Twitter sur la tablette
PhT : Sur la photo, on voit un élève qui recopie deux phrases. D’où proviennent ces phrases ?
CL : Régulièrement nous présentons une photographie de nos activités aux parents. Elle est accompagnée d’un petit texte, fruit d’une dictée à l’enseignant.
PhT : C’est un texte collectif ?
CL : Pas tout à fait.
Je présente une photographie au groupe classe. «Que voyez-vous ?» Des échanges s’en suivent. Il leur faut parler chacun leur tour, écouter l’autre, rester dans le propos. Ils apprennent à communiquer ensemble, mettent des idées, des mots en commun qui serviront de matière première à la dictée à l’adulte.
Après ce premier jet oral collectif, nous essayons de nous rapprocher du langage écrit : «Qu’est-ce qu’on écrit aux parents ?» Un enfant est chargé, avec l’aide de tous, de «résumer» et de me dicter mot à mot, le texte. Je m’arrête parfois sur un mot pour leur demander comment écrire la syllabe «mo» par exemple…
Enfin, un enfant est chargé de saisir le texte dans l’après-midi.
PhT : Comment choisis-tu la photo ?
CL : Pour l’instant, j’ai recensé trois bonnes raisons de partager des photos !
Certaines me permettent de structurer les apprentissages, en mettant en mots ce que l’on a travaillé : pour cette photo, on a parlé de lettres, de mots, de la manière dont on les reconnaît.
Certaines sont plus axées sur le langage : je sais qu’avec telle photo vont se poser des problèmes de pronoms ou de temps… On parle de ce qu’un enfant est en train de faire, de ce qu’il va faire ensuite et on conjugue à hauteur d’enfant.
Il y a des photos qui répondent juste au besoin de communiquer avec les familles : le livre du moment avec sa « critique » produite par les enfants, l’époustouflant rangement du coin bricolage dont les enfants sont si fiers…
Il doit y en avoir d’autres.
PhT : Sur quel support la photo et le texte sont présentés aux parents ?
CL : J’ai ouvert cette année un compte Twitter sur lequel les parents peuvent voir ces travaux.
PhT : Comment font les parents pour lire vos productions ?
CL : Il n’est pas nécessaire d’avoir un compte Twitter ou de s’abonner au nôtre. Il suffit d’aller à notre adresse avec un ordinateur ou un smartphone. Mais on peut aussi imprimer les photos et légendes pour les transmettre aux familles, à la manière d’un cahier de vie.
La famille plus large, grands-parents, oncles, tantes suivent nos activités.
PhT : Pourquoi utiliser une tablette pour recopier le texte ?
CL : Il y a un ordinateur dans notre classe, mais avec la tablette, l’enfant peut se mettre à côté de moi. Pendant que je gère mon atelier, je peux le guider, lui faire des remarques (mots, sons, espace…) et l’aider si besoin. Dans les premiers messages, le texte de référence est en majuscule comme le clavier, mais petit à petit, nous passerons au scripte et pourquoi pas, en fin d’année, à la cursive. Je veille à toujours relire le texte avec l’enfant avant de l’envoyer.
PhT : Pourquoi Twitter ? On pourrait publier sur un blog ?
CL : J’ai testé les pages internet, ça demande pas mal de préparation en amont : prendre la photo avec un appareil numérique, la charger sur l’ordinateur, la redimensionner avec un logiciel de retouche d’image, la transférer sur le site, ouvrir un cadre de texte avec plein de boutons partout… On peut se demander si l’énergie dépensée n’est pas disproportionnée par rapport au rendu pédagogique. Notre charge de travail est importante, nous devons gérer finement le temps pour pouvoir tout faire ou s’en rapprocher !
Avec la tablette, je prends la photo, je la recadre dans la foulée pour couper les visages des enfants, je présente la photo à la classe dessus et je clique sur le bouton « Twitter » : le cadre de texte s’ouvre, un enfant saisi sur un coin de table près de moi… Cette facilité d’utilisation me permet d’en faire un rituel léger qu’on a plaisir à retrouver, renouveler.
PhT : Tu ne publies pas de visages d’élèves ?
CL : Non, il y a toujours des familles qui ne le souhaitent pas. Et il ne s’agit pas de montrer comme les enfants sont tout mignons craquants, il s’agit d’ouvrir notre classe maternelle aux familles et par ce biais de structurer les apprentissages et les langages oral et écrit.
PhT : Et l’évaluation ?
CL : Comme d’habitude dans notre classe, un brevet témoigne des apprentissages et des progrès de chacun.