Par Adeline Buisson
Je bouquine
Cette année, le site WebLettres s’associe à Je Bouquine pour proposer des pistes pédagogiques à toutes les classes de collège souhaitant participer au concours des jeunes écrivains 2010. Cette année, l’auteur, Laurent Gaudé, propose le début d’une histoire intitulée « Le sursaut » et les enfants doivent en écrire la suite. Le texte initial se veut « ouvert » pour offrir aux concurrents de nombreuses pistes à exploiter.
Extrait :
« Cela faisait cinq jours que le vieil homme s’était alité. Il était si maigre que sa fille, Jeanne, qui lui donnait à manger deux fois par jour d’un simple bol de soupe, arrivait à le relever d’une seule main pour lui porter la cuillère aux lèvres.
Le vieux Fosquin devait avoir dans les soixante ans. L’imminence de sa mort ne surprit personne au village. Ses trois fils avaient pris l’habitude de revenir le soir des champs en posant toujours la même question à leur sœur : “Alors ?” Et tous les soirs, Jeanne faisait signe de la tête que non. Le temps passait et le vieil homme ne voulait pas mourir. Il continuait à perdre ses forces, à maigrir, mais il tenait.
Au bout de dix jours, les habitants du village finirent par trouver cela presque inconvenant. On avait déjà fait venir le curé deux fois pour l’extrême-onction et même si personne n’aurait osé le dire, il en était beaucoup pour penser que le vieux Fosquin devait lâcher prise et accepter de “passer”. D’autant qu’il y avait des bruits, de plus en plus pressants, qui disaient que la guerre était pour bientôt. Il n’y aurait pas de place dans ce monde de tourments et de lutte pour les vieillards moribonds.
Puis, au premier jour du mois d’août, ce fut la mobilisation. Le tocsin sonna. Le village fut en ébullition. Dès les jours suivants, la saignée commença : les hommes quittaient leur champ, laissant à leur épouse ou à leurs fils – de grands gamins dégingandés au regard ahuri – la responsabilité de la ferme. Ils montaient dans des trains ou des charrettes qui les emmenaient plus au Nord. Ils disaient au revoir de la main, le visage inquiet et les gestes lents. Tout le village plongea dans le silence et la première nuit sans les hommes fut froide comme un courant d’air. »
Comme chaque année, un jury départagera les milliers de textes soumis au vote. L’auteur chosira en dernier lieu les trois textes gagnants. De nombreux lots seront remis en mars 2010 au moment du salon du Livre. Ce sera l’occasion d’une rencontre entre les lauréats et l’auteur. Les trois auteurs primés seront publiés dans Je Bouquine et sur WebLettres.
Toutes les informations, ainsi que des pistes pédagogiques (rubrique Et pourqoi pas ?) pour les enseignants et des textes visant à susciter l’inspiration (rubrique Textes-échos) sont mises à disposition sur le blog du concours, géré par Weblettres.
Inscription à partir du 1er octobre 2009. Date limite de partiicpation le 11 décembre 2009.
Lire le début de l’histoire par Laurent Gaudé :
http://www.je-bouquine.com/concours_JB10/texte.htm
Blog du concours :
http://www.weblettres.net/blogs/?w=jebouquine
10e anniversaire des Mots pour voir
A l’occasion du 10e anniversaire de son concours Des Mots pour voir, Christian Perrier a accepté de répondre à quelques questions pour le Café.
Découvrez la magnifique et intrigante affiche de la nouvelle session du concours !
Cette année est un cru exceptionnel pour le concours. 10 ans déjà ! Comment expliquer un tel succès pour un concours d’écriture à une époque où les jeunes semblent délaisser l’écrit ?
C.P. : Je pense que l’audience du concours s’explique par deux facteur s : le passage exclusif par internet qui nous permet de toucher des milliers de participants potentiels et le caractère unique de cette proposition qui associe l’image et le texte.
Quelles sont les nouveautés du concours cette année ?
Cette année le concours se déroulera avec le support de trois séries de photographies de Delphine Balley. Pour deux de ces séries, chaque photographie est « illustrée » par une légende : les participants devront intégrer cette légende dans leur texte. Par ailleurs les consignes offrent cette année toute liberté pourvu qu’on tienne compte de l’image en tant qu’image. Voir :
http://www.imageimaginaire.com/imageimaginaire/quoi.htm
Pourquoi avoir choisi les œuvres de Delphine Balley comme support du concours cette année ?
A cause de l’humour parfois grinçant qui se dégage des images et aussi parce que les « mises en scène » auxquelles se livre Delphine Balley sont finalement très littéraires, j’entends pas là qu’elles se prêtent assez bien à une glose narrative qui viendrait les amplifier.
N’avez-vous pas peur d’heurter certaines sensibilités avec ces photographies d’inspiration tantôt fantastique, tantôt noire ? Les habitués du concours avaient plutôt l’habitude d’œuvres picturales plus… classiques.
Voir la réponse précédente. Il est clair que certains seront déconcertés mais faut-il ne proposer aux élèves que de la guimauve, des valeurs établies ou de l’artistiquement correct? Les productions contemporaines, quand elles ont une certaine force, bousculent forcément les habitudes. Je pense qu’il n’est pas mauvais que les jeunes se frottent à cette nouveauté.
Quels sont, selon vous, les secrets de la longévité d’un tel projet culturel ?
Je ne suis pas dépositaire de secrets de longévité (hélas). Je préfère dire que si nous avons « tenu le coup » jusque là c’est à cause de l’engagement de tous ceux qui ont soutenu le concours, je pense notamment au soutien des IPR de l’académie, à l’assiduité du jury qui comptera cette année 48 membres de tous horizons (professionnels et géographiques) et aussi au soutien matériel très effectif de la direction des technologies du ministère, de l’Académie d’Orléans-Tours et de la Région Centre.
Concours « Des mots pour voir » du 15/09/2009 au 29/03/2010
http://www.imageimaginaire.com