Par François Jarraud
La question des notes du bac rebondit là où on ne l’attendait pas : dans le rapport annuel du médiateur de l’éducation nationale, Jean-Marie Jutant.
« Depuis qu’il exerce son activité, le médiateur a été saisi de réclamations assez nombreuses concernant le baccalauréat » note M. Jutant. « Une copie d’examen peut être notée différemment selon le correcteur auquel elle est soumise. Afin de parvenir à ce que les notes soient attribuées selon des critères homogènes, les règlements et circulaires d’organisation du baccalauréat prévoient différents dispositifs destinés à homogénéiser les pratiques des notateurs » Or, estime-t-il, » le médiateur a constaté que ce dispositif (d’harmonisation) présentait parfois, dans son application, des insuffisances ». Il relève que, par exemple, les jurys n’examinent pas les copies des candidats « comment rectifier une éventuelle erreur d’appréciation commise par un correcteur » interroge-t-il ?
Le bac de français est particulièrement ciblé puisque le livret scolaire du candidat n’est pas consulté et les correcteurs de français sont absents du jury de terminale.
Aussi recommande- t-il que le fonctionnement des commissions d’harmonisation soit fixé par décret ou arrêté et que le livret scolaire soit pris en compte lors des épreuves anticipées. » Les épreuves anticipées que les lycéens passent en fin de première devraient bénéficier d’un dispositif comparable à celui des épreuves de fin de terminale. Pour ce faire, il conviendrait que le ministère étudie la possibilité de rétablir l’examen du livret scolaire au moment de l’établissement de la note ».
Le médiateur va plus loin en demandant l’allègement des épreuves. « Partant du constat que le nombre des options proposées au baccalauréat (langues rares, sports, etc) est devenu excessif » et que « le résultat final au baccalauréat n’est quasiment pas modifié que le candidat passe cinq ou dix épreuves », il propose » d’étudier la possibilité d’alléger l’organisation de cet examen en le concentrant sur un nombre restreint d’épreuves portant sur les disciplines fondamentales dans chaque série ».
On sait que la notation au bac a fait l’objet d’un vif débat cette année après la publication par B. Suchaut d’une étude qui montrait de forts écarts de notation selon les correcteurs et même entre les copies d’un même correcteur. B. Suchaut parlait de « loterie des notes ». Certains, en réponse à ces critiques , avaient mis en avant le rôle des commissions d’harmonisation. Ce sont elles qui sont maintenant malmenées par le médiateur. D’autres, sous prétexte que la notation est imparfaite, souhaitent la disparition du bac et la mis en place de procédures sélectives à l’entrée de l’université.
Alors que la réforme du lycée est engagée, deux ans après la publication d’un rapport d’audit qui demandait la « simplification » du bac, la demande d’allègement de JM Jutant pourrait être entendue. Mais toucher au bac a toujours politiquement été dangereux…
Sur le Café, la notation au bac
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/bb2008_Notes[…]
Le site du médiateur
http://www.education.gouv.fr/pid282/le-mediateur-de-l-education-[…]
Sur le Café, le Guide 2008 du bac et du brevet
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/dossierBac-Bre[…]
83,3% de reçus
Le ministère a rendu publics les premiers chiffres du bac. Le cru 2008 se situe au niveau de 2007 avec 83,3% de reçus, tous bacs confondus. Cela représente 63,4% d’une génération, un taux à peu près stable depuis plus de 10 ans. 87,8% des candidats au bac général l’ont obtenu, soit 86,1% en L (+ 1,8% par rapport à 2007), 89,1% en S (+ 0,7%) et seulement 86,8% en ES (-1,5%).
Le bac technologique progresse avec 80,2% de reçus (+0,7%). Les bacs professionnels régressent avec 76,6% de reçus (- 0,3%).
On observe de forts écarts entre académies. Créteil n’a que 80% de reçus au bac général et 71% au bac technologique là où Grenoble obtient 93% au bac général et Nantes 87% au bac technologique.
Statistiques officielles
http://www.education.gouv.fr/cid21654/baccalaureat-2008-un-taux-de-[…]
Avec ou sans le bac
Que deviennent les bacheliers ? Selon une étude ministérielle, près de 90% des bacheliers poursuivent leurs études. Mais tous ne rencontrent pas les mêmes difficultés. Si 3% seulement des étudiants en STS se réorientent au bout d’un an, c’est le cas de la moitié des élèves des prépas littéraires ou de 16% des étudiants en université. Comment expliquer ces décalages ? Le type de bac joue fortement : ainsi en université 83% des bacheliers généraux ne changent pas d’orientation à la fin de la première année, contre la moitié des bacheliers technologiques ou professionnels. Comment l’expliquent-ils ? Plus d’un étudiant en université a du mal à s’organiser dans son travail et un sur trois manque d’intérêt pour les matières étudiées. Mais l’encadrement est aussi en cause. Ainsi seulement un étudiant en université sur cinq trouve du soutien pédagogique dans l’établissement.
Que devient-on sans le bac ? Sans le bac, rien n’est perdu ! Outre le redoublement et la préparation à distance, il est possible de préparer un bac professionnel, de choisir l’alternance, ou d’entrer en fac sans bac avec une capacité en droit ou en gestion ou encore en passant le diplôme d’accès aux études universitaires (DAEU).
Pour aller plus loin
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/bb2008_20[…]
Les pronostics étaient bien bidons
Cette année la mode des pronostics des sujets du bac avait pris de l’ampleur. L’arrivée des premiers sujets permet de faire le point : les donneurs de prévisions, qui ne sont pas les payeurs, ont-ils eu raison ?
Les sujets d’histoire-géographie tombés le 17 juin en série générale apportent des réponses. Les candidats ont planché en L et ES sur « la guerre froide 1947-1991″, « La France dans le monde de 1945 à nos jours » et un commentaire de documents sur les démocraties populaires et leur évolution (1948-1989). En géographie, des croquis des Nord et des Sud et de la mise en valeur de la Russie. En S, les sujets d’histoire étaient « la guerre froide », « la France dans le monde sous la Vème » et un commentaire de document sur la colonisation française 1848-1939. En géographie des croquis sur « des Nord et des Sud » et « l’organisation du territoire des Etats-Unis ».
Prenons l’exemple des pronostics de L’Etudiant. Ils avaient avancé pas moins de 8 sujets d’histoire, ce qui leur permettait de couvrir très largement le programme. Et bien ils n’ont que deux sujets approchant de loin les vrais sujets (les relations internationales, une indication particulièrement large, et la politique étrangère de la France au regard de l’Otan). Sinon ils prédisaient Mai 68, les 50 ans de la Vème, la naissance d’Israël, le Printemps de Prague, la décolonisation, et la vie politique en France depuis 1945. Les résultats ne sont pas meilleurs en géographie.
Que de tels pronostics soient bidons ne surprendra pas les enseignants. Ce qui est grave c’est qu’ils sont pris au sérieux par certains candidats. Cela les encourage à faire des impasses, une pratique déjà trop fréquente sans ces incitations, et à focaliser sur les sujets aux dépens des méthodes. Pour quelques recettes publicitaires supplémentaires c’est un réel manque de respect envers les candidats.
Les sujets
http://www.vousnousils.fr/page.php?P=data/autour_de_nous/l_actu[…]
Les prévisions de L’Etudiant
http://www.letudiant.fr/bac/bac-2008-les-sujets-qui-peuvent-to[…]