Réseaux et société, sous la direction de Pierre Musso, Puf 2003.
Le mot « réseaux » fait semble-t-il couler beaucoup d’encre. Les cinquièmes rencontres « Réseaux humains et réseaux technologiques » de Poitiers qui viennent d’avoir lien en sont un témoignage de plus. Les travaux de Manuel Castell sur les réseaux en société avaient déjà amorcé largement le débat en particulier sur le champ politique. Pierre Musso coordonne un ouvrage qui a pour ambition de travailler de nouveau la notion. Trois parties composent cet ouvrage : réseau idéologique et rationalité, réseaux techniques et territoires, et enfin réseau économique et politique.
Cette organisation éclaire bien le propos qui s’est tenu lors du colloque « Réseaux et sciences politiques » dont il est l’émanation. Les sociologuqes et les philosophes trouveront dans cet ouvrage matière à réflexion. Car derrière ces analyses souvent très distancées d’applications pratiques et de pratiques du quotidien, il y a une question essentielle : l’être humain est-il un être de réseaux ? ou, autrement dit, la « mise en société » de l’homme n’est-elle pas la tentation mythique du grand réséau toujours à recommencer? Il y aurait alors un « Sysiphe » du réseau qui serait une quête permanente de l’être humain, peut-être pour lutter contre sa solitude essentielle.
Enfin cet ouvrage est le témoignage d’une crainte : la volonté de rationalité qui le traverse est peut-être le signe que la technologie vient de fournir à l’homme individuel un outil qui lui permet de ne plus être dépendant des pouvoirs qui se chargeaient de cette mise en réseaux au préalable. Internet aurait ouvert une boîte de Pandore dont on ne sait où elle va véritablement mener l’être humain. En tout cas on pressent au travers de cet ouvrage que c’est la structure fondamentale de la société qui est en jeu.
Bruno Devauchelle
Cepec