La rentrée est moyennement réussie estime la FCPE. Paul Raoult, président de la première association de parents d’élèves a fait un premier bilan contrasté de la rentrée le 26 septembre. Pour les parents, le manque d’enseignants est encore un problème sérieux à certains endroits, comme le 93, et dans certains niveaux , comme la maternelle. La FCPE souligne aussi les difficultés dans la mise en place de la réforme des rythmes. Pour elle l’éducation nationale y a sa part, particulièrement les Dasen, incapables de jouer la concertation.
Des classes encore trop chargées
« Les plus de maîtres que de classes on ne les voit pas encore ». Tout en reconnaissant els efforts de l’éducation nationale, Paul Raoult, président de la FCPE, signale les points noirs de la rentrée. Le premier c’est le manque d’enseignants encore sensible dans certains endroits comme la Seine Saint-Denis. Dans le 93, « les efforts ne sont pas à la hauteur des besoins ». Au primaire, tous les TZR sont affectés sur poste fixe, selon la FCPE ce qui laisse augurer des absences massives non remplacées dans l’année. P. Raoult signale des classes trop chargées en maternelle avec jusqu’à 37 enfants par classe. Au lycée aussi, si dans certaines disciplines 35 ou 37 élèves sont acceptables, ce n’est pas le cas par exemple en langues.
Rythmes : Les freins sont aussi dans l’éducation nationale
« Il y a des endroits où il y a une volonté que ça ne marche pas », estime Paul Raoult à propos de la réforme des rythmes scolaires. Il signale les difficultés que peut avoir l’éducation nationale à se concerter avec les partenaires des nouveaux rythmes scolaires. En tête de liste, les Dasen. Chargés par le décret d’arrêter les rythmes scolaires, « ils sont incapables de faire une construction commune », juge Paul Raoult. Fonctionnaires d’autorité, « ils ne savent pas parler aux maires et aux parents » et refuseraient d’organiser les concertations nécessaires. Pire encore, selon la Fcpe, ils « mettent le cirque » en mettant les maires sous pression au point que ceux-ci prennent des décisions hâtives.
Par ailleurs, « on oublie souvent les intérêts des enfants de maternelle » estime la FCPE qui signale des problèmes d’heures de sieste et , plus généralement, le fait que le périscolaire soit placé souvent à partir de 15h30 c’est à dire au moment où l’attention des enfants remonte.
La FCPE se déclare pour la pérennisation du fond d’amorçage prévu pour aider les communes à appliquer les rythmes et demande que les activités périscolaires soient gratuites.
Pour de nouveaux rythmes annuels
La FCPE demande la mise en place de nouveaux rythmes annuels. « Il faut qu’on arrête de mentir aux lycéens en parlant de 36 semaines de cours », déclare P Raoult qui estime qu’il n’y a en fait que 32 semaines de cours en lycée. La Fcpe demande qu’il y ait deux calendriers scolaires annuels réalistes au lieu d’un fictif. Pour l’école et le collège elle souhaite 6 semaines de vacances en été seulement avec un dispositif de zonage quitte à ajouter une semaine dans l’année. Les examens devraient être inscrits dans le calendrier de façon par exemple à supprimer la semaine située entre la fin du DNB et la date officielle des vacances d’été.
« Pas mangé pas payé »
La FCPE est exaspérée des problèmes rencontrés pour les cantines. Elle demande l’intervention des préfets auprès des communes pour leur rappeler leurs obligations légales pour assurer l’égalité d’accès aux cantines scolaires. Dans le secondaire, la FCPE dénonce les tarifications abusives dans certains établissements. « Le système doit être simple , c’est « pas mangé pas payé », déclare P. Raoult.
A quelques jours de l’élection des délégués des parents d’élèves, Paul Raoult affiche une sérénité certaine. Même si de nombreux adhérents sont des enseignants, « la grande majorité des enseignants agissent dans l’intérêt des enfants » et les prises de position de la FCpe ne devrait pas lui nuire. Réponse dans une quinzaine.
François Jarraud
A deux semaines des élections des délégués des parents d’élèves, force est de constater l’écart de traitement entre parents et élèves au sein de la co-éducation voulue par la loi d’orientation. Alors que l’éducation nationale entreprend la première grande campagne pour les élections lycéennes, rien ne se passe pour celles des parents d’élèves. Font-ils plus peur que les lycéens ?
