Par François Jarraud
L’Elysée vient de le rappeler le 20 avril : les parents d’élèves abstentionnistes se verront retirer les allocations familiales. Cette politique des représailles familiales n’est pas seulement socialement injuste. Elle est aussi parfaitement inefficace.
« Le gouvernement veut aller très vite » a précisé Luc Chatel lors du Grand jury RTL Le Figaro LCI du 28 mars. Le ministre a annoncé que la suspension des allocations familiales aux parents d’enfants absentéistes sera confiée aux préfets. Actuellement elle relève des présidents de conseils généraux qui peuvent, depuis 2006, la demander. Donner aux préfets ce pouvoir de sanction permettrait probablement de rendre l’application bureaucratique automatique.
Luc Chatel suit en cela les déclarations de Nicolas Sarkozy le 24 mars. « L’absentéisme scolaire est un fléau. La responsabilité des parents doit être engagée, les sanctions en matière d’allocations familiales doivent être effectives », avait déclaré le président de la République. « Les jeunes qui ne peuvent pas suivre une scolarité normale seront placés dans des établissements adaptés où ils ne perturberont plus la vie des autres et où ils feront l’objet d’un accompagnement spécifique » avait-il ajouté. Ces propos ont été réitérés le 20 avril. « Les familles ont aussi une responsabilité », a déclaré Nicolas Sarkozy. « C’est trop facile de déresponsabiliser les gens. Quant une famille n’arrive pas à faire face, alors nous l’aiderons. Inspecteurs d’académie, chefs d’établissement, services sociaux, nous les aiderons. Mais quant on ne se préoccupe pas de savoir si son enfant va à l’école ou pas, il est normal que la société réagisse ».
Quelle efficacité ? Le Royaume-Uni applique les sanctions financières et même la prison pour les parents d’élèves absentéistes. De 2005 à 2007, pas moins de 133 parents ont été embastillés pour cette seule raison. Et près de 8 000 amendes sont distribuées chaque année. Jeudi 26 mars, les statistiques de l’absentéisme scolaire pour 2009 ont été publiées. Elles montrent un taux record d’absentéisme ! D’année en année il grimpe régulièrement, preuve de l’inefficacité de cette politique des sanctions.
C’est que l’absentéisme a des causes nombreuses, certaines étant parfaitement légitimes comme la volonté d’échapper au racket, la nécessité de travailler, une situation familiale difficile, une orientation désastreuse etc. La crise de la parentalité est d’ailleurs contestée par les sociologues qui montrent plutôt que les parents encadrent davantage leurs enfants que dans le passé. Ainsi les jeunes passent plus de temps avec leurs parents : 70% passent régulièrement du temps avec leur mère, contre 62% en 1986. 85% des parents veulent savoir où leurs enfants vont. C’était 79% en 1986. Alors comment expliquer la montée des comportements répréhensibles ? Les chercheurs incriminent la pression des groupes de jeunes et la culture jeune. Pas les parents. Punir les parents ne sert donc à rien.
Sauf, peut-être, à regonfler une majorité revenue essorée des élections en donnant à manger à ses électeurs une partie de la population qu’on stigmatise.
L’émission Grand jury RTL Figaro LCI
http://www.rtl.fr/fiche/5937271781/invite-du-grand-jury-rtl-l[…]
Des projets désastreux
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/03/25032[…]
Le Se-Unsa dénonce l’instrumentalisation de l’Ecole
« A chaque problème sa sanction ». D’après le Se-Unsa, c’est la devise de N Sarkozy. Dans un communiqué du 29 mars, le syndicat s’indigne des propos tenus par le président de la République le 24 mars. « L’absentéisme scolaire est un fléau », avait dit N Sarkozy. « La responsabilité des parents doit être engagée, les sanctions en matière d’allocations familiales doivent être effectives, les jeunes qui ne peuvent pas suivre une scolarité normale seront placés dans des établissements adaptés où ils ne perturberont plus la vie des autres ».
« Plutôt que d’essayer d’apporter une vraie réponse à ce problème et à celui des décrocheurs (notamment dans la voie professionnelle) » déclare le Se Unsa,, « le Président et son ministre nous rejouent le couplet de la stigmatisation et de la sanction. Les choses sont simples pour le gouvernement, à chaque problème sa sanction ».
Communiqué
http://www.se-unsa.org/spip.php?article2146
L’Ecole enjeu du recadrage droitier post-électoral
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/03/25032[…]
367 000 élèves exclus chaque année
Le Monde publie ces chiffres tirés d’une étude de G Fotinos qui sera communiquée aux Etats généraux de la sécurité à l’école. Elle recense 17 000 exclusions définitives et 367 000 exclusions temporaires dans les établissements secondaires français pour 2,2 millions d’élèves. L’étude établit une géographie de l’exclusion : elle touche deux fois plus les L.P. que les lycées généraux.
Article du Monde
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/04/06/l-exclusio[…]
D Zay : Le lien exclusion et facteurs sociaux
http://cafepedagogique.net/lemensuel/larecherche/Pa[…]
Sur le site du Café
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