La formation diversifiée au sommaire de Vie pédagogique
La revue pédagogique québécoise consacre son nouveau numéro à « la formation diversifiée et qualifiante ». Une réflexion qui rejoint les préoccupations du débat sur l’école de ce coté de l’Atlantique : comment qualifier tous les élèves sans abaisser le niveau ? Comment « sortir de l’ornière de l’orientation par défaut plus que par choix positif ? ». Comment réhabiliter l’enseignement professionnel ? Ce numéro s’ouvre sur un bel article de Jean-Marie de Ketele qui montre « l’école peut faire la différence ». En effet certaines écoles obtiennent de meilleurs résultats que les autres. J.-M. de Ketele a recherché leurs caractéristiques. Il met en valeur cinq concepts transversaux. Le premier est « l’engagement » : « une croyance profonde dans l’éducabilité, le souci des droits de l’élève, le souci de l’éducation à la citoyenneté, la confiance dans les possibilités de l’élève, la conviction que l’école peut faire quelque chose« . Sans cette base idéologique, les efforts des maîtres restent vains. Bien d’autres articles valent qu’on s’y arrête. Citons par exemple celui de Jean-Ricard Pallascio sur la différenciation en maths : il montre comment aborder les maths avec des approches différentes, souvent interdisciplinaires. Ce numéro de Vie pédagogique témoigne à la fois de la vitalité de la réflexion pédagogique au Québec et que souvent « il n’y a plus d’Atlantique ».
http://www.viepedagogique.gouv.qc.ca/numeros/130/numero130.asp.
Entrer en littérature : un bel ouvrage du CDDP du Pas-de-Calais
Entrer en littérature, oui, mais par quelle porte ? les nouveaux programmes n’ont pas fini de questionner les enseignants. Le SCEREN du Pas de Calais ne les résoudra pas tous, mais apporte sa pierre au travail à construire ensemble, grâce à son ouvrage « Entrer en littérature, Cycle 3 « . Rédigé sous la responsabilité d’un IEN, Francis Dupuit, grâce au travail mené avec les collègues de sa circonscription, il se propose, par un découpage en chapitre intelligement construits, d’aider l’enseignant à saisir la richesse de tel ou tel ouvrage, les mises en réseau qu’il peut proposer, les appuis qu’il peut trouver dans le passage de la compréhension à l’interprétation, la découverte d’un personnage ou la transdisciplinarité (arts plastiques et littérature, par exemple)
On ne trouvera pas de fiche photocopiable pour les élèves, mais des idées précises des démarches simples à mettre en oeuvre (outils, tableaux) pour des situations pertinentes sans débauche de matériel didactique. Les tâches qui sont proposées aux élèves favoriseront l’argumentation, la mise en mots, la confrontation et donc l’accès à de réels apprentissages. Une question cependant : est-il nécessaire de privilégier la première lecture des oeuvres à la maison ou en classe ?
La partie » Ecrire avec des textes littéraires » a le mérite de recenser des situations de classe originales et déclenchantes qui seront d’utiles idées pour la mise en oeuvre dans les classes. Elle pourrait sans doute donner matière à être développée, pour identifier les apprentissages engagés ou développés dans les situations pédagogiques proposées. Il ne suffit en effet pas d’identifier des situations de production d’écrit, encore faut-il que le maître soit aidé dans la gestion précise de ce que chaque enfant met en jeu dans la gestion de sa propre production, tant la tâche est pour lui difficile.
Si d’aventure on est en mal de référents culturels adaptés à ce type d’enseignement, la bibliographie citée en fin d’ouvrage est exemplaire.
Il ne reste plus qu’à convaincre votre IEN d’acheter des livres pour que vous puissiez travailler en classe avec vos élèves…
La France a les plus faibles performances en anglais
« Les résultats de cette enquête interrogent le système éducatif français sur ses choix de politique et sur ses pratiques en matière d’enseignement de l’anglais ». En effet, une enquête européenne portant sur le niveau en anglais des adolescents de 15 ans classe la France comme lanterne rouge de 7 pays européens (Suède, Espagne, Finlande, Norvège, Pays Bas, Danemark, France). Dans toutes les compétences, l’écart de niveau avec nos voisins est important. Ainsi en production écrite, la moyenne des jeunes français est de 15 quand celle des pays nordiques est entre 45 et 55. En compréhension de l’écrit l’écart est de 57 à 80. Pire encore, les résultats de nos collégiens sont inférieurs en 2002 à ceux de 1996 ! Comment expliquer cela ? L’enquête relève des errements dans les pratiques pédagogiques : « alors que les programmes affirment que l’accent doit être mis sur les situations de communication,.. sur les activités permettant de créer un maximum de liens pour accéder au sens du texte, et non pas sur la correction grammaticale de phrases, il semblerait que ces instructions soient peu prises en compte dans la pratique des classes ». Mais d’autres éléments entrent en jeu. D’une part dans les autres pays européens, l’anglais est enseigné dès l’école primaire. D’autre part, les élèves français « déclarent n’avoir aucun contact avec la langue anglaise en dehors du collège ». Ils n’écoutent pas de films en anglais, ne lisent rien en anglais, ne le parlent pas. C’est aussi le manque d’ouverture des français aux cultures étrangères qui est questionné par cette étude.
