L’équipe TICE Lettres d’Orléans
Baptiste Voisin et Christelle Delas, membres du groupe formés à la technique webradio
Questions à Philippe Godiveau (P.G.), coordonnateur du groupe Tice Lettres et interlocuteur académique, et Christelle Delas (C.D.), membre du groupe.
Le métier d’enseignant fait-il forcément de soi une « voix radiophonique »? Quelles ont été les difficultés majeures rencontrées lors des premiers enregistrements?
P.G. Journaliste est un métier où, comme pour un enseignant, on est en formation constante. Imposer sa voix devant un auditoire de jeunes élèves est une chose mais l’imposer devant un auditeur que l’on devine, dont on ne capte pas les réactions est comparable à la prestation d’un comédien lors des répétitions qui se demande si ces répliques tomberont juste. L’activité d’un professeur est un partage où il reste le garant du propos, lors des émissions les garants sont multiples avec leur sensibilité, leurs points communs et leurs divergences. Il a fallu harmoniser cela, trouver le ton juste, et surtout celui d’une bande d’amis échangeant autour de la pédagogie. Ne pas s’ériger en donneur de leçon. Le problème n°1 est celui de l’identité. Trouver ce qui démarquera le propos de celui d’une formation, d’une analyse…
C.D. Nous avons l’habitude de nous exprimer en public mais la radio est un média particulier car il demande d’être à la fois très naturel et vivant tout en proposant un propos fluide, sans trop de scories langagières. L’exercice est donc difficile et ne va pas de soi. La difficulté du professeur est aussi de savoir limiter son propos car il aime parler et s’écouter. A la radio, l’écoute d’une même voix peut rapidement devenir lassante
En terme de préparation, quelle quantité de travail un groupe disciplinaire doit-il fournir?
C.D. Si le travail est bien réparti, cela peut rester raisonnable en termes de préparation.
P.G. C’est ici que l’on parle d’une bande d’amis car cela demande beaucoup de travail. On peut évaluer le travail de coordination à une quarantaine d’heures et celui de création, d’écriture à 10. Sans compter une ou deux réunions à distance pour coordonner le tout. C’est donc un travail très important qui repose avant tout sur le plaisir de construire ensemble un rendez-vous pour le monde des lettres et des Tice.
Entre l’idée d’une émission de webradio et sa réalisation concrète, quel écart? quelles bonnes et mauvaises surprises?
P.G.L’écart ce sont toujours les moyens fournis par rapport aux attentes.
C.D. Ce que je retiens est une immense frustration de ne pas pouvoir dire tout ce que l’on voudrait. L’épuration entre le début du travail préparatoire et la séquence finale est très important. Mais c’est très agréable d’enregistrer son propos et de quitter son statut de professeur devant la classe.
Quels sont les intérêts d’une webradio pour des enseignants de Lettres?
P.G.Cela a pour objectif de donner rendez-vous à ceux qui ont envie d’une réflexion pédagogique sur les Tice sans langue de bois. Certes, nous sommes tous convaincus de la nécessité d’utiliser les Tice mais pas dans n’importe quelles conditions. C’est un vecteur d’avancée pédagogique, d’échange et aussi une ouverture ce qui se fait dans d’autres académies.
C.D. Une webradio permet une diffusion large de connaissances, d’avancées dans notre discipline. Il permet aux enseignants, de chez eux, de s’informer sur ce qui est fait dans l’académie et ailleurs. Chacun peut écouter à nouveau une séquence et communiquer avec les intervenants grâce au forum.
Quel avenir pour la webradio?
C.D. Un avenir radieux si le nombre d’auditeurs croît, si les intervenants conservent une liberté de ton qui leur permet de rester au plus près des préoccupations des collègues et si les auditeurs-internautes communiquent et enrichissent de leurs remarques les émissions.
P.G. Une ouverture vers le national et l’international en diversifiant au maximum les intervenants au sein de l’émission: autres matières, intervenants divers, déplacements lors de grandes manifestations. la webradio pourrait devenir à terme la vitrine de l’usage des Tice dans l’Hexagone mais pour cela il reste beaucoup de chemin à parcourir et beaucoup d’heures de travail.
Regard de l’Inspection
Entretien audio de madame Nadine Pinsart, IA-IPR de Lettres de l’académie Orléans-Tours, à l’initiative du projet webradio (entretien recueilli mercredi 20 octobre, aux Rencontres Tice d’Orléans). Une illustration parlante de pilotage par l’Inspection, en réelle collaboration avec ses enseignants.
Le fichier son de l’interview
Récit et impressions d’un enseignant débutant en radio
Marie Pourriot-Gauthier, membre du groupe Tice Lettres, a rejoint l’équipe webradio au mois de juin 2010 et nous fait partager ses impressions au moment d’animer sa première émission. Préparation d’une émission, aléas du direct, travail collaboratif avec les collègues… un récit passionnant qui reflète l’aventure de ce groupe de travail dynamique et ambitieux !
