Par Rémi Boyer de l’association Aide aux Profs
Ce mois-ci, nous attirons votre attention :
– Sur le parcours de carrière très diversifié de Jacques Inaudi, ancien professeur d’EPS ;
– Sur la difficulté des enseignants à obtenir une Indemnité Volontaire de Départ pour un projet personnel, à travers le témoignage de Christophe Rouaud ;
– Sur l’évolution des activités de notre association à partir de la rentrée 2012.
Jacques Inaudi, ancien professeur d’EPS, a réalisé un parcours de carrière très diversifié hors de l’Education nationale
Pouvez-vous nous décrire les différentes étapes de votre parcours de carrière ?
« Après mon Bac, de 1967 à 1970 je suis allé en Allemagne faire mon service militaire comme Maître d’Armes, détaché dans un lycée français. J’y ai alors enseigné l’EPS. Très vite je me suis senti mal à l’aise dans ce métier et me suis convaincu qu’il fallait partir. Je suis donc revenu en France, et j’ai trouvé du travail comme dessinateur industriel dans une usine de produits béton, sans avoir repris de formation préalable. Cela m’a permis de passer le temps, en attendant de trouver autre chose.
Fin 1970 j’ai été recruté au Crédit Mutuel de Bretagne, en agence, pour être employé au guichet. Au bout de 9 mois, dans cette entreprise en pleine expansion, il m’a été proposé de créer de toutes pièces et de gérer une agence, alors que je n’avais pour seul diplôme qu’un Bac et ma formation de Maître d’Armes, et j’ai accepté. Pendant les 8 années suivantes, j’ai alors été responsable de différentes agences, au fil du temps, de plus en plus importantes, cette fonction me laissait beaucoup d’autonomie et de responsabilités dans mon travail.
Après cette très riche expérience professionnelle, j’ai eu envie de changer, car j’étais saturé. Pris par ce travail passionnant, étant célibataire, je n’avais quasiment jamais pris de vacances. Je suis donc parti fin 1978 à la recherche d’un autre emploi. J’ai répondu à une annonce d’ EDF qui cherchait un salarié temporaire et j’ai été recruté pour 6 mois. J’avais placé comme condition dans mon contrat que je puisse me rendre à tous les entretiens d’embauche auxquels je pourrais être convié, puisque je n’avais pas l’intention de rester chez EDF. Rapidement et simultanément, j’ai eu une proposition pour aller en Guyane à Kourou pour gérer un chantier sur le site d’Ariane, et une autre proposition dans une filiale du Crédit Foncier à Paris, j’ai alors prévenu mon employeur, qui m’a proposé la transformation de mon contrat temporaire en CDI, ce que j’ai accepté.
Très vite, j’ai eu l’occasion de passer un concours national donnant accès à une formation de type Universitaire, sur 3 ans à temps plein incluant notamment des cours dispensés à La Sorbonne Paris 1 et à l’ESSEC.
En 1985, à l’issue de cette formation, j’ai été affecté à EDF à la Centrale de Flamanville comme adjoint au chef du service des ressources humaines, qui est parti 2 ans plus tard, et que j’ai alors remplacé jusqu’en 1990.
Flamanville, ce fut une ambiance de chantier extraordinaire, j’en garde de très bons souvenirs, je me suis fait beaucoup d’amis là-bas.
Ensuite, dans le contexte normal et habituel de la mobilité des cadres, j’ai été muté à la Direction Régionale de la Production comme Responsable du Service Juridique et Fiscal, dans le domaine du contentieux, où je dirigeais alors 20 personnes. J’y suis resté de 1990 à 1994, mais l’ennui venant à nouveau, de 1994 à 1999 j’ai rejoint EDF à Mont-Saint-Aignan comme chargé de mission communication et relations avec la presse, avec la mise en place d’un journal interne. J’ai fini aussi par m’ennuyer…et de 1999 à 2002, je suis alors devenu Attaché de Direction à la Centrale de Penly, au nord de la Seine-Maritime. Et là, je ne me suis pas plu du tout (pour rester poli !) ne retrouvant pas l’ambiance pionnière que j’avais pu connaître à Flamanville.
