Par Jeanne-Claire Fumet et François Jarraud
Les 9èmes rencontres sur les Nouvelles Pratiques Philosophiques se dérouleront à Paris, à l’Unesco, les 18 et 19 novembre. Michel Tozzi, qui pilote le comité d’organisation, veut bien en fixer les enjeux.
Les 18 et 19 novembre se tiendront à Paris, au siège de l’Unesco, les Neuvièmes rencontres sur les nouvelles pratiques en philosophie. La philosophie étant un enseignement de tradition ancienne, c’est quoi les « nouvelles pratiques » ?
D’abord des pratiques se tenant hors des lieux traditionnels de l’enseignement de la philosophie, c’est-à-dire la classe terminale des lycées, les classes préparatoires, l’université académique…
On les trouve en France :
– dans la cité : café philo, médiathèques, universités populaires, entreprises… Il y a aussi des consultations philosophiques.
– A l’école, en particulier dans le primaire, mais aussi le collège. Il y a des expériences en lycée professionnel.
Pour connaître toutes ces expériences, voir la revue publiée par le CRDP : www.crdp-montpellier.fr/ressources/agora/
Où en est-on du déploiement de ces pratiques en France ?
M. Lipman aux USA a lancé le mouvement dans les années 1970… La France s’y est mise tardivement, et il existe plusieurs courants. Ces pratiques se développent de plus en plus en France : depuis 1992 avec les cafés philos, depuis une douzaine d’années dans le primaire, depuis 2002 dans des Universités populaires. Il y a pour les enseignants des formations en IUFM, en circonscriptions du primaire, dans des associations.
Que répondre à ceux qui vous disent qu’avec des enfants ce n’est plus de la philosophie ?
Qu’ils ont une certaine conception de la philosophie héritée de l’histoire de la philosophie et de l’enseignement de la philosophie en terminale. Ce n’est pas la seule possible. Les enfants sont capables de réfléchir dès qu’on leur ouvre un espace d’interrogation, de parole, de discussion, conduit avec des exigences intellectuelles. Tous les praticiens sont étonnés de ces potentialités, insoupçonnées parce qu’on ne les croyaient pas possibles.
Voir des articles sur la question sur le site : www.philotozzi.com
A-t-on une idée de l’impact sur le cursus scolaire de ces enfants ? Cela apporte-il une aide ou cela participe-t-il des moyens qui permettent à l’Ecole française de trier ses élèves ?
Certaines recherches universitaires dans le monde et en France montrent le progrès des enfants en raisonnement logique, conceptualisation, et aussi estime de soi. Il y a un fort développement de ces pratiques avec les élèves en difficulté (zones sensibles, Segpa), motivés parce qu’on les fait discuter sur des questions brûlantes qu’ils se posent, avec un usage dominant de l’oral qui les bloque moins que l’écrit. Un langage sophistiqué n’est pas un préalable pour exprimer une pensée ; il permettra, comme la culture philosophique, d’aller plus loin…
Les Rencontres sont internationales. D’autres pays sont-ils aussi engagés dans cette voie ?
Certains romans philosophiques de M. Lipman sont traduits en vingt langues. J’ai fait une synthèse mondiale pour l’Unesco sur la philosophie à l’école primaire : hormis les pays arabes (mais je vais lancer une expérimentation en Tunisie), et l’Afrique noire francophone, il y a nombre d’expériences menées. Le Luxembourg va mettre la philosophie dans ses programmes du primaire. Voir le site de l’Unesco :
http://portal.unesco.org/shs/fr/ev.php-URL_[…]
Qu’attendez vous de cet événement ?
Depuis 2001, nous organisons un colloque (à l’origine à l’INRP). Il est devenu international, appuyé depuis quatre ans par l’Unesco, qui encourage fortement ces pratiques dans le monde. C’est l’occasion de réunir plusieurs centaines de personnes pour faire le point sur ces pratiques à l’école et dans la cité, assister à des discussions avec des adultes et des enfants, avoir des comptes rendus d’expérience de terrain et de formation sur la question, s’informer sur les recherches menées…
On peut avoir toutes les informations sur le colloque avec son site. Entrée gratuite…
Michel Tozzi,
professeur émérite en sciences de l’éducation à l’université Montpellier 3
Le programme