- Homophobie à l’école : Beaucoup reste à faire…
- Entretien avec Gary Roustan
- Michel Teychenné : » les enseignants sont prêts «
Adoptée le 23 avril en seconde lecture par l’Assemblée nationale, la loi permet aux couples de même sexe de se marier. Elle ouvre également aux personnes de même sexe mariées la voie de l’adoption, que ce soit l’adoption conjointe d’un enfant par les deux époux ou l’adoption de l’enfant du conjoint. D’après l’Insee, on compterait en France 100 000 couples de même sexe. Un couple sur dix élèverait un ou des enfants. Aucun chiffre officiel ne recense le nombre d’enfants vivant dans ces couples mais on peut les estimer à environ 20 000, un nombre faible par rapport au total des élèves. Mais, particularité de ces couples, l’Ecole compte beaucoup pour eux. Ce sont des couples plus jeunes que la moyenne des couples français et surtout beaucoup plus diplômés : la moitié a un diplôme du supérieur (contre moins d’un tiers pour les couples français).
Jusque là, la loi Taubira semble avoir peu concerné l’Ecole. Si certains établissements religieux ont mobilisé les parents et même des élèves pour manifester contre le projet de loi, il n’y a pas eu de vague homophobe dans les établissements. Comme elle sait si bien le faire, l’Ecole semble ignorer le débat soulevé par le projet de loi. Au ministère on attend le rapport de Michel Teychenné sur l’homophobie dans les établissements scolaires pour s’exprimer sur le sujet. Pourtant les associations de lutte contre l’homophobie parlent d’urgence. Dans son rapport 2012, SOS Homophobie montre des élèves persécutés pour leur orientation sexuelle ou pour celle de leurs parents. Elle met aussi en évidence une large ignorance des élèves sur les questions de genre. « Comment vérifier qu’un ami est homosexuel », demande un élève à l’occasion d’une réunion organisée par l’association dans un établissement. « Les lesbiennes ça n’existe pas », affirme un autre élève. « Le nez est-il un objet sexuel pour les lesbiennes », interroge un autre. Si son action est appréciée des élèves, SOS homophobie a du mal à pousser la porte des établissements. En 2012 seulement 7 000 élèves ont bénéficié d’une rencontre avec ses militants.
Car à l’Ecole les homosexuels sont surtout invisibles. Or la souffrance des jeunes homosexuels est bien avérée. Parfois persécutés, ils souffrent d’une absence de reconnaissance et du silence du corps enseignant sur cette question. Dans un rapport préparé pour le thinktank République et diversité, Odile Fillod (cogniticienne EHESS) a étudié une vingtaine de manuels de SVT du secondaire et particulièrement de première, une année où l’orientation sexuelle est au programme. « Dans les manuels , par défaut les couples sont hétérosexuels. Les couples homosexuels sont largement ignorés », relève-t-elle. L’homosexualité féminine est la plus invisible. Quant à la bi sexualité elle n’est pas du tout évoquée. Un manuel évoque même l’hypothèse d’un gène de l’homosexualité… Dans les classes, selon Sos Homophobie, les enseignants sont souvent indifférents. Dès lors, comment rester dans une Ecole qui ne veut pas vous voir ? SOS homophobie signale des cas de dépression, d’échec scolaire et de décrochage. » Si le discours sur l’homosexualité a fait irruption sur la scène publique, l’école primaire est restée à l’écart de cette évolution », reconnaît Sébastein Sihr, secrétaire général du Snuipp, le premier syndicat du primaire. « Souvenons-nous de la petite polémique provoquée sous Luc Chatel par le film « le baiser de la lune » qui évoquait les orientations amoureuses à travers la métaphore animalière. L’école, la classe, la cour de récréation sont des lieux où se construit la personnalité des enfants et où s’ancrent aussi les stéréotypes. » Pédé « , c’est l’insulte homophobe par excellence, trop souvent en tête des hit parade dans les cours d’école. Or, si on considère aujourd’hui normal de lutter contre le sexisme et le racisme dès le plus jeunes âge, il doit en être de même concernant l’homophobie ».