J’ai donc fait en sorte d’être recruté à Paris à la Direction des Centrales, où j’ai alors fait équipe avec le Directeur de l’Immobilier d’EDF, pour réfléchir à la politique du logement à EDF et la réformer. De 2002 à 2008, ce fut passionnant, nous étions une petite structure de 3 à 5 personnes avec beaucoup d’autonomie, et de pouvoir de décision. J’avais la chance d’inventer et de développer mon activité qui consistait à réorganiser la gestion technique du patrimoine immobilier d’EDF sur l’ensemble du territoire français, soit environ 15 000 logements, et à gérer un budget d’investissement d’environ 100 millions d’euros par an !
J’y ai terminé ma carrière le 1er février 2008, j’ai dû prendre ma retraite, plutôt malheureux d’arrêter de travailler.
Pendant les années 1997 à 2008, j’ai été élu, en parallèle à mon activité professionnelle, au Conseil des Prud’hommes, mandaté par la CFDT à laquelle j’adhérais depuis des dizaines d’années. J’y présidais les audiences publiques de la section encadrement , participais aux délibérés et rédigeais les jugements. J’étais également mandaté par la CFDT pour assurer la défense des salariés devant la juridiction prud’homale, le Tribunal des Affaires Sociales et la Cour d’Appel devant laquelle j’ai eu l’opportunité de plaider une fois. Ce fut une expérience absolument passionnante. De plus à Paris comme à Penly, je représentais mon employeur EDF, y compris devant les TGI ou les Conseils de Prud’hommes. J’ai ainsi découvert l’art de la plaidoirie, de la défense, de la négociation.
Accessoirement, en 2008 – 2009 j’ai fait partie du Conseil d’Administration de Que choisir ? à Rouen. N’y trouvant pas le plaisir que j’espérais j’ai arrêté ce bénévolat après 2 ans.
Pourquoi avoir cessé d’enseigner si vite ?
« L’EPS me plaisait comme activité, comme pratiquant, mais dès qu’il s’est agi de transmettre cette discipline, cela m’a beaucoup déplu. Le rapport aux élèves (de collège, de lycée) me mettait mal à l’aise, et je me suis immédiatement aperçu que je m’étais trompé de voie, qu’il ne fallait surtout pas que je tente d’y persister. J’ai eu l’impression qu’en restant dans ce métier, j’y aurais été malheureux toute ma vie. C’était beaucoup trop ennuyeux, et j’avais l’impression de n’y développer aucune compétence. »
Quelle expérience professionnelle vous a le plus apporté ?
« Ce sont mes 9 ans dans la banque qui m’ont le plus marqué, car ce fut l’expérience la plus utile. Le travail y était extrêmement autonome, et j’y avais beaucoup de responsabilités, de pouvoir, et j’y ai gagné beaucoup en assurance et en confiance. Plus tard, au Conseil des Prud’hommes, j’ai appris la modestie, à écouter les autres, à débattre, ce fut très enrichissant, cela a changé beaucoup mon approche de la société, des problèmes sociaux. »
Que conseilleriez-vous à un jeune prof qui estime lui aussi s’être trompé de métier ?
« D’abord, d’avoir confiance en lui et dans l’avenir. Quand on quitte un monde aussi figé (dans ses structures) que l’enseignement, tout devient possible. Si l’enseignant est malheureux dans ce qu’il fait, il lui faut partir le plus vite possible, au lieu de se morfondre, de devenir un déprimé chronique !
Il est essentiel de se préparer, de bien prendre ce temps pour rebondir ailleurs, pour définir son projet, puis foncer pour le réaliser. Surtout, il faut garder à l’esprit que l’activité professionnelle doit être synonyme de plaisir. »
Et que diriez-vous à un enseignant qui souhaite créer son entreprise ?
