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Le FFFOD (Forum français pour la formation ouverte et à distance) organisait jeudi 1er février une après midi d’études autour des « Tic, Foad et alternance ». Trois exposés, retraçant des expériences et des contextes différents ont planté le décor pour une table ronde éclairant l’évidence du lien entre la Foad et l’alternance.
Les principes de la formation en alternance La formation en alternance s’appuie sur un rythme entreprise/centre de formation où l’acquisition des savoirs et des savoir-faire se fait dans l’un et l’autre lieu. Pour assurer une progression pédagogique fluide, il s’agit d’assurer à la fois une complémentarité entre les savoirs acquis dans les deux lieux et une communication entre les structures, représentées par le tuteur (ou maître d’apprentissage) dans l’entreprise d’accueil et le formateur pour le centre de formation. L’organisation de l’alternance se produit bien souvent autour de phases thématiques, incluant période en entreprise et période en centre. Pour chaque phase, l’apprenant réalisera des activités en entreprise, encadrées par le tuteur, exploitées par la suite en centre avec les formateurs. Le centre de formation doit également veiller à ce que les apprenants acquièrent les savoirs nécessaires pour l’obtention du diplôme, quelque soit leur entreprise d’accueil.
La formation en alternance recouvre deux dispositifs différents : le contrat d’apprentissage, qui ressort de la formation initiale et le contrat de professionnalisation, qui appartient au système de la formation continue professionnelle. Chacun répond à des règles juridiques différentes, en ce qui concerne la durée totale, la durée minimum de formation en centre et la rémunération. Cependant, tous les deux ne trouvent de réussite que si au minimum deux ingrédients sont réunis : une alternance cadrée par une progression pédagogique et une bonne communication entre les trois acteurs, le tuteur, le formateur et l’apprenant.
La gestion de l’alternance en ligne La première expérience, présentée par Xavier Morel, du CFA d’Arras, concerne un dispositif de gestion en ligne de l’alternance pour des formations dans le secteur automobile de niveau CAP et BEP. Depuis 1987, avec le Minitel, puis Internet, les technologies de la communication servent de support au CFA d’Arras pour améliorer le suivi de l’alternance et la communication entre les différents acteurs (tuteur en entreprise, formateur, apprenti).
Un e-portfolio de l’apprenti présente les activités à réaliser pendant les périodes en entreprise, commentées par le formateur. Pour faciliter la communication, chaque acteur, selon son profil accède à une fiche de liaison spécifique. Ainsi, pour le tuteur, l’activité est détaillée en tâches assorties de critères de réalisation qui faciliteront l’évaluation de la réalisation des différentes tâches. Le stagiaire, sur sa fiche de liaison peut s’autoévaluer, et comparer ainsi sa propre perception de sa réussite en entreprise avec l’appréciation de son tuteur. Il s’appuie sur les informations ajoutées par son formateur pour préparer les séquences au centre de formation. Pour le formateur, la fiche de liaison est un moyen simple de suivre l’ensemble du parcours de l’apprenti en entreprise comme au CFA. Il peut par exemple, repérer les besoins de remédiation technique et préparer des séquences adaptées lorsque l’apprenti revient au centre. Il peut mettre en ligne des ressources, des quizz à disposition des stagiaires.
Le système mis en place au CFA d’Arras permet de structurer lisiblement l’alternance autour des activités en entreprise. Il favorise également la communication et le lien entre les trois acteurs. Enfin, il reconnaît pleinement le rôle formateur de l’entreprise en incluant l’évaluation du tuteur dans le parcours de formation de l’apprenant.
L’individualisation des parcours ou la formation à quatre temps Le CFA régional de Bourgogne a choisi de développer l’individualisation des parcours pour ses formations de préparateurs en pharmacie afin de répondre à l’hétérogénéité des publics (du BEP au BTS à l’entrée en formation) et à l’hétérogénéité des pharmacies, entreprises d’accueil. En effet, les officines sont situées sur toute la région Bourgogne. Elles observent des jours de fermeture différents et avec des pics d’activités variables selon le secteur géographique. Le rythme de l’alternance pourrait en pâtir et la disponibilité des apprenants également.
