par Fred Yvetot
La mondialisation a encore frappé
Écrit à plusieurs mains (appartenant à différents chercheurs francophones), ce livre est issu d’un colloque qui s’est tenu à Paris en juin 2008. Pourquoi ce colloque ? Pour dresser un état des lieux de l’édition d’enfance et de jeunesse sur les territoires francophones hors de France dans le contexte passé et encore actuel de la mondialisation éditoriale. Et cet état des lieux est établi à l’aide d’exemples, d’analyses et d’études de cas, principalement au Québec, en Europe (dans les pays voisins de la France) et en Afrique. Il faut le reconnaître, cette mondialisation éditoriale a eu le mérite d’augmenter la production de titres de jeunesse mais cela s’est aussi souvent accompagné d’une standardisation des contenus. (Mais si ! Tous ces livres que nos élèves nous réclament, ces hits qu’ils lisent et relisent et qui sont constamment empruntés, à tel point que certaines fois on les lit rien que pour savoir ce qui peut bien tant animer nos chers petits). Le processus de mondialisation est en route depuis bien longtemps, il n’y avait pas de raison que l’édition de jeunesse francophone y échappe ! Mais tient-elle le coup face à ces titres calibrés pour être commercialisés aux quatre coins du globe ? Et comment fait-elle ? Voilà en résumé ce à quoi tente de répondre ce livre. Et c’est intéressant de découvrir comment elle se débrouille et de voir quels sont les enjeux derrière tout ça…
Etat des lieux
Au nord, l’édition de jeunesse est plus ou moins en difficulté et, suivant les cas, choisit de restreindre la diffusion de ses titres (en se spécialisant par exemple) ou au contraire tente de l’élargir le plus possible (se « blockbusterise »… ?). Bref, elle évolue et adopte de nouvelles stratégies pour ne pas se faire manger par plus gros qu’elle et pour continuer à exister. Au sud, elle débute et balbutie. Elle subit la concurrence étrangère, se heurte aux goûts du public, est aidée par les politiques du livre engagées ou au contraire ne bénéficie pas de ce coup de pouce, propose de titres de qualité ou à l’inverse propose des titres… « tout court ». Et que la situation soit difficile (guerre, misère…) ou non, l’édition de jeunesse y est fragile… et pourtant, il y a du potentiel ! Autant en terme de lectorat que de vivier créatif, les initiatives sont là… il n’y a plus qu’à.
Biblio-quoi ?
Mais pourquoi cette édition de jeunesse francophone est-elle si importante ? Et pourquoi faut-il qu’elle se développe ? A cause de la « bibliodiversité » ! Parce que, de par ses choix de diffusion et ses contenus et parce qu’elle progresse et existe toujours, elle participe ou du moins participerait à la « bibliodiversité ». Voici un joli mot pour dire que les contenus qu’elle propose aux lecteurs sont divers et variés, multiples, pluriels et aussi de qualité. « Chaque livre est une ouverture […] Car les lecteurs sont tous différents. Chaque livre cherche son lecteur, et chaque lecteur cherche son livre ». Ces phrases ne sont pas tirées du livre sur l’édition de jeunesse francophone mais elles expliquent simplement pourquoi la bibliodiversité est nécessaire.
Jean Foucault, Michel Manson et Luc Pinhas (sous la direction de). L’édition de jeunesse francophone face à la mondialisation : actes du colloque / organisé par l’université Paris 13 et la MSH Paris-Nord les 26, 27 et 28 juin 2008. l’Harmattan (Références critiques en littérature d’enfance et de jeunesse), mars 2010. 29 €
Éloge de la lecture
La citation ci-dessus est justement issue de ce petit album… d’une maison d’édition de jeunesse francophone basée en Suisse, La joie de lire. Parce que c’est bien beau de vouloir développer ces éditions francophones mais pourquoi lire, après tout ? Si vous avez besoin de vous rafraîchir la mémoire ou si doutez (c’est possible ?), jetez donc un œil à ce petit livre à la couverture rouge peuplée de petits personnages. Parce que de bonnes raisons de lire, il y en existe ! C’est un plaisir ou c’est utile, ça nous emmène loin ou nous rappelle notre environnement proche, cela nous fait découvrir les autres ou nous-mêmes… il y en a plein. En voici déjà 101, brièvement énoncées et chacune accompagnée d’une illustration de Guillaume Long. Et elles apportent un plus ces illustrations, une petit touche d’humour, un brin de légèreté (on comprend combien il est utile de savoir lire les panneaux quand on voit son petit chaperon rouge…). A travers ces différentes raisons, quelques fois farfelues, le livre aborde tout simplement les différents enjeux de la lecture. Il est conseillé à partir de 6 ans, mais il est aussi pour tous et il mérite bien sa petite place dans nos rayonnages… rien que pour contrer les fameux « j’aime pas lire » que l’on entend quelques fois.
Béatrice Masini et Guillaume Long. 101 bonnes raisons de se réjouir de lire . La joie de lire, septembre 2009. 10€