C. Froidure
Mappemonde
Le numéro 88 est paru en décembre 2007. Parmi les articles à signaler, deux abordent la géographie du sport.
*Le premier de Raffaele Poli, rattaché entre autres aux universités de Franche-Comté et de Neuchâtel, étudie les migrations des footballeurs. Pour l’auteur, les transferts ont bien évidemment des raisons économiques mais il envisage une approche complémentaire, celle de l’approche relationnelle par laquelle des « espaces sont mis en relation par différents types d’intermédiaires qui se trouvent à la base de la création de canaux migratoires ». Dans les 5 grands championnats étudiés (France, Angleterre, Italie, Espagne, Allemagne), le nombre de joueurs étrangers à augmenter depuis 1995, notamment celui des non-européens ce qui fait dire à Raffaele Poli que s’est mis en place une nouvelle division du travail. Les destinations de ces footballeurs sont géographiquement orientées (européens de l’est en Allemagne, Africains en France…) ce qui ne peut s’expliquer que par des facteurs relationnels entre territoires et acteurs.
En effet, l’existence de réseaux, de connaissances, de liens historiques, linguisitiques tendent à supplanter ou du moins à être aussi important que l’aspect purement sportif : on peut parler alors de notion d’opportunité relative et relationnelle permettant d’identifier des « canaux migratoires prioritaires » évoquées plus haut mais ces dernières années, une forme de transnationalisation émerge.
L’exemple des footballeurs africains illustre ce phénomène : arrivant prioritairement en France (pays plate-forme), ils quittent celle-ci (pays tremplin) attirer par les euros sonnant et trébuchant de la Premier League (pays d’aboutissement). Cette forme de migration de travail ascendante (plus forte rémunération, prestige supérieur du club ou du championnat) permet aux intermédiaires de dégager de la valeur ajoutée lors de chaque transaction (le cas du parcours de Michael Essien est parlant) et permet de voir une superposition entre les flux des footballeurs et les réseaux des intermédiaires).
*Un autre article a trait à la géographie du sport : la métropolisation du sport professionnel en Europe et en Amérique du Nord, une approche comparative. Ici au travers de deux modèles d’organisation des sports professionnels, Boris Helleu et Christophe Durand pointe un résultat commun : une métropolisation de l’activité sportive.
En Amérique du Nord, les 4 sports majeurs s’organisent en ligues majeures fermées, sans relégation permettant un retour sur investissement régulier. Les franchises se concentrent dans les grandes villes et disposent pour beaucoup d’un monopole d’activité dans un rayon assez large, seules les villes de plus de 4 millions disposent de franchises du même sport (New-York, Los Angeles) s’expliquant par la taille du marché mais aussi par l’hétérogénéité des metropolitan statistical area. Les modifications du nombre de franchises n’est possible que déménagement de l’une d’entre elles ( ce qui donne au propriétaire une influence forte sur les autorités municipales : déménagement annoncé des Supersonics de Seattle vers Oklahoma) ou la création d’une franchise pour étendre le marché de la ligue.
En Europe aussi on assiste à une métropolisation dans le football et au renforcement des plus grandes villes et des clubs les plus prestigieux (Madrid, Milan, Porto, Munich….) « dans un contexte libéral. Les changements de format de la compétition reine, la Champion’s league ont participé à cette métropolisation en multipliant les rencontres, donc en diminuant l’incertitude des plus grands clubs plus aptes à s’imposer sur la durée. C’est ainsi que les auteurs notent depuis la réforme de 92 une diminution du nombre de clubs et de villes accédant aux quarts de finale de la compétition corrélée à la présence solide des villes de plus de deux millions d’habitants et leurs victoires régulières.
Le modèle américain concluent les auteurs n’a pas vocation à changer ; en Europe par contre, un choix se pose entre le modèle actuel encore ouvert ou le modèle américain plus ou moins appelé de ces vœux par le G14.
*L’image du mois est particulièrement intéressante il est question de la limite Nord/Sud que tous les enseignants de géographie ont déjà employé, utilisé, questionné. Vincent Capdepuy se pose la question de la naissance de cette coupure présente sur la plupart des planisphères thématiques. 1980 est identifiée, date de remise par Willy Brandt du rapport « Nord-Sud : un programme de survie » par une commission indépendante et l’auteur de rappeler la genèse de ce rapport. La couverture de celui-ci représentant la coupure Nord-Sud, fait l’objet d’une analyse qui relève la contribution majeure de cette représentation : le tracé d’une ligne pour séparer les deux ensembles. Or, il semble que cette ligne, figée depuis son dessin, ne soit plus aussi opératoire si l’on prend en considération l’IDH : Vincent Capdepuy explique ainsi que des pays du situés au Sud (Argentine, EAU) ont maintenant un IDH supérieur à celui de pays du Nord (Ukraine, Roumanie). Il ajoute que cette ligne coupant le monde en deux a pris le relais de la division Est-Ouest et constitue une ligne de coupure entre « nations dominantes et nations dominées » sur laquelle, remarque-t-il, ont été édifiées quelques-uns des remparts (Ceuta, mur Etats-Unis/Mexique) entre Nord et Sud.
Hérodote n°127 : géopolitique du tourisme
Phénomène mondial, le tourisme fait l’objet ici d’une étude sous l’angle de la géopolitique dans la mesure où il est susceptible de « recomposer les rapports humains sur la planète ». Différents espaces font l’objet d’un article : le Maroc, la Turquie, Madagascar, l’Antarctique ; le Timor-oriental.
http://www.herodote.org/article.php3?id_article=305
Education et formations n°76, 201 pages
« L’originalité de ce numéro de la revue Education-formations tient à son ancrage disciplinaire. C’est en effet à un voyage au cœur de l’histoire-géographie que le lecteur est convié. Toutes les composantes de la discipline, histoire, géographie, éducation civique, tous les niveaux d’enseignement, du cours préparatoire au baccalauréat et toutes les voix, générale, technologique et professionnelle, sont envisagés. »
En effet, c’est une publication rare que nous offre Education et formations.
L’ensemble du numéro est dédié à l’histoire-géographie. Il aborde ces disciplines en multipliant les angles. On s’intéresse ainsi à la formation des professeurs mais aussi à l’histoire des disciplines, aux pratiques d’enseignement, à l’utilisation des Tice et même au point de vue des élèves sur ces disciplines. On dispose au final d’un audit sur ces enseignements.
Impossible de retranscrire tous les enseignements de ces dossiers. Début 2007, quand les premiers travaux sur les pratiques sont sortis (ils sont repris dans ce numéro), on signalait l’écart entre ce que perçoivent les élèves et ce que les professeurs pensent faire. « Alors que 40% des enseignants pensent passer moins de 20 minutes à parler et un tiers moins de dix minutes, 82% des élèves ont l’impression de passer leur temps à écouter le prof (alors qu’ils préféreraient travailler en groupe)… L’écriture autonome des élèves est peu développée. La moitié des professeurs n’ont jamais recours à la prise de notes, 34% y ont parfois recours. Ce qu’aimeraient faire les élèves c’es d’abord utiliser davantage l’ordinateur. Or 85% des élèves disent que cela ne leur arrivent jamais. »
C’est l’occasion de signaler l’article de S.Genevoix et P.Meriaux qui analysent les usages des Tice. « Mais il y a peu d’exemples encore où les enseignants font un usage raisonné, didactisé et critique des Tice. »
Le sommaire de la revue.
http://www.education.gouv.fr/pid20165/sommaire-numero.html
L’Expresso du 5 avril 2007.
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/0[…]