La réponse du CFA, présentée par Olivier Kirsch son directeur, se fonde sur trois principes : le préceptorat en renforçant le rôle du pharmacien dans sa fonction de tuteur, l’utilisation des Tic pour outiller, baliser, alimenter et suivre les parcours individuels et l’adaptation du rythme de formation au rythme de vie de l’officine. La formation se déroule en quatre temps et sur trois lieux différents. La pharmacie est le lieu privilégié d’acquisition de compétences liées aux métiers. Les travaux pratiques complémentaires se déroulent en présentiel, en face à face, au CFA. Les acquis théoriques sont délivrés en formation ouverte et à distance, dans des points relais locaux (47 sur le territoire bourguignon) , par des séquences d’autoformation gérées par plateforme de formation à distance, encadrées par un animateur du relais local et tutorée à distance par un formateur du CFA. Enfin, quatrième temps, les regroupements au CFA, sont dédiés à la remédiation, aux études de cas et aux évaluations. Les parcours individualisés sont définis à partir de tests de positionnement réalisés par les apprentis à leur entrée en formation. Ils sont enregistrés sur la plateforme. Un livret électronique d’apprentissage peut être consulté par les trois acteurs et sert ainsi d’outil de liaison entre l’entreprise et le CFA.
Sur les 400 heures de formation théorique, réalisables à priori au CFA, seules 200 H sont effectuées en face à face présentiel. 120 heures sont consacrées à la formation à distance dans les points relais et 80 heures pour les regroupements. Du côté des formateurs, sur les 400 heures, 40 heures sont consacrées au tutorat à distance et 80 heures au suivi individuel. Ces 80 heures, dégagées par la formation à distance, apportent une amélioration qualitative du dispositif d’alternance. Un audit réalisé par Algora souligne un autre avantage du dispositif en le qualifiant de « véritable cheval de Troie pour revisiter la pédagogie ». 250 apprenants suivent la formation de préparateurs en pharmacie en alternance par Foad et, un autre CFA, celui du sport s’est joint à l’expérience avec actuellement 120 apprenants.
L’initiative bénéficie d’un financement du conseil régional de Bourgogne et s’intègre dans un groupement d’intérêt économique ; le GIFOD, support de mutualisation des ressources pédagogiques et d’acquisition de la plateforme. Le Gifod rassemble 11 CFA en Bourgogne ce qui permet à 40 % des apprentis d’avoir accès à la plateforme de formation, aux formateurs de bénéficier de formation à la création de ressources ou au tutorat. 1200 modules de formation ont déjà été mis en ligne pour l’ensemble des dispositifs. Chaque CFA peut donc s’appuyer sur la mutualisation pour développer ses propres solutions adaptées aux formations qu’ils proposent et aux spécificités des entreprises d’accueil. Les points relais constituent l’autre versant de la contribution du territoire. Implantés un peu partout en Bourgogne, ce sont des Ateliers Pédagogiques Personnalisés ou d’autres centres de formation susceptibles de mettre à disposition les ressources matérielles et l’encadrement nécessaires pour que l’apprenti ait accès à la plateforme et au suivi à distance par le formateur du CFA. Une charte est en cours d’élaboration pour harmoniser les conditions d’accueil. La solution des points relais est aussi une réponse au cadre réglementaire de l’apprentissage qui circonscrit l’enseignement général au CFA. Autrement dit, l’entreprise ne peut être le lieu d’acquisition des savoirs généraux. En choisissant la FOAD dans un centre proche géographiquement de l’entreprise, le CFA de Bourgogne s’adapte à la fois aux dispositions légales et à la dispersion des entreprises d’accueil.
La FOAD comme réponse à l’hétérogénéité Le Cesi dispense des formations d’ingénieurs par apprentissage, généralistes ou dans les secteurs du BTP, de l’électronique, de la maintenance ou du génie industriel. Les publics à l’entrée en formation présentent des profils hétérogènes surtout au niveau scientifique, domaine prédominant du cursus. Ils possèdent tous un bac + 2 avec option scientifique et technique mais certains arrivent avec un DUT, d’autres avec un BTS et avec des spécialisations différentes. Le Cesi a choisi la voie de la Foad pour proposer des parcours individualisés de remise à niveau en sciences et mathématiques visant l’harmonisation des acquis en début de formation.