La loi va-t-elle briser le tabou ? » L’école accueille déjà toutes les familles dans leur diversité, l’homoparentalité est une réalité à l’école comme dans la société », poursuit S. Sihr. » Jusque là, les directrices et directeurs ont globalement fait au mieux avec les règlements dans l’intérêt des enfants. Comme souvent, les pratiques auront précédé la loi. Par contre, ce que la loi va changer, c’est de lever des discriminations pour les familles homoparentales, en particulier pour l’inscription des enfants. Cela ouvrira aussi la possibilité à chacun des deux parents de s’investir lors des élections des représentants de parents ». « L aloi Taubira va être un des éléments qui va rendre ordinaire l’homosexualité », estime Laurent Escure, secrétaire général d’Unsa Education. « Cette loi va faire évoluer les mentalités autour de l’Ecole. Elle va redonner de la visibilité à ces couples sans en faire la promotion. Ce sera plus facile pour les couples homosexuels ». La loi obligera les établissements scolaires à reconnaître l’existence de ces couples c’est à dire souvent concrètement à reconnaitre « l’autre parent ». Une vraie révolution pour une institution qui a souvent du mal à s’adapter aux familles recomposées. Et un soulagement pour les enfants de ces couples. « C’est une bonne chose de voir ses parents reconnus par l’Ecole », estime-t-on généralement.
Une évolution des programmes ? La loi Taubira est-elle susceptible de faire évoluer les programmes ? Evidemment pas dans leur rédaction officielle. Mais dans leur application concrète. Car jusque là l’Ecole a largement contourné ses obligations en matière d’éducation sexuelle. La loi de 2001, la circulaire d’application de 2003 sont restées largement lettres mortes. « Il faut les réactiver », demande L. Escure. Pour S Sihr, plus que la loi, le rapport Teychenné pourrait faire bouger les choses. « Les préconisations qui devraient en découler pourraient, elles, avoir un impact », dit-il. « Pour nous, il faut généraliser des pratiques existantes qui sont pertinentes. N’oublions jamais qu’il se fait au quotidien dans les classes, des projets de grande qualité qui mériteraient d’être mieux connus et diffusés. Et puis, au moment où le ministre veut lancer une réflexion sur les formes du futur enseignement moral et civique, il y a là matière à traiter de ces questions notamment en réhabilitant les débats réglés. Ensuite, la formation des enseignants pour s’approprier les réflexions, la mise à distance de ses propres pratiques, reste un levier déterminant. » En dehors des cours de SVT de lycée, la loi devrait agir sur d’autres enseignements. Par exemple, en éducation civique, elle donne l’opportunité de faire entrer les couples homosexuels dans la classe. Aucun parent ne pourra plus protester contre cette mention puisqu’en parler relève de la seule étude de la loi. Elle devrait ainsi libérer la parole et casser l’invisibilité de l’homosexualité dans les classes. Or c’est une première étape pour affronter l’homophobie.
Les syndicats au premier rang. L’Unsa Education a fait de la lutte contre l’homophobie un thème d’action important dans sa communication. « On est très actif sur ce sujet », reconnaît Laurent Escure. « Des élèves vivant dans un couple homosexuel ou découvarnt leur homosexualité sont en situation de souffrance », dit-il. « Aujourd’hui il est nécessaire de franchir un nouveau pas en s’attaquant aux racines de toutes formes de discriminations sociales, d’origine, de genre et aussi d’orientations sexuelles », estime Sébastien Sihr, pour le Snuipp. Son syndicat organise le 16 mai à Paris un colloque contre l’homophobie à l’école primaire. « L’actualité nous montre que rien n’est gagné en la matière. Ce colloque arrive donc à point nommé pour réaffirmer un certain nombre de valeurs que l’école se doit de véhiculer mais aussi pour s’interroger sur les pratiques de classes pour aborder ces questions. Sans formation, ce n’est pas toujours facile. Lors de ce colloque, nous apporterons notre pierre à l’édifice en proposant des matériaux élaborés avec des chercheurs pour les enseignants et leur classe ».
