chacun de nous sont d’abord des connaissances en contexte. Pour le dire autrement nous connaissons d’abord les savoirs et informations dont nous avons besoin pour agir, pour être compétent dans différentes situations.