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/dpd/noteeval/eva0401.pdf
http://www.adobe.fr/products/acrobat/readstep2.html
Apprendre à lire, quoi de neuf ?
« Chacun aujourd’hui pense qu’il est capital que les élèves maîtrisent la lecture pour réussir dans leurs études, s’insèrent professionnellement et deviennent des citoyens conscients et critiques. Mais quels sont les déterminants de la réussite en lecture ? « Dans l’éditorial de ce numéro 422 des Cahiers pédagogiques, Jacques Crinon (IUFM de Créteil), qui a coordonné ce numéro, pose une question bien complexe. C’est que cette initiation mobilise de nombreux apprentissages. « L’enseignement du code, affirment beaucoup des contributeurs à ce numéro, ne doit pas être négligé. Mais s’appuyer sur le code, ce n’est pas seulement maîtriser la combinatoire. Des recherches montrent le rôle de la morphologie. N’oublions pas non plus les facteurs affectifs ». Et dès le début, Mireille Brigaudiot nous demande « de faire le deuil de belles progressions ». Le dossier nous parle de pratiques, dans ou hors l’école. C’est que l’on apprend à lire en lisant, en débattant, en écrivant. « Mais combien de classes où on ne lit pas ou peu ! » rappelle J. Crinon. L’enquête internationale PISA a mis en évidence l’importance de l’illettrisme en France. Ce dossier, très riche, apporte des éléments de réponse et de réflexion qui vont au-delà des schémas simplistes. Il n’omet pas les outils multimédia dans les apprentissages ou la formation des maîtres.
http://www.cahiers-pedagogiques.com/
Le ministère publie un « guide républicain »
« Il s’agit de permettre aux élèves de s’approprier les principes républicains en les faisant participer au débat civique qui est le véritable instrument du partage et de l’enracinement des valeurs ». Attendu depuis plusieurs mois, le « guide républicain » veut rénover l’enseignement de l’éducation civique et aider les enseignants à faire face à la montée du communautarisme et particulièrement à celle de l’antisémitisme (193 actions, 731 menaces recensées en 2002). Pour cela l’ouvrage propose 4 parties. En premier lieu un « abécédaire républicain » : des textes courts, rédigés par des spécialistes reconnus, abordant en termes accessibles les concepts clés de la République démocratique : antisémitisme, civisme, laïcité, liberté etc. Une seconde partie regroupe une chronologie et des textes juridiques « les plus importants ». Notons toutefois l’absence de la Convention internationale des droits de l’enfant. Ratifiée par la France, elle concerne directement l’école et cet « oubli » peut donner à penser que ce texte gêne désormais. La troisième partie est la plus copieuse : une centaine de textes répartis entre des documents patrimoniaux (Jules Ferry, Condorcet, Rousseau, Jaurès etc.), des textes à débattre et des récits, des poèmes ou des chansons (Zebda, A. Camus, Nougaro etc. ). La dernière partie est présentée comme pédagogiquement innovante. Il s’agit d’une filmographie sur le racisme et l’antisémitisme. On attend des enseignants qu’ils y puisent pour animer des cours.
Le Guide est déjà partiellement publié sur le site ministériel, il le sera prochainement complètement. Il sera complété par deux nouveaux outils. D’une part un livret de prévention et d’action constitué de fiches pédagogiques pratiques (disponible à la fin de l’année scolaire). D’autre part un site où les chefs d’établissement pourront échanger leurs expériences et obtenir de l’aide pour l’application de la loi sur le voile.
Ce guide est bienvenu. Devant la banalisation des insultes, et maintenant des actes, antisémites et racistes il fallait un signal clair de l’Etat qui affirme les valeurs de la République. Le succès du dossier sur la Shoah publié par le Café pédagogique montre que les enseignants cherchent des outils pédagogiques. Le guide peut-il en être un ? Il alimentera la réflexion des enseignants, les textes n’étant pas toujours accessibles aux collégiens ou lycéens. L’enseignement de l’éducation civique peut-il prétendre régler la question du racisme ? Remarquons d’abord qu’il n’est pas si poussiéreux que cela. Au lycée, en ECJS, les cours ont cédé le pas à des débats qui peuvent permettre un échange et un partage réel sur les valeurs républicaines quand les conditions locales ne l’empêchent pas. Car le combat contre les racismes concerne toute la société. Assez symboliquement, dans l’abécédaire du « Guide républicain », la fiche sur « l’intégration » affiche cette formule : « Texte à venir »…
http://www.education.gouv.fr/actu/element.php?itemID=20043101517
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_040310131851.yah380hs.html