Par F Jarraud
Ca paraît déjà loin. Il y a un an Gilles de Robien lançait une croisade pour la méthode syllabique et se heurtait, petit à petit, à la communauté scientifique. Un an après,à l’occasion d’un colloque, les chercheurs tentent de comprendre ce qui est arrivé et ce qui leur est arrivé.
C’est une drôle de table ronde qui s’est tenue à Lyon le 8 décembre. Un an après la révolte et la crise fomentées par Robien sur la lecture, une partie des acteurs se retrouvaient pour essayer de comprendre ce qu’il s’était passé. Se retrouvaient ainsi R. Goigoux, Nicole Geneix, Franck Ramus, tous pris à partie dans l’épisode Robien.
En apparence la crise est loin derrière. X. Darcos a pris soin de rassurer els enseignants sur leur liberté pédagogique et de se bâtir une image de ministre proche des enseignants. Les errements de Robien apparaissent maintenant rue de Grenelle comme des excès. Du temps même de Robien, l’administration de la rue de Grenelle avait su digérer le discours ministériel pour produire des textes qui en annulaient le coté déraisonnable. La dernière circulaire sur la lecture en est un bel exemple. On se rappelle qu’en 2006, Gilles de Robien avait su laisser croire qu’il bénéficiait d’un fort courant scientifique dans sa promotion de la méthode syllabique. Aussi les scientifiques présents à Lyon ont pu échanger sur les éléments de la crise. Généralement, les chercheurs ont compris qu’il fallait se méfier des médias ou mieux les utiliser. C’est sur le dos des médias et d’Internet que la réconciliation s’est faite.
On aurait pourtant probablement tort de croire que la crise est dépassée. D’abord parce que les mauvais résultats de l’école française aux études Pirls et Pisa sollicitent le public. A lieu de se demander pour qui les résultats baissent, il veut légitimement comprendre pourquoi ils baissent. Ce qui ouvre la voie à des « explications » parfois polémiques. Surtout, le vrai résultat de Robien c’est la promotion de réseaux et d’un style médiatique.
Le discours médiatique sur l’Ecole a changé. C’est devenu un show prometteur et surtout bien rodé dans ses dénonciations et ses postures stéréotypées (le pédagogue contre le conservateur). Les seuls médias où on peut encore vraiment parler sérieusement de l’Ecole , ce sont maintenant ceux qui appartiennent aux enseignants comme la presse syndicale ou le Café. Partout ailleurs le discours irréel des conservateurs l’emporte. Cela n’est pas sans rapport avec les réseaux conservateurs. C’est là le second héritage de Robien. Sous son règne, les lobbys conservateurs ont pu se développer sans risquer, même dans les pires attaques, d’avoir des comptes à rendre. Or un discours popularisé et des réseaux : ce sont déjà deux ingrédients de pouvoir.
Si Robien a échoué à faire passer ses idées dans la réalité scolaire, il a réussi à rapprocher du pouvoir son courant de pensée. Il convient sûrement aux enseignants de développer de nouvelles capacités médiatiques. Et d’abord de s’adresser aux parents.
Le colloque d eLyon
http://www.inrp.fr/INRP/formation-de-formateurs/catalogue-des-[…]
Le colloque dans le numéro 88
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lenseignant/primaire/elemen[…]