Par François Jarraud
La publication anticipée des décrets sur la formation des enseignants marque –t-elle une volonté ministérielle d’en finir avec ce dossier ? En tous cas, elle n’a pas dissipé les doutes sur la qualité professionnelle des futurs enseignants.
Luc Chatel n’aura attendu que quelques jours après la remise des rapports Marois Filâtre pour publier les décrets sur la formation des enseignants. Ceux-ci instaurent les épreuves d’admissibilité en seconde année.
Les décrets fixent des conditions différentes pour se présenter au concours entre les agrégés et les autres enseignants. Ainsi pour les agrégés, « peuvent se présenter au concours externe les candidats justifiant de la détention d’un master ou d’un titre ou diplôme reconnu équivalent par le ministre chargé de l’éducation. ». Pour les autre scatégories d’enseignants, peuvent aussi se présenter « les candidats justifiant, à la date de clôture des registres d’inscription, qu’ils sont inscrits en dernière année d’études en vue de l’obtention d’un master ou d’un titre ou diplôme reconnu équivalent par le ministre chargé de l’éducation ». Mais dans les deux cas, le ministre a tranché sur la date du concours : il aura lieu en seconde année. Sur ce point, entre le recteur Marois et le professeur Filatre, le ministre suit le recteur.
Des dispositions particulières sont prises pour 2010, année où peuvent aussi se présenter » les candidats présents aux épreuves d’admissibilité des concours externes organisés en 2009 ; ces candidats doivent remplir les conditions d’inscription en vigueur lors de la session 2009 pour le concours auquel ils postulent ; les candidats qui n’ont pu se présenter aux épreuves d’admissibilité des concours externes organisés en 2009, du fait que la section ou l’option au titre de laquelle ils s’étaient présentés aux épreuves d’admissibilité lors de la session 2008 n’a pas été ouverte en 2009″.
L’année de stage n’est pas définie de façon identique entre premier et second degré. « Au cours de leur stage, les professeurs stagiaires bénéficient d’une formation dispensée, dans le cadre des orientations définies par l’Etat, sous la forme d’actions organisées à l’université, d’un tutorat, ainsi que le cas échéant d’autres types d’actions d’accompagnement » précisent les décrets concernant les enseignants du secondaire. Ces derniers types d’actions disparaissent au primaire.
CPE
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=[…]
Agrégation
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=[…]
Certifiés
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=[…]
Peps
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=[…]
PE
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=[…]
PLP
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte[…]
Masterisation : quelle articulation master/concours de recrutement ?
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/0[…]
Et le Dossier formation du Café
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/Ref[…]
L’analyse de Jean-Louis Auduc
Alors que le ministère a publié les décrets sur la masterisation, Jean-Louis Auduc, directeur adjoint d’IUFM, les décrypte. Comment seront recrutés les candidats à l’enseignement ? Que nous disent les décrets concernant l’année de stage ? Ces décrets présentent-ils donc une modernisation, un progrès de la formation ? Alors que les discussions se poursuivent, une certitude, « les dés sont pipés ».
Lire la tribune de JL Auduc
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/[…]
Une circulaire précise les conditions de stage en master
Le B.O. du 27 août publie une circulaire relative aux stages des étudiants en master se préparant aux concours d’enseignement. Ces stages seront proposés dès cette année aux candidats aux concours. » Dès l’année universitaire 2009-2010, des stages d’observation ou de pratique accompagnée et des stages en responsabilité devront être proposés aux étudiants inscrits aux concours de recrutement et inscrits dans une formation de niveau master ou déjà titulaires d’un M1 ou d’un M2. L’objectif est, qu’au total, ces étudiants bénéficient de 108 heures de stage ». A partir de 2010, on distinguera entre étudiants inscrits en M1, ayant accès aux stages « d’observation et de pratique accompagnée » et ceux inscrits en M2 ayant seuls accès aux stages « en responsabilité ».