François Jarraud
Vous pouvez encore vous inscrire au colloque Snuipp du 16 mai
Pour s’inscrire
http://snuipp.fr/Un-colloque-pour-eduquer-contre-l
Alors que Vincent Peillon entend donner un nouveau souffle à la compagne du lutte contre l’homophobie à l’école, initié par son prédécesseur, Luc Chatel, en 2010, peut-on noter une évolution dans les comportements ? Pour Gary Roustan, responsable éducation de l’association Mag-Jeunes-LGBT il n’y a pas de changement notable dans les faits : en 40 interventions au long de l’année scolaire, il a rencontré chez les élèves de collèges et de lycées les mêmes réticences, la même ignorance et le même embarras qu’auparavant. Mais pas davantage, curieusement, du fait de la polémique sur le mariage pour tous, qui semble laisser le public scolaire assez indifférent. Un bon signe, estime Gary Roustan, qui indique qu’à terme, l’obtention d’un statut juridique égal devrait normaliser la situation et favoriser le recul de l’homophobie ordinaire.
Mag-Jeunes LGTB, une association Loi 1901 fondée en 1985, réalise depuis 10 ans des interventions bénévoles et gratuites, sur demande, dans les établissements scolaires de Paris et de la banlieue. Constituée d’intervenants jeunes (moins de 30 ans) et réservée aux moins de 26 ans, l’association s’efforce d’apporter soutien et conseils à des adolescents qui découvrent leur orientation sexuelle à un âge où les repères vacillent. L’homophobie ordinaire, dans la famille, à l’école ou au travail, devient une redoutable épreuve quand il s’agit à la fois de se reconnaître et de se « faire accepter » dans une identité que l’environnement social « tolère » en détournant les yeux. Libérer la parole, favoriser la discussion et les échanges de témoignages, les bénévoles de Mag-Jeunes s’y emploient par des permanences d’accueil (vendredi et samedi soir), mais aussi des activités de loisirs, des actions de prévention, de communication publique ou d’interventions en milieu scolaire.
Peurs et tabous : des chiffres éloquents
Le bilan de l’action en milieu scolaire pour 2012 est édifiant : la moitié des élèves affirme ne pas connaître de personnes homosexuelles (68% pour les garçons), et 58 % n’ont jamais abordé le sujet de l’homosexualité en famille (70% pour les garçons). Dans chaque cas, les réactions de rejet sont en proportion inversée : 36 % de réaction négatives à l’idée de rencontrer une personne homosexuelle pour les élèves qui n’en connaissent pas (contre 10% pour ceux qui en connaissent) et 30% de réactions hostiles (contre 8%) pour ceux qui n’en parlent jamais en famille. Si la moitié des jeunes garderaient leur amitié à leur(e) meilleur(e) ami(e) en découvrant son homosexualité (mais 38% chez les garçons), le taux tomberait à 38% pour ceux qui ne connaissent pas de personnes homosexuelles et s’élèverait à 68% pour ceux qui en connaissent. Méconnaissance, sexisme et peur des minorités, les ingrédients classiques de l’ostracisme sont sans là sans surprise.
Quelques actions simples
A cela, il serait possible de répondre par des actions relativement simples, selon le rapport de l’association Mag-Jeunes LGTB : d’abord, mieux informer les élèves sur leur orientation sexuelle ou leur identité de genre : la « Ligne Azur », par exemple, d’écoute anonyme par des psychologues, est très peu affichée dans les établissements scolaires. La prise en compte de la diversité des situations sexuelles dans les manuels scolaires, en SVT, mais aussi en ECJS, en histoire, en littérature ou dans les énoncés courants des autres disciplines, est quasi inexistante ou très dissimulée. La lutte contre le sexisme, avec les répartitions traditionnelles sexuées des rôles, des activités ou des loisirs, peut aussi contribuer à dépasser certains clichés homophobes. Enfin la sanction disciplinaire des insultes ou des agressions sexistes ou homophobes, clairement affichée dans le règlement intérieur, serait un moyen efficace d’en montrer le caractère inacceptable.
Des mesures peu coûteuses et relativement faciles à mettre en place, mais qui demandent une vraie adhésion de la part de tous les acteurs de l’école, au-delà des réticences encore présentes – ce que l’association attend et espère du Ministère de Vincent Peillon.
« Des mots parfois très durs… »
Les demandes d’intervention ont-elles augmenté, ces derniers temps, de la part des chefs d’établissement ?
