« Contrairement à ce que l’on a seriné aux instituteurs pendant trente ans, ce n’est pas le fait de déchiffrer qui est responsable d’une lecture dépourvue d’accès au sens, mais c’est le déficit du vocabulaire oral qui empêche l’enfant d’y accéder ». Dans une tribune accordée au Figaro, Alain Bentolila déplace le débat sur l’illettrisme en rappelant l’importance du milieu culturel et la durée de l’apprentissage.
« La responsabilité de l’école maternelle est ainsi essentielle ; dès la petite section, elle doit avec patience et obstination s’attacher à nourrir le stock lexical des enfants, à travailler sur le sens des mots en contexte et hors contexte. C’est là que se gagne la bataille future de la lecture… Une dernière question reste à poser : a-t-on fini d’apprendre à lire au sortir du cours préparatoire ? La réponse est non, cent fois non ! Beaucoup reste à faire, et je dirais même l’essentiel reste à faire… On ne peut plus penser qu’une fois les mécanismes de la lecture acquis tous les élèves vont hardiment s’engager dans ce que l’on appelait la «lecture courante». Beaucoup, privés d’une médiation familiale bienveillante et exigeante, ont besoin que l’école leur apprenne à comprendre… Beaucoup doivent être accompagnés sur le chemin d’une lecture de plus en plus longue ».
Article du Figaro