Le B2i en 2004. Enquête et analyses 

B2i formation continue : une expérience dans l'enseignement agricole pour les publics adultes.

 

par Monique Royer

 

L'ENILIA (Ecole Nationale d'Industrie Laitière et des Industries Agroalimentaires) est un établissement de l'enseignement agricole public, situé à Surgères en Charente Maritime. Il accueille des élèves de la formation scolaire, des apprentis et des adultes en formation continue. Son centre de ressources, ouvert sur le territoire, propose des parcours non diplômants, en particulier en bureautique, en partenariat avec des associations ou pour des salariés en Contrats Enploi Solidarité. Les problématiques de développement local et d'accès aux NTIC ne sont pas spécifiques à l'ENILIA mais largement partagées par l'appareil public de l'enseignement agricole. Aussi, la mise en place du B2i pour des publics en rupture d'emploi ou dans une logique d'insertion est un exemple des actions possibles pour concrétiser une nécessaire adaptation aux nouveaux visages du monde rural.

A la suite du CISI, Comité Interministériel pour la Société de l'Information) de juillet 2000, l'enseignement agricole public a intégré le développement des usages des NTIC dans ses priorités à travers une note de service parue en juillet 2002. Trois objectifs sont plus précisément visés : donner aux futurs citoyens la maîtrise des outils de communication, développer le travail coopératif au sein de la communauté éducative et participer à la lutte contre la fracture numérique en encourageant les établissements à devenirs des " espaces publics numériques ".

Aucune certification spécifique n'a été créée pour l'enseignement agricole, l'idée est plutôt de s'appuyer sur les certifications existantes proposées par d'autres ministères. Pour les formations pour adultes, le choix se porte essentiellement sur le certificat de navigation sur Internet (CNI) du ministère de l'emploi, du travail et de la cohésion sociale et sur le B2i GRETA.

Pour le Centre de Ressources de l'ENILIA, l'existence de ces certifications constitue une opportunité de valider les parcours effectués par les apprenants, de baliser leur progression en s'appuyant sur des référentiels et des certificats reconnus par les institutions. Pour les publics en insertion, cette notion de reconnaissance institutionnelle est un levier de motivation indéniable. La validation par un certificat est un " garant " du sérieux, de la véracité du parcours réalisé dans un établissement scolaire mais dans la posture peu scolaire de l'autoformation accompagnée.

Les domaines de compétences couverts par le référentiel du B2i sont plus larges que la maîtrise de l'Internet validée par le CNI. Aussi, l'une ou l'autre des certifications peut être proposée en fonction des besoins professionnels, des pré-acquis et des contraintes de temps de l'apprenant. Et pourquoi pas imaginer une complémentarité entre les deux en considérant le CNI comme une première étape vers une validation plus complète des compétences en informatique représentée par le B2i GRETA. Toutefois, le B2i est de plus en plus affiché comme l'objectif final du parcours. Pour des publics en insertion, la reconnaissance par un certificat émanant de l'Education Nationale est perçue comme beaucoup plus valorisante pour eux mêmes mais également pour leur entourage. Comme leurs enfants, ou ceux de leurs voisins, ils sauront utiliser un ordinateur puisqu'ils auront eux aussi le B2i.

L'expérience a réellement débuté en fin d'année scolaire dernière en repérant les personnes volontaires et motivées pour se lancer dans " l'aventure ". Pour ces apprenants, déjà en parcours de formation, il s'agissait de se placer dans une continuité sur les méthodes et les exercices proposés pour ne pas rompre la confiance établie. Les séances d'autoformation accompagnées sont basées sur la réalisation d'exercices " pas à pas " permettant d'acquérir progressivement la maîtrise des outils de base de la bureautique et de la communication : traitement de textes, tableur, base de données, Internet, présentations etc. L'étude approfondie du référentiel nous a permis de vérifier si les exercices proposés favorisaient effectivement l'acquisition des capacités décrites par le B2i. Elle a aussi souligné les manques dans certains domaines. La création ou la recherche d'exercices complémentaires a donc été nécessaire. Le troisième chantier pour la mise en place du B2i a été de créer le livret de suivi et les évaluations. Il nous faut également veiller à l'efficacité de l'accompagnement des parcours plus longs, adaptés au rythme d'apprenants en réelles difficultés d'apprentissage.

Il est difficile de parler de bilan après une si courte durée, les résultats sont toutefois largement positifs. Au niveau de la méthode, nous avons formalisé nos pratiques et resitué les activités pédagogiques dans le cadre d' un référentiel. Le pari sur la motivation s'avère payant si l'on se base sur l'assiduité des apprenants. Côté résultat : une personne a réalisé avec succès la totalité du parcours, une deuxième est en passe de le terminer. Pour cette année, une dizaine d'apprenants sont susceptibles d'entrer dans la démarche. Enfin, au niveau de l'ENILIA, l'expérience est suivie avec attention par le formateur d'informatique et l'équipe pédagogique pour les formations continues. Si elle s'avère concluante, elle sera adaptée pour être transférée dans nos formations diplômantes en intégrant les utilisations des NTIC faites dans le cadre des différentes disciplines. Pour nos partenaires externes, la mise en place du B2i renforce notre crédibilité comme acteur à part entière du développement local dans le champ de l'accès et des usages des NTIC.

L'expérience débute donc de façon positive, il nous faudra pour réellement conclure sur une réussite vérifier la portée de la certification sur l'insertion dans le monde professionnel.

 

Monique Royer
Responsable des FOAD, Enilia

 



Par fgiroud , le .

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