Préparer l’agrégation de lettres en e-learning
« Elettra » est un nouveau site dont le but est d’aider les candidats dans leur préparation de l’agrégation de lettres modernes : « ne prétendant pas se substituer aux moyens traditionnels de préparer le concours (cours par correspondance, en université, publications spéciales pour l’agrégation), il se propose cependant d’apporter un appoint d’ordre méthodologique et analytique à votre travail personnel. »
L’aide méthodologique permet d’accéder à des exemples de « travaux authentiques », qui ont été réalisés pendant la préparation des concours précédents, et qui sont accompagnés de commentaires critiques, d’éléments de correction donnés par un universitaire ou un formateur, d’explications sur les défauts du devoir en question, de remarques de méthode. On trouve par exemple des devoirs de didactique sur le naturalisme et sur Pascal, des leçons sur Rimbaud et Montaigne, des explications de textes de Racine et Robbe-Grillet… Le site, amené à s’enrichir, rend aussi accessibles des travaux sur certaines œuvres du programme 2013 de l’agrégation de Lettres modernes, à savoir Madame de Sévigné, Jean-Jacques Rousseau et François Truffaut. Un forum et un blog de « menus propos » sont ouverts.
« Notre objectif, précisent les concepteurs du site, ne sera pas de proposer un cours généraliste mais d’examiner l’œuvre dans ses détails, sous des angles parfois inattendus étant donné qu’une bonne connaissance de l’œuvre dans ses détails est la clé de la réussite au concours. »
Le site « Elettra » :
Ecrire avec Edward Hopper au Grand Palais
Du 10 octobre 2012 au 28 janvier 2013, le Grand Palais organise une importante rétrospective consacrée à Edward Hopper. Nombre de ses tableaux présentent aussi un intérêt pédagogique, tant ils sont susceptibles de stimuler l’imaginaire et l’écriture. Des visites-ateliers pour les scolaires sont ainsi prévues et peuvent être réservées en ligne. Par exemple, l’atelier « Comme un story-board » : « Quand je n’arrivais pas à peindre, j’allais au cinéma pendant une semaine ou plus » expliquait Edward Hopper, qui partage avec de nombreux réalisateurs le goût du plan large, des lumières artificielles mais aussi d’une certaine tension dramatique. Ses peintures sont comme des instants figés de cinéma. Pourquoi ce chien est-il à l’arrêt ? Qu’a vu cette femme de sa fenêtre ? Qu’attend cet homme ? Qui les regarde ? Repartant de quelques œuvres choisies, les adolescents imagineront dans l’atelier un récit qui reliera les scènes et les personnages, comme des auteurs de cinéma. »
Sur le site du Grand Palais :
http://www.grandpalais.fr/grandformat/expo-hopper/
Edward Hopper pour les scolaires :
Exposition : « Ecrivains : mode d’emploi »
De novembre 2012 à février 2013, une exposition au musée de Mariemont se propose d’explorer « la représentation de l’écrivain qui est au cœur de notre patrimoine culturel et de notre imaginaire collectif ». Il s’agira de percevoir comment dans le passé s’est socialement constituée la figure de l’auteur, mais aussi comment aujourd’hui le numérique transforme ses modes d’action et reconstruit son identité. Sont exposées « des œuvres importantes qui ont marqué le temps de certains grands auteurs célèbres (Voltaire, Hugo, Sand, Sartre, Duras ou Céline), des vidéos d’archives et des objets symboliques ou incongrus associés aux écrivains ». Sont aussi mis en lumière « des écrivains moins exposés à la notoriété ou des créateurs contemporains proposant des textes multimédias, interactifs, inédits par le biais d’un numéro spécial de la revue de littérature hyper médiatique bleuOrange (Montréal). » Des ateliers sont organisés pour les scolaires : par exemple en primaire « la poésie pour les Nuls », ou au secondaire « J’écris, tu écris, ils écrivent… : entre blogs, Facebook, journaux intimes, nouvelles, romans, .. ».
Sur le site du musée : http://www.musee-mariemont.be/index.php?id=10413
Cinéma : Non au redoublement de Camille
« Camille redouble » est un film de Noémie Lvovsky, dont on connaît sans doute l’histoire : un 31 décembre, l’héroïne est soudain renvoyée dans son passé, dans ses années-lycée ; elle retrouve ses parents décédés, ses amies, le garçon dont elle est en train de se séparer… Le film, actuellement sur les écrans, reçoit un remarquable accueil, critique et public, dont il y a lieu de s’étonner.
Tant, multipliant les inspirations, les citations, les mises en abyme, il relève non pas de la comédie psychologique comme on se plaît à le dire, mais bien du genre, narcissique et souvent vain, que Serge Daney nommait justement le « cinéma filmé ».
Tant, dans sa reconstitution des années 80 (limitée à la musique, à quelques photos et posters dans une chambre d’adolescente, à des vêtements colorés et vintage,) il relève d’une esthétique en réalité publicitaire et passe à côté de l’époque.
Tant dans les enjeux sociologiques et psychologiques qui auraient pu être les siens, il paraît artificiel et faux. Comment comprendre que les parents, apparemment modestes (mais quel métier exercent-ils donc ?!), habitent une telle maison et ont Barbara comme référence culturelle ? Quand le cinéma français arrêtera-t-il de faire de la piscine un stéréotypé mini-« Grand bleu », le lieu ridiculement symbolique de l’avènement à soi, en particulier de la « naissance des pieuvres » adolescentes ? Comment admettre qu’un beau sujet (se débattre avec le temps) se résume à un lieu commun (retourner dans le passé pour dire à ses parents disparus combien on les aimait) ? … Bref, comme beaucoup de cinéastes, Noémie Lvovsky a négligé de filmer l’essentiel : le travail, celui de la vie, celui de la mémoire, celui du deuil.
Que reste-t-il alors ?
Quelques numéros d’acteur, comme il se doit …
Une intéressante, parce qu’assez dérangeante, mise en danger, mise en tourbillon, des corps : adolescents et adultes, adolescents devenant adultes, adultes happés par l’adolescence.
Une certaine image de l’école, toujours la même. La cinéaste, elle aussi, oscille entre la nostalgie, celle des élèves bien entendu (ah les amitiés adolescentes et les premiers émois amoureux ! ah les couloirs et escaliers du lycée ! ah les boums et le club théâtre !) et la satire, évidemment celle des enseignants, avec les figures convenues du « salaud » (le prof de français méprisant et humiliant) et du mélancolique (le prof de physique divorcé). Aucun regard particulier donc, juste de quoi caresser les spectateurs dans le sens des caricatures.
Une leçon enfin, de résignation : toute l’expérience de l’héroïne l’invite (et nous convie) à accepter ce qui doit advenir. Un cliché de plus, une désolante morale fataliste.
Ce film régressif plaît peut-être parce qu’il l’est. Il est alors un triste symptôme de l’époque. Et si plutôt que de retourner dans le passé pour chercher à déconstruire l’avenir on s’emparait du présent pour s’inventer encore du temps ? Et si, comme beaucoup d’études avisées nous le proposent, on mettait fin au redoublement ? Et si Camille, et la France avec elle, passait en classe supérieure ?