Non, la demande est toujours la même. On est intervenu davantage cette année, mais auprès de lycées où on s’était déjà rendu. Dans le 93, par exemple, il y a un lycée où nous allons régulièrement depuis depuis 9 ans ; d’autres nous recontactent, parfois, après un ou deux ans, ou pour des problèmes précis : des actes d’homophobie, des insultes, un élève pour qui ça ne se passe pas bien… L’intervention dure 2 h par classe. On présente d’abord une vidéo de témoignages de jeunes de notre association, qui racontent comment ils se sont rendus compte de leur homosexualité, comment s’est passé leur coming out avec leurs parents, quelle est leur vision de l’avenir, de la communauté… Cela permet d’aborder tous les thèmes, même ceux dont on n’a pas l’occasion de parler ensuite, pendant la discussion.
Quel genre d’informations donnez-vous ?
On explique déjà en quoi consiste l’orientation sexuelle. On évoque aussi la différence entre l’homophobie, qui est une idéologie, et la discrimination, qui recouvre des actes juridiquement définis et sanctionnés. On parle des droits des homosexuels dans notre pays et ailleurs dans le monde : 78 pays condamnent juridiquement l’homosexualité, et certains renforcent encore leurs mesures juridiques. Certains élèves réagissent en se disant homophobes et fiers de l’être, ils estiment normal qu’on tue les homosexuels dans certains pays et le disent, sans se rendre compte de qui ils ont en face d’eux. On reçoit parfois des mots très durs. On a déjà entendu « les pédés au bûcher » pendant une intervention. C’est une difficulté supplémentaire, pour nous, par rapport à d’autres associations qui interviennent sur des problèmes comme le racisme, par exemple. En général, les intervenants ne sont pas directement agressés, parce que c’est entré dans les mentalités.
« Nous ne sommes pas là pour les convaincre, mais pour les faire réfléchir »
Ce genre de réaction se retrouve dans tous les établissements ?
Un peu partout, mais il ne faut pas croire que c’est pire en banlieue qu’à Paris ! Dans un établissement de Montgeron, dans le 91, sur 22 classes de Seconde, 19 se sont montrées ouvertes et respectueuses . C’est parfois bien plus difficile à Paris. Dans les Lycées professionnels, l’accueil est souvent plus fermé, plus réticent. Dernièrement, un élève qui s’était montré assez hostile est resté nous parler à la fin : il avait souvent été moqué à cause de sa gestuelle, de son allure, nous a-t-il dit.
Avez-vous le sentiment d’atteindre les élèves, de les faire évoluer ?
Nous distribuons un questionnaire avant et après l’intervention. Il en ressort que les élèves se disent plus tolérants après la séance. Il y a beaucoup de fantasmes : c’est parfois la première fois qu’ils parlent librement de ce sujet, et avec des homosexuels, même si tous nos intervenants ne le sont pas. Mais nous ne sommes pas là pour les convaincre, seulement pour les faire réfléchir. Il arrive que certains viennent nous voir à l’association, ensuite, d’autres envoient un mail pour nous remercier, d’autres font leur coming out en pleine intervention ! C’est délicat, parce que notre présence les rassure mais après, ils se retrouvent tout seul. Mais nous n’avons pas de témoignages qu’il y ait eu des problèmes après. Nous intervenons dans des classes très différentes, de 4ème à Terminale, Bac Pro et SEGPA. En SEGPA, la discussion est plus compliquée, on rencontre des problèmes de vocabulaire : le mot hétérosexuel, par exemple, ne leur est pas connu. Mais ce sont des interventions vraiment intéressantes à mener.
« Beaucoup de jeunes sont sortis du placard, ils n’y rentreront pas. »
Avez-vous remarqué chez les élèves un écho de la polémique sur le mariage pour tous ?
Non, ils sont assez imperméables dans l’ensemble à l’endoctrinement, ça ne les intéresse pas. Ils ont beaucoup de questions sur le mariage et sur l’homoparentalité, mais pas plus en ce moment qu’avant. Ce qui les inquiète, surtout, c’est la situation des enfants : ils pensent souvent que ce n’est pas bien pour les enfants d’avoir des parents homosexuels, surtout à cause des moqueries à l’école… On fait la comparaison avec les enfants de divorcés dans les années 70 : on leur montre que ce sont peut-être les regards qui doivent changer.
