« Le pays prend conscience que les sorties massives du système de formation sans diplôme ou qualification pèsent dangereusement sur sa cohésion et sur son économie par les dépenses sociales qu’elles engendrent, qui grèvent les comptes publics. Elles pèsent également sur la productivité globale de la France dans un moment de compétition accrue, où l’économie de la connaissance revêt une importance décisive. »
Remis par Pierre Lunel au premier ministre le 27 mars, le Schéma national de l’orientation et de l’insertion professionnelle des jeunes vise à élever le niveau de formation de la jeunesse et à faciliter son insertion professionnelle.
« Le problème de notre pays aujourd’hui n’est donc pas d’avoir trop de diplômés, mais trop de jeunes sans qualification ou de titulaires de diplômes sans débouchés professionnels. Le malthusianisme est hors de propos. Nous n’avons pas trop d’étudiants mais trop d’étudiants mal orientés » affirme Pierre Lunel qui rappelle l’objectif de 50 % dune génération diplômée du supérieure, contre 38% aujourd’hui. Il s’agit donc de réduire les sorties du système scolaire ou supérieur sans diplôme et de faciliter l’accès à l’emploi.
Pour cela il entend renforcer le dispositif d’orientation dans l’enseignement secondaire. Au collège, l’option découverte professionnelle (2 heures) deviendrait obligatoire dès 2009. Dès la rentrée 2007, tous les collèges sont invités à mettre en place l’option Découverte professionnelle. Un entretien personnalisé avec le professeur principal deviendra obligatoire en 3ème, en 1ère ainsi qu’en première année de cap et bep. Un portfolio regroupera pour chaque élève les actions réalisées pour son orientation.
Mais c’est surtout l’orientation en terminale qui intéresse P. Lunel. Il confirme les options du rapport Hetzel en généralisant le « dossier unique de candidatures » chargé d’assurer une meilleure coordination des admissions dans le supérieur. Le conseil de classe du second trimestre de terminale étudiera les vœux du lycéen et sera transmis à l’université qui lui retournera un avis. L’élève « reste en tout état de cause libre de son choix » affirme le rapport.
En université, le jeune étudiant pourrait bénéficier d’un tutorat par des étudiants de Master : des crédits pourraient être dégagés pour cela. Le dossier unique de candidatures sera maintenu jusqu’en fin de 1ère année afin de faciliter une réorientation. P. Lunel préconise la création de modules de soutien en 1ère année pour accompagner les étudiants souhaitant se réorienter. Plus globalement, le rapport appelle à mobiliser les universités pour améliorer l’insertion professionnelle des étudiants. Un portail national d’information sur l’orientation serait ouvert.
Le rapport réforme également le dispositif actuel d’orientation. Il ferait des CIO les pilotes des coordinations locales d’orientation. Les missions des conseillers d’orientation seraient redéfinies : « information et coordination pour l’orientation scolaire et professionnelle, en liaison avec les entreprises et le service public de l’emploi ». Les conseillers d’orientation psychologues seraient formés à leur nouveau rôle et P. Lunel envisage le recrutement de conseillers d’orientation centrés sur la connaissance du monde économique.
Vivement attendu, le rapport Lunel reprend les idées émises par le rapport Hetzel. Il affirme avec force la nécessité d’élever le niveau éducatif du pays. Mais il ne lève pas les ambiguïtés sur le devenir des bacheliers technologiques et professionnels et adopte une conception que certains pourraient juger limitée de l’orientation.
Le rapport
http://www.education.gouv.fr/preview.php?cid=4851
Une analyse du Café