Chaque rentrée est une renaissance. C’est un nouveau contact qui nous remet en question et qui, on le sait, pèse sur ce que sera l’année.
C’est l’échec scolaire qui ouvre ce premier mensuel de l’année. Quel que soit le chiffre réel des « exclus du système » [1] il est certain qu’il est trop important. Un pays économiquement développé, une société démocratique ne peuvent accepter qu’un pourcentage sensible de leur jeunesse soit en situation d’échec. Parce qu’elle veut réveiller l’opinion, secouer le sentiment de fatalité bien inséré dans les consciences, y compris chez des enseignants, l’initiative de l’AFEV, la 1ère Journée du refus de l’échec scolaire nous semble importante. Philippe Meirieu, Jacques Nimier, André Giordan apportent leur vision du phénomène et leurs recommandations pour construire un système éducatif qui donne réellement sa chance à chacun.
Jamais sans doute aura-t-on empilé les réformes que cette année. Elles touchent aussi bien le primaire que le collège et le lycée, professionnel ou pas. Aussi quatre questions nous semblent incontournables ce mois-ci. La première concerne l’avenir de la maternelle, posée en des termes tellement méprisants par le ministre, tellement inquiétants par le rapport Tabarot, que son avenir en est obéré.
Toute aussi urgente est la question des rythmes scolaires. La réduction de la semaine de classe à 4 jours, mise en place au primaire, peut-être impulsée bientôt au collège, nous semble incompatible avec la lutte contre l’échec scolaire. Peut-on encore continuer à empiler des heures de cours interminables sur un nombre de journées de plus en plus réduit ? La réponse qui sera apportée affecte tout le fonctionnement du système, y compris ses acteurs locaux et les conditions des enseignants.
Car c’est bien le métier maintenant qui est soumis à l’urgence d’une redéfinition. Dans le secondaire l’évolution en cours va vers une diversification des publics et des tâches[2]. Ce n’est pas seulement la question de la complexité qui se pose mais aussi celle de sa reconnaissance si l’on veut que les choses fonctionnent. Dans le primaire, même diversification des tâches, rendue plus complexe encore par le sentiment d’isolement.
Le dernier enjeu de cette rentrée, c’est la formation des enseignants. On attend avec impatience les orientations qui seront données par le ministre. Tout laisse craindre un grand écart entre un métier plus complexe et des enseignants socialement et pédagogiquement moins bien adaptés.[3]
Mais nous voilà maintenant à nouveau devant nos élèves. Toute l’équipe du Café s’est mobilisée, dans le Guide pratique de rentrée d’abord, dans ce numéro ensuite, pour apporter les informations, les ressources qui peuvent la rendre plus douce. Pour chaque discipline, de l’école au lycée, nous souhaitons que vous trouviez dans ce numéro de quoi alimenter les jours qui viennent en réflexion, en actions, en espoirs. Bonne rentrée !
François Jarraud
[1] 150 000 sorties sans qualification ? 40% des élèves qui n’ont pas le niveau ? Les évaluations les plus fantaisistes circulent. Tout est affaire de définitions. On lira avec intérêt sur cette question le remarquable article d’André Ouzoulias « Chiffres de l’école : une entreprise de manipulation » http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2008/OuzouliasDeclinologuesmentent.aspx
[2] Sur cette question voir par exemple le dossier du Café http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/91_Metierenseignant_sommaire.aspx
[3] André Ouzoulias publie cette semaine un appel à ce sujet http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2008/formation_ouzoulias.aspx