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 L'Echec scolaire vu par ...

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Refus de l'échec scolaire - 2009 > Messages > Alexis Lucas

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Alexis Lucas

La question de l'échec scolaire a t-elle un sens au bout de plusieurs années d'enseignement ?

L'échec scolaire, un malentendu ?

Alors que j'entame ma huitième année dans un Lycée Professionnel de Roubaix pour enseigner les Lettres et l'Histoire auprès de jeunes allant de 15 à 20 ans, j'observe qu'à chaque fois que j'ai des entrants en seconde professionnelle, la question de l'échec scolaire empoisonne le regard de nombreux élèves qui se voient et se vivent comme des ratés, car tout le problème est la dissémination de cette idée d'échec au sein même de l'image de soi.

Plus je tourne et retourne cette question de l'échec scolaire, plus je me dis: « c'est vrai que l'enseignant peut se croire lui aussi en échec scolaire vu ses difficultés à mener à bien sa tâche si le public est hostile, si l'hétérogénéité est grande ou si l'effectif déborde la salle.

Et si j'osais, je dirais que cette notion d'échec voile parfois même la perception que se font les gens d'un établissement sous prétexte que le classement annuel n'est pas bon.

Personnellement, je ne comprends pas bien ce que veut dire échec scolaire car la réussite à l'école, c'est un projet que l'élève doit porter en lui-même pour lui-même. Si je prends le cas des classes que je viens d'accueillir, ne sont en échec, non pas ceux qui ont des difficultés (près de la moitié de mes classes selon certains critères) ou qui sont primo-arrivants (10°/), mais ceux qui ne savent pas pourquoi ils sont là.

Comme ma toute première mission, c'est au fond de modifier la perception que se font les élèves de la réussite, j'ai d'abord été tenté par la réalisation de projets avec mes élèves, comme la réalisation de courts-métrages ou la rencontre d'écrivains, parce qu'au bout du détour se trouve le miroir qui permet de savoir qui l'on est.


Et cette année comment refuser l'échec ?

Aujourd'hui, cependant, je me pose à nouveau comme chaque année la même question : en quoi le fait d' innover par des projets conjure t-il l'échec scolaire ? Et c'est vrai que cette année, pour régler la question de l'échec scolaire, j'ai décidé de ne rien faire.

Oui j'ai bien dit ne rien faire. Comme chaque année, j'ai envie de tout reprendre à zero car j'ai déjà tout oublié.

Je vais donc faire cours, c'est à dire ne m'occuper de Littérature, d'Histoire, de Géographie ou d''éducation civique pour éviter de lâcher la proie pour l'ombre :

1.      alors que nos programmes changent et que nos horaires s'alignent peu à peu sur celles du lycée,

2.      alors que la télévision, internet ou le téléphone évolué menacent à chaque seconde l'attention au travail de nos élèves,

3.      alors que l'horloge biologique et sociale de nos élèves les éloignent un peu plus de ce dont je parle :

Je ne veux cette année que :

*          structurer la parole partagée et le relationnel pour amener l'échange (écouter, s'écouter, réagir, donner son opinion, rédiger, réécrire, se taire)

*          encourager les fantaisies (lire, écouter et voir pour écrire, inventer, copier, réinventer)

*          travailler (moi)et travailler (eux)nos nouveaux programmes

*          démarcher (construire, alterner, redire, relancer, valoriser, donner des bons points)


On pourrait dire « Que de banalités ! » ?

Lutter contre l'échec scolaire, cette année, c'est pour moi creuser et faire creuser les questions qui forgent l'esprit critique et fuir le divertissement[1] du monde moderne.



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