« Il faut vraiment le vouloir, car c’est une aventure aléatoire, risquée, anxiogène ! Il est essentiel de bien s’y préparer. Seuls les gens très bien préparés – et j’insiste lourdement sur ce point – réussissent. Il ne faut pas créer son entreprise seul, sans conseils, sans accompagnement. Il faut aller rencontrer des conseillers par exemple à la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) de son département, et ne pas se contenter d’un seul avis. Il faut prendre le temps d’analyser son projet, et accepter de se faire critiquer, car ce sera positif pour l’avenir. Il est important d’aller à la rencontre de personnes ayant eu un projet similaire, puis de prendre ensuite le risque.
Je conseille un capital de départ de 5 000 à 10 000 €. »
Vous qui avez été Directeur d’Agences du Crédit Mutuel, pouvez-vous nous exposer les difficultés que rencontrent en général les entrepreneurs ?
« En effet, j’ai fait dans ma carrière au Crédit Mutuel du crédit aux petites entreprises, aux commerçants, aux artisans, et aux particuliers. Quand les petites entreprises déposent leur bilan, ou se mettent en cessation d’activité, c’est pour deux raisons essentielles :
– des carences en matière de gestion, avec dès le départ une confusion entre Chiffre d’Affaires et bénéfice ; un manque d’attention à la facturation des clients. Cela induit une descente aux enfers épouvantable et l’individu en est lui aussi bouleversé ;
– un mauvais choix initial en cible de clientèle, en secteur de marché. L’étude de marché préalable est capitale pour ne pas aller droit dans le mur. Aujourd’hui, il existe heureusement des structures de conseil et d’accompagnement par exemple dans les CCI .
Il faut savoir que les petits entrepreneurs sont facilement déstabilisés s’ils oublient de prendre le temps nécessaire pour leur gestion. Si l’un de leurs clients leur fait un « chèque en bois », et que ce défaut de paiement concerne un grand pan de leur activité, alors c’est la catastrophe. Il faut absolument éviter d’être dépendant, dans son activité, de quelques clients. »
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur les enseignants ?
« Ce sont des gens formidables, passionnés et passionnants, mais pris dans un carcan kafkaïen… ! Je les considère souvent comme très conservateurs mais ils sont gérés par une administration aveugle qui ne reconnaît pas ses salariés, qui est incapable de valoriser leurs compétences. Tout cela ne favorise pas un climat de confiance entre l’employeur Education Nationale et ses salariés.
Par exemple, mon épouse a été enseignante, elle est partie après 25 ans de métier. Lors de son départ, le rectorat n’a même pas organisé un pot dans son école, même pas cette petite reconnaissance là ! Cela peut paraître dérisoire mais en matière de Gestion des ressources Humaines , je considère que c’est est un grave dysfonctionnement.
Dans toutes les entreprises où j’ai travaillé, il y avait des égards pour les gens qui partaient en retraite. L’entreprise payait le restaurant, ou offrait quelque chose avec les collègues. Les enseignants, eux, sont complètement ignorés par leurs managers. Cela donne l’impression que dans ce système il n’y a aucun respect de la personne, c’est vraiment du grand n’importe quoi ! »
Pourquoi faire simple quand il est possible de rendre la vie des enseignants compliquée ?
En demandant à démissionner de l’Education nationale après 20 ans de bons et loyaux services, Christophe Rouaud pensait pouvoir bénéficier d’une Indemnité Volontaire de Départ conforme au libellé du Décret du 17 avril 2008 qui l’avait instituée. Christophe a un projet personnel, à 52 ans, ce qui est courageux de sa part, alors que l’activité principale des conseillers mobilité carrière de l’Education nationale consiste pour l’instant, puisque la pénurie d’enseignants s’installe progressivement dans toutes les académies, à persuader les enseignants de changer de discipline, de niveau d’enseignement, de devenir chef d’établissement, ou inspecteur.