Les « stages d’observation et de pratique accompagnée » s’adressent à des étudiants en binôme assistant aux cours « d’un enseignant titulaire du second degré, d’un maître d’accueil temporaire ou d’un maître formateur du premier degré ou… d’un documentaliste ou d’un conseiller principal d’éducation (C.P.E.) titulaires… La proportion entre observation et pratique accompagnée résultera du projet de formation concerté entre l’académie, l’université et l’étudiant concerné ». Ces stages seront organisés pour une durée inférieure à 40 jours et dans la limite de 108 heures. « Les périodes d’observation confronteront les étudiants aux situations professionnelles rencontrées par les professeurs, les documentalistes ou les C.P.E. : selon les cas, l’organisation et la préparation d’un enseignement, la nécessité d’aborder telle ou telle notion complexe, l’aide à l’apprentissage, l’organisation de la vie scolaire d’un établissement, l’organisation de la documentation, l’évaluation, la prise en compte de la personne de l’élève, la gestion du groupe-classe. Les périodes de pratique accompagnée donneront lieu à une ou plusieurs mises en pratique concrète: préparation et conduite d’un cours ou d’une séquence d’enseignement, suivi d’un projet de classe, préparation et conduite d’une évaluation, encadrement de la classe, préparation d’un conseil de classe ou d’un conseil d’école, aide au fonctionnement du centre de documentation et d’information et utilisation des ressources documentaires, suivi des absences des élèves et repérage des élèves «décrocheurs» ».
Lors des stages en responsabilité, « l’étudiant prendra la responsabilité d’une classe d’école, de collège ou de lycée ou exercera les fonctions de documentaliste ou de C.P.E. dans un établissement. Ces stages, groupés ou filés n’excéderont pas 108 heures. Ils seront rémunérés à raison de 34,30 euros brut de l’heure, soit une rémunération nette d’environ 3000 euros pour un stage de 108 heures ».
La circulaire publie également une répartition des stages par académie, un fait critiqué pour ses inégalités.
Au B.O.
http://www.education.gouv.fr/cid42647/mene0917847c.html
Le dossier formation
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/Reforme[…]
Des décrets inquiétants (JL Auduc)
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages[…]
Le Se-Unsa et le Sgen demande un aménagement des masters
Alors que les ministres s’apprêtent au dernières consultations et à la publication des décrets, Patrick Gonthier et Thierry Cadart, secrétaires généraux du SeUnsa et du Sgen Cfdt, demandent le report des épreuves d’admission en fin de M2 afin de diminuer le nombre de reçus collés.
L’UNSA Éducation et le SGEN-CFDT « rappellent leur proposition d’organiser les épreuves d’admission en fin de M2 (le master étant nécessaire pour être titularisé comme professeur), à partir d’une admissibilité « calibrée » en fin de première année de master (M1). Pour eux, « le calibrage des admissions en fin de M1 prendrait en considération les besoins de recrutement « .
Ils voient trois avantages à leur proposition. » le positionnement complet du concours en cours de deuxième année de master
(M2) pose un triple-problème : il conduit dans une impasse professionnelle cinq étudiants sur six engagés dans un master « enseignement » qui n’auraient aucune perspective d’emploi après au minimum 5 années d’études supérieures. Ce mécanisme désastreux, socialement inacceptable, générera quelque 100 000 « reçus-collés », alors même que l’insertion professionnelle figure dans les missions que la loi donne aujourd’hui à l’Université. Il y a un risque réel de « cannibalisation » des autres masters… Il poserait des problèmes considérables en matière d’organisation de stages de terrain ».
Le Snuipp demande de véritables stages de formation pour les futurs enseignants
« Nous vous demandons tout d’abord de veiller à ce que ces stages en responsabilité ne soient pas obligatoires pour les étudiants en première année d’IUFM ». Alors qu’une circulaire a précisé fin août l’organisation des stages en cours de formation des futurs enseignants, le Snuipp demande à Luc Chatel « que chaque stage en responsabilité soit précédé d’un stage d’observation et/ou de pratique accompagnée dans des classes de maîtres-formateurs… Le stage doit s’inscrire dans le plan de formation de l’IUFM assurant ainsi le fait que les stagiaires ne soient pas affectés comme simples moyens de remplacement ».
Communiqué
http://www.snuipp.fr/spip.php?article6587
La circulaire
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/08/3[…]
63 organisations en appellent à Luc Chatel
« Nous appelons le nouveau ministre à suspendre durablement la publication des projets de décrets ». Une déclaration signée par 63 organisations, des syndicats comme la FSU, FO, la CGT, Sud, des collectifs comme SLR et SLU, des associations de spécialistes (SMF, Apmep, Afef, Aplv, Apses, Aphg, Fnaren, Fname, Ageem etc.) et des mouvements pédagogiques (Ligue de l’enseignement, Crap, Icem, Gfen, CEPI), demande au ministre de revenir sur la réforme de formation des enseignants.
