La France dépense-t-elle trop pour son
système éducatif ? Comment comparer cette
dépense avec celle des autres pays ? Comment se
décompose cette dépense entre les niveaux et entre
les personnels ? Regards sur l’éducation apporte des
éléments nouveaux et même parfois
surprenants. Comme la part de non enseignants dans la
dépense d’éducation.
Un profil de dépense atypique
Quelle part de la richesse nationale les pays consacrent-ils
à l’éducation ? Selon Regards sur
l’éducation 2019, la part du PIB consacré à
l’éducation peut varier du simple au double. Elle est de
3% en Russie contre 6% au Royaume-Uni. La France avec un taux un
peu supérieur à 5% se situe
légèrement au dessus de la moyenne de l’OCDE
(5%).
Mais le pourcentage de jeunes varie selon les pays de
façon sensible et on sait que la France fait exception en
Europe par sa natalité. Aussi faut-il évaluer par
élève la dépense. Si la France se situe
presque à la moyenne de l’OCDE pour la dépense
totale, par contre son profil de dépense est atypique. Les
dépenses par élève sont plus
élevées en France que dans la moyenne de l’OCDE
dans l’enseignement secondaire, mais plus faibles dans
l’élémentaire. En effet, les dépenses
annuelles par élève en 2016 sont plutôt
faibles au niveau élémentaire (7 600 USD contre 8
500 USD), légèrement supérieures à la
moyenne de l’OCDE au niveau du collège (10 600 USD contre
9 900 USD) et très élevées au niveau du
lycée (14 100 USD contre 10 400 USD). Au niveau de
l’enseignement supérieur, les dépenses
annuelles (y compris les activités de recherche et
développement) par élève
s’établissent à 16 200 USD en France, contre
15 600 USD pour la moyenne des pays de l’OCDE.
Des dépenses qui diminuent
relativement
Ces dépenses ont augmenté en moyenne de 5%
depuis 2010 dans l’OCDE. Ce n’est pas le cas en France où
les dépenses annuelles par élève ont
très peu évolué au niveau
élémentaire et secondaire (+1 % ) et elles ont
baissé au niveau de l’enseignement supérieur
(- 5 % comparé à + 8 % pour l’OCDE). Cette
dernière baisse est due en partie à la forte
augmentation du nombre d’étudiants (+ 11 %) entre
2010 et 2016 qui n’a pas été suivie par une
augmentation des dépenses aussi forte (+ 5 %).
Surtout, l’OCDE note que « entre 2010 et 2016, en France, les
dépenses publiques d’éducation ont augmenté
à un rythme moins soutenu que les dépenses
publiques totales (1 % contre 6 %). Cette tendance
s’observe également au niveau de l’OCDE, mais
avec un écart moins prononcé : 4 %
d’accroissement des dépenses publiques
d’éducation, contre 6 % d’accroissement des
dépenses publiques totales ».
Le poids important des non enseignants
Dernier point notable pour la France : ce ne sont pas les
enseignants qui coûtent cher. « En France, 58 % des
dépenses courantes des établissements
d’éducation publics de l’enseignement
élémentaire et secondaire sont destinées aux
salaires des enseignants », note l’OCDE. « Ce chiffre est
inférieur à celui de l’OCDE ou de
l’UE23 (63 %) ». La particularité de la France est de
consacrer une part plus importante au personnel non enseignant :
22 % contre 15 % pour l’OCDE et l’UE23. Ainsi, en
moyenne on dépense en France 8901 $ par
élève du primaire et du secondaire pour les
dépenses d’enseignement contre 8722 dans l’OCDE en
moyenne. Mais le coût des services auxiliaires se monte
à 1285 $ contre 635 dans l’OCDE.
François Jarraud