Par François Jarraud
Lutter efficacement contre le harcèlement à l’Ecole sera difficile. Ce n’est pas qu’une question de moyens. C’est aussi un changement global de la machine école.
A tous ceux qui pensent que le politique est désynchronisé de la recherche, la publication du rapport Unicef sur le harcèlement scolaire apporte un beau sujet de réflexion. L’étude d’Eric Debarbieux et de Georges Fotinos met les politiques au pied du mur tellement le phénomène est mis à nu, intolérable et puissant.
Evidemment la réponse à apporter passe par des moyens supplémentaires pour l’Ecole. On restera dans l’impuissance si la formation des enseignants n’est pas fortement améliorée ce qui passe par des changements dans la formation initiale universitaire mais aussi sans doute par une entrée plus progressive et plus accompagnée dans le métier. Or on sait que pour récupérer des postes, celle -ci a été brutalement transformée. Mais c’est aussi des moyens de formation continue qui sont nécessaires si l’on veut avoir un impact réel. Et là encore les crédits ont été sabrés. Enfin il faut sans doute davantage d’adultes dans les établissements, davantage aussi d’adultes formés à la prévention . Or on sait ce que le ministère fait des Rased.
Mais lutter contre le harcèlement nécessite une véritable réflexion sur le vivre ensemble. Les pays qui ont réussi à faire baisser le taux de harcèlement l’oint fait quand une unanimité a été faite sur la violence à l’école. Par exemple, c’est al publication d’un rapport devant la Chambre des Lords, qui a fait bouger les choses en Angleterre. Est-on certain qu’il y ait unanimité en France pour juger par exemple les violences exercées par les adultes sur les enfants intolérables ? La France n’a pas interdit les châtiments corporels et la fessée bénéficie encore d’une tolérance assez large dans l’opinion. Or si les parents n’appuient pas la lutte contre la violence exercé epar els adultes, il sera impossible de l’empêcher entre enfants. On se rappelle que récemment un enseignant frappeur avait bénéficié d’un soutien jusqu’au sommet de l’institution scolaire.
Les conditions de vie dans les établissements sont aussi impliquées. Les écoles et les établissements ont souvent été conçus comme des usines à enseigner. Au son des sonneries, les locaux organisent une successions d’heures de cours. Sorti de ces moments, l’établissement n’offre souvent aucun espace de travail confortable (pas de bureau pour les profs par exemple). Encore moins d’espaces conviviaux, de divans moelleux, de lieux de parlotte, de parloir intime. Tout cela a été jugé inutile dans un établissement scolaire. Plus qu’une histoire d’argent, c’est notre représentation de l’Ecole, du « maître » et de l’élève qui doit changer. Beaucoup a été fait en ce sens depuis 1968. Ce mois de mai a été un accélérateur de mutation incroyable pour l’Ecole. Pour être à sa hauteur les Assises prévues début ai 2011 ont du pain sur la planche.
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