Mais Christophe, comme tant d’autres, n’imagine pas que le métier d’enseignant soit une prison, et comme la circulaire du 7 avril 2009 propose d’attribuer une IDV aux projets personnels, il ne comprend pas que l’administration se permette d’émettre un jugement sur ce projet, et lui propose un montant ridiculement bas.
A l’origine, tout semblait simple pourtant :
Les enseignants souhaitant démissionner pouvaient demander à bénéficier d’une Indemnité Volontaire de Départ pour créer ou reprendre une entreprise, pour réaliser un projet personnel, ou pour pallier à une restructuration de leur service, plutôt que d’avoir à réaliser une mobilité géographique vers pétaochnok.
C’était sans compter le savoir-faire des technocrates qui, sitôt la circulaire publiée, se sont attachés à restreindre, dans une apparente légalité, les possibilités d’obtention des 24/12e de salaire promis, alors qu’en parallèle le Ministère de la Défense a, lui, conçu un document d’attribution d’IDV très précis en fonction du nombre d’années d’ancienneté, avec des IDV pouvant atteindre plus de 90 000 euros. Deux poids, deux mesures : si l’IDV a été décidée avant tout pour diminuer le nombre de fonctionnaires, on ne peut pas pardonner à l’Etat actuel de ne pas avoir prévu un budget suffisant pour honorer toutes les demandes dans les conditions prévues par les textes, ni de procéder différemment selon les ministères, aucun n’ayant la même politique d’indemnisation.
Trois ans après la mise en œuvre, il ne s’agit pas d’un parachute doré, mais d’une énième galère que vivent les enseignants qui la demandent, pour une raison simple : le barème de calcul de l’IDV attribuée est opaque, avec des fourchettes de taux en fonction du nombre d’années d’ancienneté et de la nature du projet.
http://www.ac-versailles.fr/public/upload/docs/appli[…]
Seule l’université de Lille propose un barème d’application plus détaillé, permettant de mieux comprendre pourquoi les projets personnels sont si mal lotis :
http://snesup.univ-lille1.fr/site/IMG/pdf/Note_IDV.pdf
En 2009 nous avions été saisis d’un cas sur l’académie de Créteil, un enseignant depuis un an en disponibilité et qui s’était vu opposer un refus avec une IDV portée à…zéro euro. Après la publication de son interview avec le témoignage d’Aide aux Profs dans l’édition nationale de « 20 minutes », son IDV avait été en moins de 24h portée de zéro euro à près de 22 000 euros par le Recteur de l’académie, sans doute affolé à l’idée d’une poursuite de la médiatisation de ce refus d’indemnisation.
Nous en avons déduit à cette époque que, pour obtenir une IDV d’un montant acceptable, l’enseignant était obligé de faire pression sur son administration : de quelle forme de GRH s’agit-il ici, quand l’enseignant doit montrer les crocs pour que son bon droit soit respecté ? Il semble que chaque académie interprète depuis le décret initial à sa convenance, ce qui a alimenté le web d’un profond mécontentement des enseignants qui l’ont souhaitée.
Les enseignants les plus motivés finissent par saisir le médiateur de leur académie, déjà débordé d’autres dossiers, ou par saisir le Tribunal Administratif, en faisant appel à un bon avocat, pour obtenir la somme qui leur est due.
De ce fait, cela ne fait qu’être contre-productif, et contribue à diminuer l’attractivité du métier d’enseignant, contribuant au malaise ambiant, puisque, en rendant complexe une idée simple au départ, le système a engendré de nouvelles frustrations, comme par reproduction d’un modèle qui a longtemps fait ses preuves: celui de la démoralisation des enseignants, dans un système qui n’a pas beaucoup développé de passerelles entre les corps, qui n’a pas su valoriser le potentiel immense que constituaient les secondes carrières dont il disposait en son sein depuis des décennies, et qu’il a tout bonnement supprimées : postes RASED, emplois mis à disposition, et détachements, qui sont en voie de diminution, tout comme les postes PACD et PALD ces dernières années.