Mais l’adoption d’un statut égalitaire pour tous les couples ne peut que faire évoluer les choses dans le bon sens dans le futur. Le mouvement d’opposition semble s’estomper, même si ceux qui continuent sont de plus en plus violents. C’est vrai qu’il y a une mauvaise ambiance en ce moment, un climat de peur et d’insécurité. Mais on n’a pas plus de signalements de violences. Ce qui est inquiétant, c’est la radicalité des manifestants.
Je n’avais encore jamais manifesté aucun signe extérieur de mon homosexualité. Maintenant, je porte un badge de l’association, pour que des jeunes que je croise, dans la rue, dans le métro, puissent voir que ce n’est pas une honte et qu’on est là. Beaucoup de jeunes sont sortis du placard, ils n’y rentreront pas.
Que peut-on faire au niveau de l’Éducation Nationale pour faire avancer les choses ?
Le rapport de Michel Teychenné devrait proposer des réponses et le gouvernement a l’air vraiment soucieux d’agir contre l’homophobie et la transphobie. Ce qui importe, c’est surtout la prévention. Et puis des choses simples, comme prévoir la sanction des injures homophobes, par exemple, faciliter l’intervention des associations extérieures dans les établissements, ou encore diversifier les modèles dans les manuels scolaires ; parler aussi des événements de l’histoire, comme la déportation des homosexuels pendant la guerre ou les émeutes de Stonewall à New York, en 1969. Et puis, je l’ai évoqué dans la partie scolaire du rapport SOS Homophobie 2012 : les élèves se plaignent d’une passivité des adultes face aux injures et aux gestes homophobes qu’ils subissent de la part de leurs camarades. Les adultes voient ce qui se passe mais sont parfois gênés et n’interviennent pas. Récemment, un chef d’établissement qui nous accueillait pour une intervention, nous a dit qu’il considérait l’homosexualité comme un handicap… même sil était favorable au mariage et à la parentalité. Auprès des adultes aussi, il y a encore beaucoup à faire.
Propos recueillis par Jeanne-Claire Fumet
Association MAG jeunes LGTB
MAG – Jeunes Gais, Lesbiennes, Bi et Trans. – 106, rue de Montreuil – 75011 Paris – France.
Permanences les vendredis de 18h à 22h et les samedis de 16h à 21h.
Le rapport SOS Homophobie 2012 (rapport 2013 en ligne fin mai)
http://www.sos-homophobie.org/sites/default/files/ra[…]
Chargé d’une mission par Vincent Peillon, Michel Teychenné remettra courant juin un rapport sur la lutte contre l’homophobie à l’Ecole. Il se confie au Café pédagogique. Pour lui les enseignants sont prêts. Mais le ministère doit assurer un cadrage protecteur. Et les enseignants ont aussi besoin d’aide pour concevoir leurs séquences.
« Les personnels enseignants sont prêts à assumer cette ouverture », nous dit-il. « Je l’ai senti dans les discussions et les rencontres que j’ai fait. Mais il veulent un cadrage. Le climat général a montré des tensions et des réticences dont ils veulent se protéger.
Beaucoup des personnels éducatifs veulent bien faire mais ne savent pas comment faire : ils ne se sentent pas forcément concernés, ce n’est pas dans leur culture. Quant à leurs propres réticences, je rappelle que l’homophobie est un délit et que les personnels éducatifs ont une mission de service public.
S’il y a une chose qui m’importe vraiment, c’est que ce rapport soit utile : il obéit à une logique d’ensemble, on ne peut pas en détacher un point ou un autre, c’est une démarche globale dont je souhaite qu’elle permette de sortir de la situation de vide actuelle. Je suis totalement confiant dans l’engagement du Ministre, je connais son implication dans la lutte contre les discriminations en général et l’homophobie en particulier. Je ne me serai pas engagé comme je l’ai fait dans ce travail si je n’avais pas pleinement confiance. »
Propos recueillis par Jeanne-Claire Fumet
Sur le site du Café
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