Il y a les grands discours sur les bienfaits de
l’obligation scolaire à 3 ans et l’exemple que cela donne
au monde entier. Et il y a la réalité des
évaluations internationales. Ce que montre Regards sur
l’éducation 2019, c’est que la France, qui a
été un pays modèle pour le
développement de l’éducation
pré-élémentaire, ne l’est plus. Le taux
d’encadrement des enfants en maternelle est trop bas et la
majorité des pays accueille davantage d’enfants de moins
de 3 ans.
La loi Blanquer a un impact quasi nul sur la
scolarisation en maternelle
La loi Blanquer a validé la promesse
présidentielle de l’obligation scolaire à 3 ans.
Une promesse facile à tenir puisque 98% des enfants de 3
ans étaient déjà scolarisés. Les
enfants qui ne l’étaient pas soit sont accueillis en
jardin d’enfant, soit sont instruit à la maison, soit
habitent des départements très en retard pour la
scolarisation. Dans ces trois cas, la loi ne change rien.
Finalement le seul impact de la loi sera de faire prendre en
charge par l’État, à travers les communes, le coût
des maternelles privées, justifiant ainsi un transfert
d’une centaine de millions vers ces écoles.
La France en retard pour l’accueil des moins de 3
ans
De son passé, la France a hérité une
situation assez favorable pour la maternelle. « En France, la
quasi-totalité des enfants de 3 ans en 2017 étaient
déjà inscrits en
pré-élémentaire alors que la moyenne OCDE
est largement inférieure (77 %) », note l’OCDE. « De plus,
87 % des enfants en pré-élémentaire sont
scolarisés dans des établissements publics en
France contre 66 % pour l’OCDE et 73 % pour
l’UE23 ».
Mais la France enregistre un retard certain pour l’accueil des
enfants avant 3 ans. On se situe tout juste au niveau de la
moyenne OCDE. Une quinzaine de pays nous précèdent,
dont l’Allemagne, les pays du Nord ou l’Espagne. On sait que ce
taux est en baisse. Celle-ci pourrait s’accélérer
avec l’application des dédoublements en grande section de
maternelle.
Un taux d’encadrement trop faible
Autre ombre au tableau, pour l’OCDE, le taux d’encadrement.
« Malgré la baisse du nombre d’enfants de 3 à
5 ans entre 2014 et 2017 », note l’OCDE, « le nombre
d’élèves par enseignant reste
élevé au niveau
pré-élémentaire avec 23 élèves
par enseignant (7 élèves de plus que pour la
moyenne des pays de l’OCDE) ». Même en prenant en
compte le ratio adultes / enfants (en ajoutant les Atsem), le
taux d’encadrement est de 16 élèves par
personnel de contact contre 12 pour l’OCDE.
François Jarraud