Il est vrai que le mal est ancien. En 2007, le rapport des inspecteurs généraux Alain Warzee et Gérard Lesage dénonçait » l’opacité du système éducatif » et reconnaissait que » la relation entre les parents et les enseignants est trop souvent faussée par des présupposés, des représentations mentales qui peuvent générer de l’agressivité, de la condescendance ou des comportements d’évitement ». Les rencontres entre parents et enseignants sont souvent frustrantes car le temps de dialogue est trop court, les locaux d’accueil sont souvent inadaptés, les horaires des réunions (comme les conseils de classe) inadéquats. L’information des familles est » insuffisante et mal conçue ». Cette situation pénalise les familles populaires qui ne savent comment orienter leur enfant.
Malgré les engagements, depuis 2007 peu de choses ont changé. Vincent Peillon a bien publié une circulaire demandant de contrôler le montant des fournitures scolaires exigées des familles, son impact semble modeste. La loi d’orientation prévoit un espace parents dans les établissements mais ne propose pas que l’Etat le finance… Elle recommande une expérimentation du droit de décision donné aux familles sur l’orientation des enfants en 3ème qui est en cours. Elle évoque la co-éducation et souhaite associer els parents aux projets des établissements.
Or les relations parents – établissements sont encore largement conflictuelles. Selon une enquête DEPP, 17% des parents déclarent avoir déjà eu un différend avec un enseignant ou personnel de direction. Un bilan réalisé par E Debarbieux et G Fotinos montre que si 86% des chefs d'(établissement s’estiment respectés par les parents, plus d’un sur dix ne l’est pas. Les parents apparaissent comme des auteurs importants des agressions sur les directeurs d’école (17% se plaignent de harcèlement dont l’origine est à 55% les parents, 40% d’insultes dont 62% proviennent des parents). C’est encore le cas à un niveau moindre pour les enseignants (36% insultés dont 20% venant de parents). Autrement dit, les relations sur le terrain sont tendues et les personnels craignent la relation avec les parents.
Or la question de la place des parents à l’école est d’abord sociale. Les parents de milieu favorisé sont généralement à l’aise avec l’Ecole. Ils savent parfaitement décrypter sa communication et l’utiliser au mieux. C’est très différent avec les parents des milieux populaires qui gardent leurs distances avec l’école.
La démocratisation de l’Ecole demande une reconnaissance plus importante de leur place dans l’Ecole. C’est nécessaire pour lutter contre les préjugés qui pénalisent l’orientation des enfants. C’est nécessaire pour la pacification des établissements. La reconnaissance des parents délégués et de véritables campagnes électorales seraient sans doute à même de diminuer la tension dans les établissements. Cette révolution reste visiblement à faire.
Familles et écoles : des chiffres inquiétants
Alors que la loi d’orientation institue la co-éducation associant établissements scolaires et parents d’élèves, l’Observatoire international de la violence à l’école s’associe au SNPDEN, le premier syndicat des personnels de direction, pour enquêter sur l’état des relations avec les parents et l’évolution des partenariats.
La loi d’orientation de juillet 2013 promeut la co-éducation et demande une participation accrue des parents à l’éducation par exemple en proposant une expérimentation de la décision finale donnée aux parents sur l’orientation en 3ème et en ouvrant des lieux d’accueil des parents dans les établissements. En même temps, une enquête menée par l’Observatoire international de la violence scolaire montre la montée des tensions entre parents et chefs d’établissements.
Selon Georges Fotinos, responsable de l’enquête lancée par l’observatoire et le Snpden, « 4 personnels de direction sur 10 ont été insultés au cours de l’année. Les auteurs de ce sinsultes sont d’abord les parents d’élèves… Quant aux menaces, elles concernent 2 personnels de direction sur 10 et, comme pour les insultes, on retrouve les mêmes auteurs ». Un personnel de direction sur 8 se plaindrait de harcèlement. « Ne serions nous pas en présence d’un phénomène émergent ? » , interroge G. Fotinos dans la revue du Snpden.
L’enquête tente une appréciation des relations avec les parents telles qu’elles sont perçues par les chefs d’établissement et une évaluation des partenariats avec eux. Elle évalue par exemple la participation à la vie de l’établissement (participation aux différents conseils) et les représentations que les personnels de direction se font de ce partenariat.
L’enquête aboutira à un ouvrage envoyé à tous les lycées et collèges.
F. Jarraud
Enquête SNPDEN – OIVE
http://www.snpden.net/enquete_eple_parents
Familles et écoles : des chiffres inquiétants
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2012/11/08112012Article[…]
Sur le site du Café
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