« Fin juin, lors de la réunion du groupe Tice, nous nous répartissons les divers thèmes des différentes émissions programmées dans l’année. Me voilà lancée pour les première et deuxième émissions. J’ignore encore assez dans quoi je suis engagée.
L’été passe. A la rentrée, prise par les multiples tâches administratives et par le début des cours, j’omets presque de penser qu’une première émission a lieu en octobre.
Puis commence un premier déferlement de méls, pilotés par Adeline, qui nous rappellent à l’ordre du jour. Et là, démarre un véritable marathon ! Les échanges par mail se multiplient ; les modifications ne cessent de pleuvoir et la date butoir de fin des travaux (le 11 octobre), en vue de faire une réunion par Skype, approche. J’avoue qu’en trois semaines de temps, sur le sujet de réflexion dont j’étais chargée avec Anne et Philippe, j’ai été impressionnée par la rapidité des échanges, la multiplication des confrontations et la richesse du travail. Entre temps, j’ai pris aussi des initiatives : interviewer mon élève handicapé, son AVS, une mère d’élève ; autant de dons précieux récoltés par chaque membre de l’équipe pour enrichir l’émission. Constat d’une première difficulté : faire attention à la qualité du son. L’interview de la mère d’élève n’est pas suffisamment audible et recevable pour la présenter en bonus sur le site.
Lors de la réunion Skype, le 11 octobre, l’équipe fait la mise au point. Tout le monde apporte sa contribution et l’ensemble de l’émission est, semble-t-il, achevé. Il reste une semaine avant de passer à l’enregistrement…
Et plus la date approche, plus des interrogations se font ressentir. Comment dois-je parler au micro ? Dois-je lire ? Dois-je apprendre par cœur ? Dois-je faire en sorte d’être naturelle et donc de connaître mon texte sans montrer que c’est appris et travaillé ? Autant de questions qui, la veille au soir, n’ont pas de réponse. J’écoute donc les émissions de l’année passée pour me mettre dans l’ambiance, surtout sur la partie « échange polémique ». Je relis mon texte plusieurs fois, le lis même à voix haute en essayant de mettre le ton et d’imaginer les réponses polémiques d’Anne.
Le jour J. C’est la panique car une des rubriques ne pourra pas être assurée en direct, comme prévu : l’interview de Mme Bizot. Philippe et Baptiste, le technicien (membre du groupe, ndlr), prennent en charge l’enregistrement de cette interview, en un temps record ! Je suis à nouveau stupéfaite par la capacité du groupe à rebondir. Pendant ce temps, vu qu’une répétition générale est impossible, Anne et Serge se proposent de répéter la séquence polémique. Cela me permet de partager mes impressions avec deux membres du groupe, expérimentés. Serge me conseille alors de lire, m’expliquant que finalement cela fait plus naturel à l’écoute que lorsqu’on essaie de faire naturel et de ne pas lire. Je suis ses conseils à la lettre. La répétition est très instructive et me met dans de meilleures conditions pour l’émission.
Ma première émission. C’est toute une installation : le réglage des micros, le positionnement face au micro, l’organisation des membres autour de la table, etc. L’émission commence et une espèce de concentration, mêlée de plaisir d’être ensemble, fait surface. Chaque membre a ses documents sous les yeux. Chacun suit attentivement les consignes de Serge, notre animateur. Je surveille chaque meneur pour ne pas être perdue. Cela va vite. Heureusement, les quelques enregistrements diffusés permettent de faire des pauses et de discuter entre nous pour appréhender la suite. C’est à mon tour de prendre la parole une première fois. Ouf ! Tout s’est bien passé, à une exception près ! J’omets de faire signe à Baptiste, pour lui indiquer que j’ai fini de parler. Cela déclenche une petite panique à la technique. Voilà l’erreur d’une petite novice… baignée dans sa première émission…
Enfin, arrive le moment le plus attendu : la séquence de l’échange polémique. Me voilà embarquée dans une discussion houleuse sur les échanges par méls, sur les forums et le cahier de texte numérique avec Anne et Philippe. C’est un pur instant de plaisir ! Nous prenons tous notre rôle à cœur et d’un ton passionné et convaincu, la discussion est mouvementée. A l’issue de cette séquence, un grand moment de satisfaction se fait ressentir, ainsi qu’à la fin de l’émission. Je suis physiquement vidée et j’ai la tête « farcie », mais l’expérience était très intéressante et enrichissante. »
Avenir, à venir
L’émission est en devenir et l’équipe des Souris et des Lettres attend les suggestions de ses auditeurs pour évoluer. Découvrez ou réécoutez leurs émissions, et contactez-les. Ils vous répondront avec le même enthousiasme qui les anime dans leurs divers projets.
Prochaines émissions programmées :
9 février 2011: Ecritures et pratiques numériques
13 avril 2011: à définir (livre numérique)
Découvrez sans plus attendre les quatre premières émissions sur le site de la webradio :
http://webradio.tice.ac-orleans-tours.fr/eva/spip.php?rubrique4