Par François Jarraud
Jeudi 24 janvier, à Paris, les enseignants composaient la majorité du cortège de manifestants. Si le nombre de fonctionnaires en grève était inférieur le 24 janvier au 20 novembre, celui des enseignants s’est maintenu. Selon le ministère 34% des enseignants étaient en grève (contre 39% en novembre), 54% selon les syndicats (contre 61%).
Le Snuipp évoque une « forte mobilisation ». Pour le syndicat, » les annonces du ministre de l’éducation nationale, en matière de réécriture des programmes, du système d’évaluation, de publication des résultats école par école, de la remise en cause de la laïcité ou du droit de grève avec le service d’accueil minimum, soulèvent inquiétudes et exaspération. Le report des opérations de carte scolaire après les élections municipales confirme la volonté du gouvernement de masquer, en pleine campagne électorale, les insuffisances d’un budget qui ne permet pas de faire face à la hausse du nombre d’élèves, de mettre en place «Plus de maîtres que de classe » et d’améliorer la formation des enseignants ». Pour la Cfdt, François Chérèque estime qu’il, « est également temps que l’on parle des professeurs, de leur carrière, de leur avenir. Il n’est pas normal qu’après cinq ans d’études, un prof soit moins bien traité qu’un ingénieur du privé ».
Dépêche AFP
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Les motifs d’une grève
Evidemment les suppressions de postes, le blocage salarial, qui motivent le conflit, seront sur le devant des cortèges. Les tentatives pour encadrer la grève, à travers le service minimum, la menace de renforcer la législation sur ce point ne sont certainement pas de nature à apaiser les tensions.
Mais bien d’autres éléments ont influencé les enseignants. A commencer par la crise des valeurs qui se manifeste entre enseignants et gouvernement. Ce n’est pas seulement le mode de vie monégasque du chef de l’Etat, passablement éloigné des valeurs du corps professoral. Les déclarations de N. Sarkozy sur l’importance qu’il accorde aux valeurs religieuses mobiliseront également contre le gouvernement. Après le Snes, le Snuipp, le Se-Unsa, ce sont maintenant les chefs d’établissement du Snpden, qui manifestent leurs inquiétudes devant des propos qui remettent en question la morale laïque.
Les enseignants peuvent aussi avoir le sentiment de voir les problèmes d’éducation leur échapper. Que le gouvernement multiplie les chantiers et les missions pose déjà la question du changement. Mais le pire c’est peut-être le sentiment de dépossession qui est ressenti. Les enseignants peuvent avoir le sentiment que n’importe qui peut préparer une réforme de leur métier. N’importe qui, sauf eux les principaux intéressés. Ainsi c’est au Syntec que sera confiée officiellement la réflexion sur les tice. C’est la commission Attali qui s’exprime sur l’avancement des profs. C’est une certaine presse qui veut refaire les manuels scolaires.
Cette déqualification relative est difficilement conciliable avec le changement. Il est sans doute déjà difficile de faire accepter une réforme quand elle n’est portée par aucune conséquence financière positive. Cela reste-il possible quand les enseignants ne sont pas associés aux réflexions sur leur propre métier ?
Service minimum : Darcos menace
Si ça ne marche pas, j’irai « peut-être plus loin, en particulier en demandant aux professeurs de se déclarer grévistes deux jours avant » a déclaré le ministre de l’éducation nationale le 20 sur Canal +. D’après lui 370 villes ont accepté le système de service minimum. Paris, en tous cas, a refusé. Dans une lettre au ministre, le maire de Paris fait part de son intention de ne pas signer la convention. « A l’instar de nombreux élus de toutes sensibilités politiques, il me semble inconcevable de « sous-traiter » à une commune une responsabilité légale de l’Etat » déclare-t-il. Il rejoint là la position de l’Association des maires de France et de l’Andev.
Dépêche AFP
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La dossier du Café
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La Peep fait pression sur les municipalités pour qu’elles mettent en place le service minimum
» Un ou plusieurs membres de L’APE peuvent se proposer nommément pour accueillir les enfants « orphelins de professeurs » ce jour-là. Il est nécessaire qu’un adulte encadre 15 enfants pour le niveau du secondaire, 12 enfants pour les écoles élémentaires et 8 pour les écoles maternelles ». La Peep, seconde association de parents d’élèves, franchit une nouvelle étape en s’engageant aussi nettement en soutien gouvernemental. Alors que le service minimum est largement rejeté par les municipalités, peu soucieuses de remplacer l’Etat et de se mettre à dos les enseignants, la Peep invite ses associations locales à contacter les municipalités pour demander le service minimum. La pression peut en effet être décisive en période électorale.
La Peep prend ainsi certains risques. Elle risque d’apparaître comme une organisation politisée. D’autre part ses propositions semblent aventureuses. Il y a peu de chance que les municipalités acceptent ces offres de personnel absolument pas formé pour encadrer des groupes d’enfants. Il n’est pas certain que les assurances que la Peep a souscrites pour ses membres les mettent et mettent l’association à l’abri de poursuite. Dans tous les cas de figures.
Communiqué Peep
http://www.peep.asso.fr/upload/pdf/vademecum-service-minimumAPE.pdf
Service minimum : Moins d’une commune sur dix séduite par le ministre
Le ministère met enligne une carte interactive permettant de localiser les communes ayant accepté de mettre en place un service minimum pour la grève du 24 janvier. Or sur 22 492 communes ayant une école, seulement 1750 ont signé une convention avec le ministère. Cette réticence des communes ne concerne pas que les municipalités de gauche. L’Association des maires de France , pourtant présidée par un élu UMP, a manifesté son opposition au plan ministériel.
Communiqué MEN
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Sur le Café, le service minimum embarrasse les communes
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