Pour ce texte, que le Café publie dans son intégralité, au-delà d’une « opposition quasi unanime des instances universitaires, des organisations syndicales d’enseignants et d’étudiants, des associations professionnelles, des sociétés savantes, des mouvements pédagogiques, des parents d’élèves (FCPE) », le projet de réforme « aurait pour conséquences une dégradation de la formation professionnelle des enseignants, une remise en cause du rôle des IUFM, la mise en danger des recherches en didactique des disciplines, une déstabilisation des équipes de formation et de recherche… Les lauréats des concours de 2010 se verraient imposer un dispositif de formation qui ferait passer leur obligation de service à deux tiers de leur horaire, au lieu de 40 % aujourd’hui, ne laissant plus assez de temps pour une formation professionnelle sérieuse ».
Les signataires posent aussi la question de l’accès au concours. « Ne pouvant plus bénéficier d’un salaire au cours de la cinquième année d’étude, les étudiants les plus modestes auraient davantage de difficultés pour accéder au métier d’enseignant ».
Ils posent deux demandes : la suspension durable de la publication des décrets organisant la formation des enseignants et la garantie « qu’aucun étudiant ne sera lésé en 2009-2010. Il doit maintenir le bénéfice des conditions actuelles de la formation pour les lauréats de 2010. Il doit préserver les moyens donnés aux IUFM ».
Mais sur le fond, après des mois de conflit et de reculades ministérielles, cet appel tente de préserver une formation professionnelle des enseignants.
L’Appel au format doc
http://cafepedagogique.net/Documents/AppelAChatel.doc
L’Appel au format pdf
http://cafepedagogique.net/Documents/AppelAChatel.pdf
Les rapports Filâtre et Marois
Vendredi 17 juillet, D. Filâtre et W. Marois ont remis à Luc Chatel et Valérie Pécresse leurs deux rapports sur la réforme de la formation des enseignants. Ils font des propositions sur le référentiel de compétences et l’organisation du concours. En effet, après le départ de la CPU, la Commission nationale de concertation de la formation des enseignants s’est divisée en deux groupes.
Le groupe animé par W Marois, propose de « donner une existence propre » au référentiel de compétences professionnelles des maîtres et invite à compléter le texte avec de nouvelles compétences : l’évaluation par compétences, le travail en équipe entre enseignants, la maîtrise des TICE par exemple. Le groupe cherche l’équilibre entre le « haut niveau scientifique reconnu dans une discipline » et la formation professionnelle. Il pense l’avoir trouvé en créant un « cœur de master » disciplinaire qui dominerait l’ année de M1 à 60-70% et des crédits de préprofessionnalisation (30-40%). En M2 ces proportions s’inverseraient. Le groupe propose que le concours ait lieu en début d’année de M2 (octobre), voire que les concours du premier et second degré soient bien espacés. Il demande que la formation des enseignants soit « sous la responsabilité des autorités académiques » et non des universitaires.
Le rapport Filâtre affirme poursuivre trois objectifs :améliorer la formation professionnelle des enseignants, tout en élevant les exigences scientifiques et en revalorisant le métier. Il propose que le concours ait lieu soit en fin de M1, soit en fin de M2 et explique pourquoi tout autre choix serait négatif. « L’hypothèse 1 (admissibilité en fin de M1) est certainement le compromis le plus apte à concilier l’organisation de la formation sur deux ans et la gestion des flux étudiants. Elle se révèle la plus propice pour traiter le problème de la formation et du recrutement des professeurs des écoles. L’hypothèse 3 (admissibilité et admission en fin de M2) est la solution qui permet la meilleure mise en oeuvre du modèle de formation intégré. Sa réussite implique de penser finement l’articulation entre concours et master. Cette hypothèse pose cependant la question de la gestion des flux ».
Le rapport demande un référentiel national pour les concours et envisage une épreuve de construction de séquence d’enseignement, une épreuve sur dossier, un stage industriel (« indispensable »). Mais il souhaite des formations différentes selon les concours. « Il est indispensable d’introduire une différenciation entre les candidats se préparant au professorat des écoles qui sont issus de cultures disciplinaires et de pratiques scientifiques différentes et les candidats au professorat des collèges et des lycées aux profils plus homogènes dans chaque grand champ disciplinaire. Enfin, le métier visé au-delà de la formation et du concours s’exerce dans des environnements sociaux et professionnels différents, soumis à des contraintes spécifiques. Il est donc indispensable d’aborder formation et concours de façon différenciée et adaptée à ces particularités. On peut ainsi dessiner cinq grands modèles de master et d’articulation master – concours » : PE, PLC, PLC sciences et techniques, PLP, agrégés. Certains PLP seraient même recrutés par la VAE.
On a donc des visions parfois éloignées de la future formation des maîtres. Les ministres ont promis que ces propositions « seront prises en compte par les groupes de proposition qui seront installés dès la rentrée ». Le dossier semble donc encore ouvert.
