Le nouveau bac, remodelé cet été par JM Blanquer, est-il juste ? L’APSES souligne un grand nombre d’irrégularités lors du passage du Grand Oral. L’association montre aussi à quel point le nouveau bac augmente les inégalités sociales face à l’examen.
Grand Oral : L’APSES souligne des irrégularités
« Lors du déroulement de l’épreuve du grand oral, près d’1/3 des collègues ont constaté, au sein de leur jurys, des irrégularités de nature diverse : absence de salle dédiée à la préparation pour les candidat.e.s, jurys composés d’aucun.e représentant.e des spécialités des élèves, élèves ne proposant au jury qu’un seul sujet au lieu des deux réglementaires, questions posées lors de l’entretien sans lien avec la question traitée par l’élève », révèle l’Apses, association des professeurs de SES. « Ces irrégularités entraînent de facto une rupture d’égalité de traitement des élèves devant l’examen qui apparait problématique, vu le coefficient important que représente cette épreuve au baccalauréat (10%) », ajoute l’asociation. Selon une enquête auprès de 427 professeurs de SES, 57% déclarent une expérience « peu ou très peu satisfaisante » lors de l’épreuve et 78% lors de la préparation de l’épreuve.
Aggravation des inégalités sociales avec le nouveau bac
« Avec la mise en place d’un contrôle continu total pour 40 % du baccalauréat, associé à des directives d’évaluation locales, le ministère achève de déstructurer le lycée et le caractère national du baccalauréat. Et vite ! Chaque établissement doit, dans la précipitation, établir un « projet local d’évaluation » avant les vacances d’automne. » L’Apses, qui regroupe la moitié des professeurs de SES, dénonce un « guide de l’évaluation déconnecté de la réalité de terrain ». « Le « guide de l’évaluation » mis à jour en septembre 2021 recommande, notamment pour les SES en classe de première, de mettre en place des évaluations « type-bac » tout au long de l’année, sur 2 ou 4 heures. La prescription apparaît hors-sol, alors que l’éclatement du groupe classe rend bien plus difficile l’organisation de tels devoirs dans les établissements. Toujours dans ce guide, il est fait mention de la prise en compte des notes de devoirs maison dans la moyenne des élèves alors que les travaux de sociologie de l’éducation mettent en lumière le caractère inégalitaire des travaux écrits à la maison sans l’étayage de l’enseignant.e et dans des conditions matérielles très variables d’un.e élève à l’autre selon son origine sociale. Il serait particulièrement injuste que ce format d’évaluation soit pris en compte pour le calcul de la moyenne d’un examen national comme le baccalauréat… Dans l’ancienne mouture du baccalauréat, les élèves disposaient des deux années complètes du cycle terminal pour progresser et atteindre un objectif commun de réussite aux épreuves. Le guide insiste sur le fait d’évaluer dès la Première les élèves sur des évaluations type bac à fort coefficient. Associé à l’impératif d’avoir une moyenne représentative, cela pourrait inciter les enseignant.e.s à multiplier les évaluations et à les intégrer systématiquement à la moyenne, laissant peu de place aux évaluations formatives et au droit à l’erreur pourtant au cœur des apprentissages. Impossible, dans ces conditions, d’adapter les évaluations aux classes, et de permettre ainsi à tou.te.s les élèves, y compris les plus fragiles, de réussir. »
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