Que faut-il pour généraliser le numérique dans l’éducation ? Les 4 C proclament quatre hauts responsables de politiques éducatives nationales réunis à l’Unesco à l’occasion de la Semaine de l’éducation mobile le 19 février. La révolution culturelle attendue c’est de la confiance, de la continuité, des contenus et la culture de l’échec. Ils appellent à une rupture culturelle pour les systèmes éducatifs. Ils tirent aussi la principale leçon de la Semaine : la généralisation du numérique dans l’éducation est déjà faite. Elle est déjà dans la poche ou le cartable des élèves. Que l’Ecole ouvre les yeux !
Dans la grande salle de l’Unesco devant les 400 participants de la Semaine de l’éducation mobile, quatre responsables nationaux, venus de quatre continents, sont tombés d’accord sur les changements nécessaires à l’intégration du numérique et des outils mobiles dans l’éducation.
Secrétaire générale du Conseil de l’Éducation de Thaïlande, Sasithara Pichaichannarong a rappelé que son ministère a déjà distribué 1,6 million de tablettes correspondant à 4 niveaux de l’école obligatoire. Le projet One Tablet Per Child (OTPC) permet de remplacer les manuels papiers par des manuels numériques en Thaï, anglais, maths, sciences et social studies. Le plan d’équipement des écoles comprend également la généralisation du wifi gratuit dans tous les établissements et la formation de 50 000 enseignants. Le projet entre dans sa seconde année. Les évaluations montrent que 45% des élèves utilisent la tablette au moins une fois par jour. Directeur de la E Éducation au ministère de l’éducation de l’Ile Maurice, Ricaud Auckbur règne sur un parc de 26 000 tablettes. Le pays est petit et la généralisation s’est faite rapidement. Ron Canuel est le président de la Canadian Éducation Association qui réunit les ministres de l’éducation des différentes provinces du Canada. Mario Franco a dirigé le projet de généralisation numérique portugais.
Comment innover dans l’éducation ? demande Ron Canuel. « Les organisations qui innovent sont celles qui donnent de la valeur à la collégialité et à la prise de risques », affirme R Canuel. « Quand on fait entrer des technologies dans le système éducatif. On fait entrer de belles valeurs dans un système qui ne veut pas les voir », explique-t-il. Parce que les systèmes éducatifs reposent sur « le conformisme et l’obéissance ». « Pour promouvoir les technologies à l’école il faut accepter le risque d’échec », ajoute Mario Franco. « C’est l’échec qui permet d’améliorer le système » dit-il. « On doit promouvoir une culture de l’innovation et utiliser l’échec pour améliorer le système éducatif ». Il rappelle qu’il faut aussi collaborer avec le privé pour produire des contenus. « On ne peut pas se concentrer uniquement sur l’école sans parler de politique en général ».
« Quand on veut introduire de l’innovation ce qui manque c’est la confiance », assure R Canuel. « Il faut se préparer au débat politique ». « Et il faut de la continuité », ajoute Sasithara Pichaichannarong. « En deux ans on a eu plein de problèmes. Tout le monde trouvait la tablette trop petite ou trop grande. En 2014 il faut tout continuer : la formation, la production de contenus… Il faut de la constance ». « C’est bien l’élan politique qui est déterminant », estime Ricaud Auckbur. « Et le plus difficile c’est de convaincre les cadres du système éducatif ». « Il faut se préparer au débat politique », assure Mario Franco. « On est arrivé à la conclusion qu’on ne peut pas attendre les résultats de projets pilotes. La technologie de toute façon s’imposera. Equiper l’école c’est donner la possibilité aux jeunes d’entrer dans le 21ème siècle ».
Car la généralisation est faite. « Il ne faut pas s’arrêter mais avancer ». La formule conclue cette Semaine de l’éducation mobile. Elle en marque les deux caractères dominants. De 2013 à 2014, on est passé de la problématique des usages propres à la mobilité à celles de la généralisation du numérique. Pour des raisons de coût, d’équipement personnel, de confort d’utilisation, c’est par les mobiles, smartphones et tablettes, que la généralisation du numérique dans l’éducation s’est faite. Souvent l’Ecole refuse de le voir et d’accepter la réalité voire multiplie les interdictions. « Il faut lever les interdictions sur les portables à l’école », réclame une professeure kenyanne. Le colloque de l’Unesco a bien posé les questions globales… Il annonce qu’il publiera une analyse comparative des politiques en faveur de la généralisation du numérique en éducation.
François Jarraud
La mobile week de 2013
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L’expérience de Thaïlande
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Le dossier du Café en 2013 avec des expériences
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