Sébastien Sihr : « Pour faire évoluer l’Ecole, la sérénité et la créativité des enseignants est nécessaire. Il faut la reconstruire ensemble. »
Il a dix ans, certains s’étaient dit : « quelle drôle d’idée ? ». Dix ans après, tout le monde se dit « quelle bonne idée ! ». C’est avec cette phrase que le nouveau secrétaire général, Sébastien Sihr, dont le visage est encore largement inconnu des participants, ouvre les travaux de la Xe édition de l’université d’automne du SNUipp, aux cotés de Judith Fouillard et Marianne Baby, co-secrétaires générales.
« Dans un contexte d’attaques contre le métier, comment donner aux enseignants le moyen de développer un travail de qualité ? «Notre pari de l’intelligence et de l’éducabilité de tous n’est pas nouveau, mais un sacré défi à concrétiser au jour le jour, qui fait la ligne de force de notre engagement professionnel et notre projet syndical, dans une école qui bute encore sur la difficulté de ces dix à 15 % d’élèves, dans un système injuste et inégalitaire, dans lequel la réussite des parcours scolaires est encore trop corrélée au fait d’être bien né. Une école plus juste et plus efficace, c’est le sens de la clôture de la session par Marcel Crahay. »
Mais comment faire mieux d’école avec 9000 postes d’enseignants supprimés à la prochaine rentrée pour 4000 élèves supplémentaires ? Le secrétaire général du SNUipp prend à témoin l’actualité : plusieurs rapports viennent de confirmer que le ministère « ne prépare pas l’avenir » et que les réformes sont inefficaces, surtout si l’accompagnement des enseignants n’est pas mis en œuvre. Alors que l’école primaire est un maillon essentieldéterminant, comment expliquer que notre pays lui donne en moyenne 15% de moyens en moins que dans les autres pays développés ? Comment comprendre le silence assourdissant sur l’éducation prioritaire, la baisse de la scolarisation des petits, la mise à mal de la formation initiale et continue ?
« Quand l’école est déstabilisée, l’engagement de tous dans le mouvement social montre la volonté de défendre les retraites, mais aussi d’engager une action pour défendre un autre budget, une autre politique éducative. Mais à elle seule, la dotation budgétaire ne fait pas tout. La question du « comment » faire mieux d’école, améliorer le climat scolaire n’est pas suffisamment posée. Il faut « forcer la porte » pour tirer un fil qui permettre de repenser la transformation de l’école, dans toutes ses dimensions : équipements, conditions concrètes d’exercice, accompagnement des élèves, estime de soi des élèves et des maîtres, les enseignants ont besoin de retrouver de la sérénité pour avoir le sentiment de bien faire son travail. Il doit en retrouver les ressources, dépasser le constat de souffrance après des années d’injonctions et de prescriptions qui empêchent de bien faire son travail. L’Ecole n’évoluera pas à coup de prescription, mais dans la capacité de donner aux enseignants la capacité d’être des acteurs sereins, créatifs, qui retrouvent la main dans leur pouvoir d’agir professionnel. Plus de travail collectif, d’organisations diversifiées, c’est essentiel. Cela passe par des moyens en crédits et en recherche. C’est pour cela que malgré tout, nous sommes fiers de vous offrir ces trois jours pour aider à faire levier.