Quand on entre dans une assemblée de spécialistes de TIC, en éducation par exemple, on est étonné de constater que dans ce monde d’enseignant qui est composé d’une large majorité de femmes, ce groupe soit principalement masculin. Comme Isabelle Collet l’a constaté dans le monde de l’informatique professionnelle en général, il semble qu’il y ait un rapport particulier entre sexe et TIC. En menant un travail de recherche rigoureux dans le monde professionnel des informaticiens, l’auteur nous amène à nous interroger non seulement sur les constats mais aussi sur ce qui est sous jacent à ce déséquilibre. Abordant, dans une perspective psycho-historique les évolutions qui l’amène à cette phrase symbolique » l’Univers de l’informatique est un paradis androgyne, non pas parce que les sexes ont fusionné, mais qu’il n’en reste plus qu’un, le sexe masculin » (p.282).
Le hacker serait ainsi devenu l’idéal type de l’informaticien. Mais au-delà de cette figure mythique, le constat du décrochage important dans ce domaine d’études doit alerter les éducateurs, les orienteurs, les parents et surtout les jeunes qui veulent s’engager dans cette filière.
De plus on lira avec intérêt le fait que les informaticiennes (il en existe) sont aveugle sur le sexisme de leur branche. Autrement dit, elles ne perçoivent pas ce déséquilibre comme un sexisme, voire une discrimination. Il est d’ailleurs probable que dans la vie professionnelle, hormis les moments ou leur féminité leur impose la différence (devenir mère), elles ne perçoivent pas de ségrégation.
Cet ouvrage écrit aussi en partie sur un mode militant, « que faire pour changer les choses ? », apporte un éclairage et un questionnement sur un milieu professionnel spécifique qui mérite d’être élargi. En effet si l’évocation des disciplines scientifiques est présentes, on peut imaginer qu’un travail complémentaire mériterait d’être fait, soit en direction d’autres disciplines, soit plus en profondeur dans les métiers dérivés, comme ceux des responsables et acteurs impliqués dans les TIC dans le monde de l’éducation.
Une autre piste d’approfondissement, qui se dégage, est qui rassemblerait les pistes évoquées ci-dessus, serait celle d’une psychanalyse des choix professionnels sexuellement différencié. la psychanalyse freudienne s’est beaucoup plus intéressée au masculin qu’au féminin, en faisant parfois un modèle générique (androgyne ?). Pour celui qui s’intéresse aux questions d’orientation scolaire, la dimension sexuée des choix faits ne peut plus se contenter de se limiter aux allants de soi. Le livre d’Isabelle Collet est une bonne illustration de la nécessité d’une part d’interroger la sur-masculinisation des TIC et d’autre part sur ce que signifie l’évolution actuelle de la sexualisation des activités dans la société.
BD