Lors de leur arrivée au centre de formation, les apprentis passent un test de positionnement afin de déterminer leur niveau, du niveau 0 (« ne sait pas ») au niveau 2 (« validé ») Au vu des résultats, un parcours individualisé leur est proposé sous forme de feuille de route. Il est réalisé au cours du premier semestre de la formation à partir d’une plateforme en ligne. Avec un accès personnalisé, l’apprenti consulte des ressources et réalise des séquences en autoformation et des travaux de groupe. Il bénéficie d’un suivi individuel par un formateur. Des conférences thématiques sur des points à éclaircir ou des notions fondamentales et des séances de questions/réponses complètent le dispositif. Les modules (mathématiques, électronique, thermo/chimie et mécanique) font l’objet d’une validation finale.
L’harmonisation scientifique a été mise en place en expérimentation sur deux centres du Cesi (sur douze) en 2004, deux autres centres ont adopté l’initiative en 2005. Les résultats aux évaluations vont de 80% pour les mathématiques à plus de 93 % pour la mécanique. Le retour des formateurs souligne une augmentation du niveau des apprenants au second semestre. Un bilan effectué à partir de questionnaires destinés aux apprentis et d’entretiens auprès d’apprenants et d’intervenants valorise plusieurs points positifs. En premier lieu, le dispositif favorise, en parallèle des acquis disciplinaires, un développement de l’autonomie, l’amélioration de la gestion du temps et de l’organisation et, au niveau collectif, un renforcement du travail de groupe. Les méthodes pédagogiques, le tutorat, les ressources et les conférences thématiques sont particulièrement appréciées.
Le bilan est ouvertement positif mais, souligne Géraldine Longé, la pilote du projet, la réussite de l’opération dépend d’un certain nombre de conditions de réussite : la mobilisation et l’animation d’une équipe d’intervenants impliquée et motivée, la formation préalable des apprentis à l’outil et à la méthode, une alternance entre autoformation et travaux de groupe et enfin, un tutorat, un suivi des apprenants et une communication entre les acteurs afin de veiller à la motivation des apprentis et au succès du parcours.
Des questions de fond A travers ces trois exemples d’utilisation des Tic dans les formations en alternance, ce sont trois questions de fond qui trouvent une réponse : comment optimiser le lien centre de formation/entreprise, comment gérer l’éloignement géographique et les différences temporelles et comment prendre en compte l’hétérogénéité des publics. Il reste cependant des points d’achoppement, soulignés dans le débat qui a succédé aux présentations. Du côté des tuteurs, la diversité des entreprises, les différences d’implication dans l’encadrement de l’apprenant et une utilisation plus ou moins des Tice posent le problème de l’homogénéité dans la gestion de l’alternance. Côté formateur, l’évolution de son métier est un point clef de la réussite du mariage entre la foad et l’alternance d’où l’importance de l’accompagnement et de la formation de l’équipe pédagogique.
En guise de réponses et de conclusion, les éclairages de Jacques Barry, président du Ffffod et directeur du Cési et Jeanne Schneider, directrice de l’Ecole de la Deuxième Chance de Seine Saint Denis, vont dans le sens d’un développement de la foad dans les formations par alternance, une alliance naturelle tant des similitudes les rapprochent. Tandis que l’apprentissage s’étend vers les formations de haut niveau, alors qu’on le pense souvent réservé aux formations de type CAP, la Foad que l’on cantonne aux publics de formation continue plutôt qualifiés devient un outil sûr pour développer l’autonomie et le goût d’apprendre chez les publics de bas niveau. Les deux formules rencontrent une même complexité juridique et la frilosité de certains financeurs de formation. Enfin, l’ingénierie de la formation est fortement présente dans les deux systèmes, structurant et outillant les dispositifs de façon à les rendre plus efficaces.
Alors, la Foad au service de l’alternance pour une réponse plus qualitative ? Peut-être mais la question pourrait s’inverser : en s’appuyant sur des lieux différents d’acquisition des savoirs (centre de formation et entreprise), en proposant des situations pédagogiques variées et en s’appuyant sur une progression pédagogique clairement pré-établie, la formation par alternance ne serait elle pas une pionnière pour les foad ?
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