– Littérature et nouveaux programme : un ouvragep pour se lancer ?
Lire la littérature à l’école. Pourquoi et comment conduire cet apprentissage spécifique ? de la GS au CM. Par Catherine Tauveron. Editions : Hatier Pédagogie. 352 p.
Si les ambitions des nouvelles instructions officielles en matière d’enseignement de la langue écrite sont grandes, les documents d’accompagnement qui devraient être mis en ligne sur Eduscol restent très discrets sur ce thème.
A cet égard, le livre de C. Tauveron est donc un outil qui devrait rendre quelque service aux enseignants souhaitant passer des intentions… aux actes.
Lire, c’est forcément complexe, et autant organiser le plus vite possible cette rencontre avec le complexe. Au nom de cette thèse, le livre propose des pistes concrètes pour investir, avec les élèves, le sens profond du texte, produire son (ses) interprétation(s) sans se limiter à la « compréhension » vérifiée par QCM ou questionnaires.
Pour le maître, c’est donc le choix des textes proposés qui est primordial, selon qu’il va (ou non) permettre de travailler les problèmes de compréhension. C. Tauveron revient donc largement sur une typologie des difficultés rencontrées par les élèves, mais aussi sur le décryptage des « brouillages volontaires » que peuvent représenter les procédés stylistiques employés par un auteur.
Parce que lire, c’est « entrer dans la culture » (au sens de Jérôme Bruner), elle n’hésite pas à insister sur la nécessité, pour l’enseignant désireux de « faire lire » ses élèves, d’approfondir son propre rapport avec la littérature, y compris de jeunesse. Un chapitre bien utile précise donc les différentes constructions stylistiques desquelles tout enseignant devrait être imprégné…
La seconde partie de l’ouvrage est tout entière consacrée à l’illustration pratique des principes énoncés : comment « bien lire » un album de jeunesse en sachant y décrypter les sens cachés, comment présenter les textes aux élèves, comment questionner les textes pour aider à « lire entre les lignes »… Une grande place est faite aux lectures « en réseau » (présenter plusieurs livres d’un même auteur, plusieurs textes dérivant du même conte, plusieurs albums traitant du même mythe…) et ainsi favoriser les échanges, oraux et écrits, entre élèves, les déstructurations, mises en tableaux et autres « prélèvements » dans le texte.
Véritable outil théorique autant que pratique, cet ouvrage peut réellement permettre de se lancer. Attention, on n’y cherchera pas de pistes sur l’apprentissage initial de la lecture, même si nombre de situations proposées s’adressent au cycle 2. On aurait évidemment aimé avoir l’avis de l’auteure sur la question…
Il eût sans doute été aussi utile de pouvoir y trouver quelques reproductions des albums cités dans les démarches de travail, sans la connaissance desquels la lecture de certaines démarches sera forcément moins parlante. On n’hésitera donc pas à s’en procurer quelques-uns pour entrer de plain-pied dans la lecture « en réseau ».
Les lecteurs intéressés ne manqueront pas de relier cet ouvrage aux différents travaux disponibles sur le site de l’Association Française de la Lecture www.lecture.org, notamment les fascicules de « lecture experte » explorant de nombreuses pistes de travail avec les meilleurs albums de littérature de jeunesse.
– Les cahiers, mémoire de vie
Eve Leleu-Galland
Coll. « Première école » ed. CNDP (117p. 16 Euros)
« Le cahier de vie », on en parle parfois en maternelle, rarement ailleurs. Pourtant, linguistes et sociologues mettent en avant l’intérêt de garder trace, sur papier, des petits et grands événements qui vont, petit à petit, faire entrer l’enfant dans son univers culturel et social. Cahier d’expériences(s), journal intime ou carnet de dessins, les déclinaisons ne manquent pas, toutes susceptibles de faire faire à l’enfant (et à l’adulte ?) un détour par l’écrit, une mise à distance sur soi.
Plus qu’un ouvrage didactique, cet ouvrage est une véritable invitation au voyage, qu’on ouvrira au gré de ses humeurs, privilégiant tantôt les aspects pédagogiques, esthétiques ou personnels de ce type de cahier(s). Les enseignant(e)s de maternelle y trouveront sans doutes des mises au net de petits morceaux de leur expérience, et ceux d’élémentaire seront surpris d’y trouver des pistes pour des déclinaisons fructueuses de productions d’écrits.
Tantôt très pratique, tantôt très à distance, un outil un peu hors-norme à conserver sur le coin du bureau.