Les amoureux de la littérature jeunesse l’attendent d’année en année. Le Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Seine-Saint-Denis (SLPJ), ou tout simplement le Salon de Montreuil, a lieu du mercredi 27 novembre au lundi 2 décembre 2013 sous le signe des Héros et Héroïnes. Montreuil, ce sont des centaines d’exposants, de conférences, de rencontres et de signatures mais aussi des formations et des événements tout au long de l’année. A la tête de ce paquebot, Sylvie Vassalo que le Café a rencontré pour en savoir plus sur l’ancrage pédagogique du SLPJ.
Quelle action développe le SLPJ en direction des élèves et des enseignants ?
Un chiffre pour commencer : le Salon accueille 30 000 enfants en visite scolaire ou périscolaire sur trois jours ! Recevoir 30 000 enfants exige un temps de préparation culturelle en amont. Notre objectif est d’apporter aux enseignants des éléments pour créer leur projet autour du livre. Nous accompagnons donc les enseignants porteurs d’un projet autour du livre et plus globalement de tout projet autour de l’édition, ce qui inclut la connaissance de l’ensemble de la chaîne littéraire de la conception à l’édition.
Quelles sont les étapes de cet accompagnement ?
En juin nous adressons aux enseignants les premiers éléments relatifs aux grands thèmes du salon. En septembre nous leur adressons de la documentation par internet qui permet aux enseignants de préparer la visite et en choisir les modalités : une animation, une rencontre avec un auteur, une visite de l’exposition avec conférence voire une visite totalement libre. Les enseignants peuvent également construire des parcours thématiques. Les classes de la Seine-Saint-Denis sont prioritaires.
Lors des inscriptions, les enseignants expriment leurs souhaits et le service de relations publiques assure la coordination avec la programmation du salon sachant que sur le temps du salon, 700 temps de rencontres sont prévus ! Ce sont des rencontres littéraires de qualité. Pour que la rencontre avec un auteur ou un illustrateur soit fructueuse, un véritable travail de médiation littéraire est fait dans l’accompagnement des enseignants. Ainsi, nous envoyons aux classes quelques livres (bio, exemplaires) gratuitement pour préparer la visite. Les enseignants peuvent également participer au prix Tam-Tam « j’aime lire » co-organisé par le SLPJ et les éditions Bayard.
Vous développez une offre de formation fournie mais qui n’est spécifiquement destinée aux enseignants.
C’est un choix délibéré du Salon que de former enseignants, bibliothécaire et animateurs ensemble. L’enfant est un et les approches des différents professionnels de l’enfance sont multiples. L’objectif est que ces professionnels qui exercent dans des cadres et des temps différents de l’enfance échangent pratiques, expériences et intentions.
Les formations du salon visent aussi à faire découvrir l’évolution des pratiques. Aujourd’hui il y a des types de lecture différents, des structurations différentes du récit. La littérature numérique est également un objet de médiation. Nous avons noté chez les enseignants une attente, une curiosité et bien moins de réticence qu’il y a quelques années. Il y a un manque de repères dans cet univers, de comment réinstaller la connaissance de la qualité des histoires racontées dans cet univers. Enfin, ces formations figurent sur le plan académique de formation de Seine-Saint-Denis mais pas ailleurs pour le moment.
En visitant le salon, les enseignants et leurs classes peuvent donc découvrir de nouvelles pratiques numériques de la lecture ?
Tout à fait, dans l’espace numérique il y a plusieurs animations. Par exemple, la tablette XXL qui permet une découverte collective d’une histoire, d’une narration, d’un documentaire ou encore d’un jeu autour de l’art. Cette découverte collective est en rupture avec la lecture individuelle sur l’écran d’une petite tablette ou d’un livre, elle permet le dialogue et encourage les moins bons lecteurs.
La Biblio-connection est une librairie numérique dans le sens où elle offre un choix d’albums papier numérisés. Mais surtout elle permet une grande diversité de parcours de lecture. Tous les livres sont traduits en commande audio. Mais l’enfant peut également manipuler et avoir une commande gestuelle de l’objet de lecture où le mouvement de la main incite à la lecture. Dans les situations de lecture à plusieurs, les enfants sont obligés de se coordonner pour respecter les vitesses de lecture des uns et des autres. Un enfant peut également utiliser la fonction « déroulé » de l’écran comme un prompteur et faire de la lecture théâtralisée à d’autres enfants qui ne sont pas face à l’écran.
La fonction audio descriptive à commande gestuelle fait entrer l’enfant dans un autre rapport à la lecture parce qu’elle emmène des éléments de lecture de l’image et enrichit ainsi la compréhension du texte incitant, d’une part, à une plus grande finesse d’interprétation et, d’autre part, à multiplier les interprétations d’un même texte.
Quel est selon vous l’apport singulier du Salon pour les acteurs de l’école, enseignants comme élèves ?
La littérature participe à l’ouverture de l’école à la réalité du langage et des apprentissages en général mais elle doit garder son statut à l’école, son statut de narration et d’histoire.
Lire un livre, c’est entrer dans l’univers d’un autre, rencontrer l’histoire d’un autre. Cette rencontre est une rencontre intime, singulière et doit rester entière. Nous souhaitons que les élèves qui se rendent au salon vivent cette expérience. C’est l’apport du salon, d’ailleurs les enseignants le savent et ils viennent pour la littérature et les auteurs.
Ange Ansour