La publication par la DEPP, direction des études du ministère de l’éducation nationale, des derniers chiffres sur le coût de l’enseignement montre que, contrairement à ce qu’on a pu lire ici ou là, la dépense éducative française s’éloigne fort peu de la moyenne OCDE. La singularité française est ailleurs..
« En 2010, la dépense annuelle pour un élève ou un étudiant en France s’élève à 10 180 $PPA, au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE (9 310 $PPA) », annonce une nouvelle étude de la Depp. Mais la France est loin des dépenses de certains pays de l’OCDE comme les États-Unis (15 170 $PPA). Elle connait surtout une grande inégalité entre primaire et secondaire. » Elle est en dessous de la moyenne pour l’enseignement primaire1 (avec une dépense annuelle moyenne de 6 620 $PPA contre 7 970 $PPA pour l’OCDE) mais au-dessus pour le secondaire (10 880 $PPA contre 9 010 $PPA pour l’OCDE) », souligne la Depp. « Dans l’enseignement supérieur, la France est au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE (15 070 $PPA contre 13 530 $PPA) ».
La première singularité française est donc dans la répartition de la dépense. Au lieu de mettre les moyens sur le primaire, l’Ecole dépense beaucoup au secondaire c’est à dire en fait au lycée. La seconde particularité c’est que le financement de la dépense éducative est encore majoritairement faite par l’Etat (55%) alors que dans la plupart des pays de l’OCDE c’est la collectivité territoriale qui prend en charge la dépense éducative (26% en France).
On mesure alors la profonde mutation qui est engagée en France. D’une part, avec la réforme des rythmes et le transfert de compétences aux régions, la part des collectivités locales dans la dépense d’éducation ne cesse de croitre. C’est une véritable mutation qui est en train de se faire à travers une décentralisation accrue du système éducatif. Certains rêvent déjà de territorialiser les enseignants…D’autre part le ministre a entrepris de donner la priorité au primaire. Visiblement il y a des excédents possibles dans le secondaire et une marge de progression à faire au primaire. La publication des données OCDE montre que c’est justifiable. Le taux d’échec scolaire suffirait d’ailleurs à le démontrer.
Mais on se rend compte à quel point ce double mouvement prend à rebrousse poil une tradition scolaire bien ancrée. Pour être plus efficace le système éducatif doit accepter la décentralisation et abandonner son élitisme. La simple lecture de la moyenne du cout de l’éducation cache en fait une révolution politico-culturelle.