Entre 2010 et 2012, nous avons été mis au fait des différents montants obtenus pour des IDV, alors que le MEN ne publie toujours aucun chiffre, que ce soit sur le nombre de demandeurs, ou sur le nombre d’IDV acceptées. Il est toujours très difficile d’obtenir des informations sur les montants attribués, et alors que certaines académies sont très généreuses (Versailles), d’autres sont pour le moins radines (Rennes, d’après le témoignage de Gwann Suanez ; Nantes, d’après le témoignage de Christophe).
Pour l’instant, nous savons que pour les académies qui appliquent normalement le décret et sa circulaire d’application, que les montants varient de 32 000 euros à 50 000 euros bruts selon le grade et le nombre d’années d’ancienneté.
Mesdames, Messieurs,
Je veux attirer votre attention sur la mise en œuvre concrète de l’une des « mesures phares » du quinquennat qui s’achève : la réduction du nombre de fonctionnaires est l’un des axes principaux de la politique du gouvernement actuel, et l’institution d’une Indemnité de départ volontaire (IDV) devait y participer.
Agé de 52 ans, enseignant depuis 20 ans, j’ai déjà connu une mobilité professionnelle importante (commercial, puis adjoint administratif avant de devenir professeur certifié puis agrégé). J’apprécie ce métier, j’ai toujours eu d’excellents rapports avec mes élèves, leurs parents et les personnels de direction des établissements où j’ai enseigné, mais j’ai tout simplement envie de « passer à autre chose ».
Le décret gouvernemental n° 2008-368 du 17 avril 2008 ayant créé une Indemnité de Départ Volontaire pour les fonctionnaires qui souhaitaient quitter l’administration (repris par la circulaire n° 2009-067 du 19 mai 2009 au sein du Ministère de l’Education Nationale), j’ai demandé à en bénéficier. Le Rectorat de Nantes a accepté ma demande de démission mais en m’octroyant une IDV de 8 000 euros (totalement insuffisante pour envisager une reconversion) qui ne correspond qu’à 7 % du plafond fixé par les textes alors qu’en ma situation j’aurai dû percevoir entre 50 et 100 % de ce plafond.
Ce montant dérogeant totalement aux textes officiels, mais aussi à l’égalité de traitement des fonctionnaires (d’autres collègues d’autres académies ou d’autres administrations ayant perçu des IDV prévues par les textes), j’ai donc écrit au président de la République, ainsi qu’au Ministre de l’Education Nationale et au Recteur de l’Académie de Nantes pour leur demander de bien vouloir reconsidérer le montant attribué, courriers restés sans réponse à ce jour.
Faut-il en conclure que cette IDV n’est applicable qu’au « cas par cas » (pour ne pas écrire « à la tête du client »…) ? Force est d’admettre que l’obscurité la plus complète règne au sein des divers rectorats sur les modes d’attribution de cette indemnité. Il m’a semblé qu’en pleine campagne électorale, l’application « fantaisiste » de cette mesure pouvait susciter votre intérêt. Si vous souhaitez approfondir le sujet, je reste à votre entière disposition pour vous fournir les textes et documents complémentaires.
Je vous remercie cordialement de votre lecture,
Christophe Rouaud
D’autres témoignages similaires et de plus en plus nombreux :
Sur Samestory :
http://www.same-story.com/rechercher-un-temoignage/?q=IDV
http://www.same-story.com/vie-professionnelle/plan-de-dep[…]
http://www.same-story.com/vie-professionnelle/plan-de-depa[…]
Sur Médiapart :
http://blogs.mediapart.fr/blog/antoine-bourgeois/250810/co[…]
Sur Droit-Finances :
http://droit-finances.commentcamarche.net/forum/affich-3848[…]
Sur le Café Pédagogique :
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/200[…]
Sur le blog de Maître André Icart, Avocat en droit public :
http://avocats.fr/space/andre.icard/content/_2D9B7EE7-C65E-47[…]
Le traitement de l’IDV dans trois autres ministères :
http://www.cfdt-feae.com/articles/1244192816ACTU.pdf
http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/SRHC20091005Z.pdf
http://www.police.cgt.fr/IMG/pdf_circulaire_ID[…]
Puisque l’Education nationale a déployé des cellules de mobilité pour ses personnels, que peut devenir Aide aux Profs ?
