Publié tardivement, le rapport de l’Inspection générale sur « le traitement de la grande difficulté au cours de la scolarité obligatoire » interfère avec des dossiers ouverts au ministère. Ceux de la réforme des métiers enseignants et celui plus global de la décentralisation.
Rased : Que veut au juste le ministère ?
Si le rapport de l’Inspection était attendu, c’était d’abord par les enseignants des Rased. Mis en extinction sous le gouvernement précédent, les Rased ont vu les postes fondre rapidement en même temps que la formation de nouveaux spécialistes était asséchée. Les associations de maîtres des Rased attendaient un revirement avec le nouveau gouvernement. Or la publication du rapport intervient alors que les négociations sont en cours avec le ministère.
Les critiques portées par le rapport sur les réseaux d’aide inquiètent Maryse Charmet, présidente de la Fnaren, l’association qui regroupe les maîtres G. Interrogée par le Café pédagogique, si elle juge le rapport « intéressant et fouillé », elle craint que la publication du rapport aboutisse à remettre en question les discussions en cours avec le ministère. « Le travail en circonscription, on n’en veut pas », nous a-t-elle dit. « Le travail auprès des élèves est la colonne vertébrale de toute aide », ajoute-elle. « On craint un glissement vers un rôle d’expert et de conseiller qui nous éloignerait du terrain ». C’est pourtant ce que proposent les fiches du groupe de travail ministériel qui prévoit d’installer les maîtres E dans les écoles et de réunir en circonscription, auprès de l’IEN, les maitres G et les psychologues, comme le préconise le rapport.
Quelle place pour un pilotage étatique ?
Le rapport critique aussi « l’éparpillement » des dispositifs d’aide entre ceux de l’éducation nationale et les aides locales. « L’éparpillement de dispositifs souvent dépendants de l’initiative individuelle conduit à une répartition inégale et variable de l’aide apportée sur les quatre années. Par exemple, la classe de cinquième est souvent délaissée. Tant au niveau du parcours individuel de l’élève que de l’organisation de l’établissement (donc de son projet), les soutiens, aides ou aménagements doivent être pensés dans une optique pluriannuelle avec le souci d’un suivi, tout en prenant en compte la spécificité de chaque étape. La réponse doit être construite non comme une juxtaposition d’actions, mais plutôt comme l’accompagnement d’une progression ». Aussi il demande un pilotage renforcé de l’aide, construit autour des cadres de l’éducation nationale.
Le rapport atteint là une autre limite. Qu’il s’agisse des PEDT du primaire que des aides des conseils généraux, les collectivités territoriales sont devenues des acteurs incontournables de l’aide aux élèves. C’est sans doute ce qui stimule cette demande de pilotage renforcé. Mais il ne saurait se faire sans prendre en compte les exigences des élus locaux. C’est un autre élément de complexité pour ce rapport.
François Jarraud