Le rapport filatre
http://www.cpu.fr/uploads/tx_publications/Masteris[…]
Le rapport Marois
http://www.sauvonsluniversite.com/IMG/pdf/Rapport[…]
Les réactions aux rapports Filâtre Marois
Pour le Se-Unsa, » l’un et l’autre pointent l’extrême complexité de la mise en œuvre de cette réforme de la formation des enseignants. Leurs questionnements, les différents scenarii qu’ils proposent, montrent à l’évidence que la concertation la plus large doit se poursuivre. Elle devrait permettre d’aboutir à un projet définitif fiable pour améliorer la formation disciplinaire et professionnelle des futurs enseignants ». Le Sgen accueille également favorablement ces consultations. » Ces deux rapports se concluent par une série de propositions qui ont le mérite d’approfondir nombre des questions qui devront être tranchées à l’issue des concertations ». Le syndicat identifie plusieurs points sur lesquels le débat doit avoir lieu : la place du concours, l’unité de la formation, les stages, la place de la recherche, les bourses et le devenir des IUFM. » Au-delà d’une volonté de ne pas connaître à nouveau les conflits de l’année passée, il s’agit surtout de ne pas perdre la somme de compétence et d’investissement au service de la formation des enseignants que recèlent les IUFM. Il faudra donc, au travers de la définition des parcours de formation et des maquettes de concours, de définir les places, rôles et complémentarité des diverses composantes de l’Université. Une réforme utile ne sera pas possible en faisant l’économie de cette question ».
Communiqué Se-Unsa
http://www.se-unsa.org/spip.php?article1679
La FSU divisée par les rapports Filâtre et Marois
« Il existe bien un point commun entre les deux documents : toutes les propositions partent du principe selon lequel l’ensemble de la formation des maîtres doit se dérouler avant le concours – ce que conteste le SNES ». Le Snes émet un avis plutôt négatif envers les rapports Filâtre et Marois. Il leur reproche un poids trop important de la professionnalisation. Ce n’est pas l’opinion du Snuipp.
« La formation prônée par le rapport Marois », estime le Snes, « développe une approche qui instrumentalise la formation des enseignants pour faire davantage encore d’économies d’emplois et pour récupérer des moyens d’enseignement. Il détaille la façon dont les étudiants de master peuvent être utilisés pour le remplacement, ce qui va à l’encontre des engagements du précédent Ministre et rend incompatible le suivi des études universitaires et la participation aux concours… Pour le SNES, l’obtention d’un master pour chaque candidat doit être un préalable au recrutement. Le contenu des masters doit permettre, à tous, la reconnaissance d’une qualification qui ne se limite pas à la seule carrière enseignante et ouvrir sur d’autres débouchés. Cela suppose de limiter le poids des éléments de professionnalisation dans le contenu des futurs masters ».
Le Snuipp « accueille avec intérêt la nécessité d’appuyer les formations sur un référentiel actualisé des compétences professionnelles communes du métier d’enseignant et d’un cadrage des masters qui vise à une meilleure intégration entre formation disciplinaire, formation professionnelle et recherche dès le M1. Cette conception doit amener le ministère à revoir le contenu des épreuves de concours qui reste à l’heure actuelle pour l’essentiel académique et disciplinaire ». Le syndicat demande « un rapprochement des formations plutôt qu’un décrochage entre les différentes situations d’enseignement ».
Communiqué Snes
http://www.snes.edu/spip.php?article17337
Les réactions du Se-unsa et du Sgen
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/200[…]
Formation des enseignants : les rapports Filâtre et Marois remis aux ministres
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/20[…]
Dossier : Former les enseignants
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/[…]
Les Etats généraux de la formation des enseignants donnent rendez-vous le 29 septembre
Plus de 200 contributions, des milliers de visiteurs : le site Internet des Etats généraux de la formation des enseignants aura été le principal lieu de débats de ces Etats généraux lancés en octobre 2008. Alors que les décrets d’organisation des formations sont parus cet été,que des groupes de travail doivent peaufiner quelques points pour la fin septembre, les organisateurs annoncent une « restitution » des débats le 29 septembre, à la Mutualité. Le président de la CDIUFM, des Conférences de directeurs d’UFR littéraires et scientifiques présenteront la synthèse, soumise ensuite au débats de spécialistes.
Site des Etats généraux
http://www.iufm.fr/applis/actualites/article.php3?id[…]
Dossier : Former les enseignants
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/Ref[…]
Etats généraux de la formation Octobre 2008