Le dispositif ministériel s’est déployé, mais ne facilite pas la mobilité externe, ce qui renforce la perte d’attractivité du métier d’enseignant : une fois entré dans ce métier, l’administration fera tout ce qui est en son pouvoir pour vous empêcher d’en sortir, telle est notre conclusion.
Cette année, nous aurons pu constater la montée en puissance, sans véritables moyens, du dispositif de mobilité professionnelle pour les enseignants. Désormais, les personnels d’encadrement – IEN, IA-IPR, personnels de direction – connaissent tous leur rôle de relais et d’accueil, même si beaucoup manquent de disponibilité dans un emploi du temps déjà très chargé pour s’occuper de toutes les demandes des enseignants.
Les témoignages sur le temps de travail des CMC sont abondants et convergents : ces personnels travaillent bien plus que leur temps normal, ne sont pas assez formés, manquent de ressources documentaires, maîtrisent mal les textes pour certains, et sont parfois conduits à prendre des congés maladie, lorsqu’ils connaissent comme les enseignants des situations de burn-out. Notre expérience nous prouve qu’un CMC a besoin d’être coaché, de se ressourcer, et il ne nous semble pas raisonnable de faire ce métier toute une vie sans périodes de formation continue, et il semble souhaitable de « faire un break » d’un ou deux ans tous les 3 à 6 ans sur une autre fonction pour rompre avec ce quotidien qui exige une forte résistance psychologique, car les témoignages d’enseignants démoralisés et en grande difficulté sont légion (75% des 4000 enseignants qui nous auront contactés en 6 ans).
L’IGPDE de l’ENA a mis en place une formation de 8 jours pour former tous les nouveaux CMC nommés dont le contenu est complet, et prometteur. Les CMC sont maintenant en mesure de conseiller les enseignants dans leurs CV, leurs lettres de motivation, la préparation de leur entretien professionnel, et adressent aux enseignants sur leur messagerie académique les postes qui leur paraissent intéressants à communiquer. Des relais sont aussi proposés en établissement, avec des enseignants qui n’auront pas suivi de formation, mais seront accessibles au dialogue pour leurs collègues tentés par une mobilité, qui dans ce cas ne peut être qu’interne.
Les services de la DGRH ont esquissé depuis la rentrée 2011 une première passerelle vers les fonctions d’attaché d’administration pour les enseignants qui le souhaitent, dans la limite d’une soixantaine de postes par an pour les 30 académies, sans avoir à repasser un concours. Partout, les Inspections Académiques et les Académies se sont organisées pour canaliser ce flux de demandes, même si les moyens ne sont pas au rendez-vous :
– les enseignants en PACD et PALD sont plus souvent conduits vers une disponibilité d’office ou une retraite pour invalidité que vers un reclassement sur un poste administratif ;
– Les enseignants demandeurs d’un bilan de compétences, auquel ils ont droit après 10 ans d’ancienneté, obtiennent rarement satisfaction ;
– Les enseignants demandeurs d’un congé de formation professionnelle attendent entre 5 et 7 ans selon les académies, ce qui est très décourageant ;
– les enseignants qui occupent des fonctions administratives dans les rectorats et les inspections académiques sont assis depuis trois ans sur des sièges éjectables, chacun à son tour en faisant l’expérience depuis 2009, en étant remis en classe faute de moyens suffisants pour sauver son poste : nous le constatons depuis 6 ans : en Inspection Académique comme en Rectorat, tous les postes temporaires proposés aux enseignants sans qu’il y soit question d’intégration sont des « fonctions presse-citron » dotés de peu de reconnaissance du travail accompli ;
– les enseignants mis à disposition sont en théorie tous retournés devant élèves…mais il existe encore quelques irréductibles que leurs structures d’accueil ont réussi à maintenir, une centaine tout au plus en métropole ;
– les enseignants qui bénéficiaient de décharges de diverses natures vont les perdre en 2012-2013 si cette politique de réduction de moyens se poursuit ;
– les postes en détachement pourraient tous disparaître sur les années 2012-2015 si le programme d’économies de 10 milliards d’euros sur 600 opérateurs de l’Etat planifié par le gouvernement actuel voyait le jour ;
– les demandes de cumul d’activités accessoires, notamment pour création d’auto-entreprise, sont en général acceptées ;
– les demandes de temps partiel, de mi-temps ou de disponibilité pour convenances personnelles sont de plus en plus refusées, car la pénurie d’enseignants a commencé : ces refus multiples ne facilitent pas les projets de reconversion, puisque la seule possibilité qui reste aux enseignants est de démissionner ;
– les demandes d’indemnité volontaire de départ sont découragées par l’administration qui applique de plus en plus les fourchettes les plus basses, voire bien en-dessous de la normale prévue par les textes, pour que les enseignants aspirant à une démission décident au final de concrétiser leurs projets.
Tous les personnels d’encadrement se sont vus ces dernières années gratifiés de primes importantes pour leur permettre d’oublier que les postes qu’ils suppriment pourront un jour être les leurs, si ce mouvement devait se poursuivre, puisque l’un des objectifs de l’UMP est de supprimer le recrutement de fonctionnaires dans tous les ministères non régaliens, et de permettre aux personnels de direction, sur tout le territoire, de recruter, évaluer et si besoin licencier les enseignants.
A compter de la rentrée 2012, que peut devenir Aide aux Profs ?
En raison des nombreux efforts réalisés par l’Education nationale sur le dossier des secondes carrières, même si tout est loin d’être parfait (l’endettement de l’Etat n’a fait que croître entre 2007 et 2012, ceci explique cela), Aide aux Profs n’a plus vocation à accompagner des enseignants dans leur projet de mobilité interne, et ce d’autant plus que l’on manque d’enseignants.
Nous poursuivrons donc notre action ainsi :
– répondre aux questions (avec une réactivité moyenne de 72h) que nous posent tous ceux qui ont décidé dès leur premier contact d’adhérer à notre dispositif : ce service associatif a été très apprécié de nos adhérents cette année ;
– conception et réalisation de formations, pour former des enseignants qui souhaitent démissionner pour exercer le nouveau métier de conseiller mobilité carrière en profession libérale, une spécialisation qui peut aussi intéresser de nombreux coachs qui ont ou non été enseignants. La première formation hybride conçue par Aide aux Profs est d’une durée de 6 jours (3 jours en présence/3 jours à distance);
– orientation des demandes d’accompagnement (coaching de remotivation, coaching en mobilité interne, coaching en mobilité externe) qui nous parviennent vers d’anciens enseignants devenus coachs, que nous aurons habilités au sein de notre dispositif comme adhérents référents (une manière de soutenir le développement de leur activité), et vers des réseaux de créateurs d’entreprise qui nous ont proposé leur soutien logistique ;
– réalisation de conférences, publications d’articles, afin d’approfondir nos recherches sur ce qui motive les enseignants à quitter leur métier, et ce qui permettrait de le rendre plus attractif pour les générations à venir.
Nous envisageons aussi l’organisation d’un colloque sur les mobilités professionnelles des enseignants : que tous ceux intéressés par cette question nous contactent en utilisant la rubrique « contact » de notre portail. Notre objectif est de continuer à ouvrir cet espace de liberté, ce ballon d’oxygène que constitue la reconversion dans la vie professionnelle d’un enseignant, car c’est la garantie de lui conserver sa motivation tout au long de la vie, et de rendre attractif le métier d’enseignant pour les étudiants.
Sur le site du Café
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