Par François Jarraud
De tous les changements apportés par les nouveaux programmes du primaire, le plus significatif est peut-être l’incroyable retour de « l’instruction civique »à l’école primaire. Quel sens lui donner ?
Que les formules « éducation » et « instruction » ne soient pas synonymes, toute l’histoire de l’Ecole en témoigne. Abandonnée en juin 1932, l’appellation « instruction publique » a cédé la place à « l’éducation nationale » avec des ministres qui revendiquaient davantage d’égalité et de tronc commun dans l’école et la fin des filières hermétiques. Premier titulaire du titre, A. de Monzie, décidait par exemple la gratuité des lycées de jeunes filles. Peu de temps après Vichy rétablissait l’instruction publique avant que Marianne la balaye, croyait-on, à jamais. Dix ans plus tard, en 1955, l’instruction civique était remplacée par l’éducation civique. C’est ce chemin que les programmes Darcos viennent de détruire. Et on comprend bien que cela a à voir avec la République.
Il suffit d’ouvrir les programmes pour saisir le changement. Ainsi en CP – CE1 : « (les élèves) découvrent les principes de la morale, qui peuvent être présentées sous forme de maximes illustrées et expliquées par le maître au cours de la journée (telles que “La liberté de l’un s’arrête où commence celle d’autrui”, “Ne pas faire à autrui ce que je ne voudrais pas qu’il me fasse”, etc.) et prennent conscience des notions de droit et de devoir. » Le retour de l’instruction civique c’est celui de la leçon de morale ou d’institutions. C’est revenir au catéchisme républicain, à l’obéissance passive, aux formes extérieures du respect. Toutes choses qui sont bonnes sans doute. Mais sont-elles suffisantes ?
L’instruction civique peut-elle former des citoyens ? Dans « L’école st-elle encore le creuset de la démocratie », P. Perrenoud s’interroge sur la construction de la citoyenneté. « L’école ne saurait former à la démocratie et au pluralisme par des méthodes autoritaires et sectaires… Elle ne saurait avoir prise sur l’apprentissage de la citoyenneté si elle se borne à quelques cours plus ou moins convaincants sur les droits de l’Homme ». C’est par l’apprentissage du débat que les élèves peuvent devenir des citoyens capables d’entrer dans la société moderne. Celle –là même que les nouveaux programmes disent vouloir servir.
Pour mesurer les différences
Sur les anciens programmes, on pourra consulter par exemple les actes du séminaire national « La citoyenneté par l’éducation » tenu en novembre 2005 qui rend compte des pratiques réelles. On y lit : » L’éducation civique n’est pas, en priorité, l’acquisition d’un savoir, mais l’apprentissage pratique d’un comportement. Ce domaine n’est donc pas lié à un enseignement, mais à tous. Tout au long du cycle, une heure en moyenne par semaine devra être consacrée à l’explicitation des problèmes concernant l’éducation civique dans les différents champs disciplinaires. De plus, une demi-heure par semaine est réservée dans l’emploi du temps à l’organisation des débats dans lesquels la classe organise et régule la vie collective, tout en passant progressivement de l’examen des cas singuliers à une réflexion plus large ».
http://eduscol.education.fr/D0217/citoyennete_actes.htm
Les nouveaux programmes
« Les élèves apprennent les règles de politesse et du comportement en société. Ils acquièrent progressivement un comportement responsable et disposent de plus d’autonomie.
1- Ils découvrent les principes de la morale, qui peuvent être présentées sous forme de maximes illustrées et expliquées par le maître au cours de la journée (telles que “La liberté de l’un s’arrête où commence celle d’autrui”, “Ne pas faire à autrui ce que je ne voudrais pas qu’il me fasse”, etc.) et prennent conscience des notions de droit et de devoir.
2 – Ils approfondissent l’usage des règles de vie collective découvertes à l’école maternelle. Les enfants emploient les formules de politesse lorsqu’ils s’adressent à un adulte ou à leurs camarade,apprennent à utiliser le vouvoiement avec leur enseignant. Ils appliquent les usages sociaux de la politesse (ex. : se taire quand les autres parlent, se lever quand un adulte rentre dans la classe) et coopèrent à la vie de la classe (distribution et rangement du matériel).
3 – Ils reçoivent une éducation à la santé et à la sécurité (se laver les mains et les dents, éviter l’usage de produits inconnus ou de matériel réservé aux adultes). Ils sont sensibilisés aux risques liés à l’usage de l’internet. Ils bénéficient d’une information adaptée sur les différentes formes de maltraitance.
4 – Ils acquièrent une première compréhension des symboles de la République et apprennent notamment à reconnaître la Marseillaise et à se lever lorsqu’ils l’entendent, le drapeau tricolore, le buste de Marianne, ou la devise “Liberté, Égalité, Fraternité”.
http://media.education.gouv.fr/file/02_fevrier/24/3/BOEcolePrimaireWeb_24243.pdf
Entretien avec Benoît Falaize
Quel regard porter sur le retour de la morale à l’école ? Benoît Falaize , chargé de recherche à l’INRP, lit pour nous les nouveaux programmes.
L’instruction civique a existé dans le passé. Elle a disparu, au bénéfice de l’éducation civique, il y a une cinquantaine d’années. Comment interprétez-vous le retour de la formule instruction par rapport à l’éducation civique ?
Déjà, je l’interprète comme un véritable retour. Il y a une forme de nostalgie autour de l’école de la IIIe République qui n’est pas prégnante simplement dans des milieux de la société civile mais aussi au sein même de l’éducation nationale. Il y a toute une partie de l’éducation nationale qui est sensible au sentiment de perte de repères. Du coup le retour à l’instruction civique est une réaction contre toutes les pratiques ou injonctions éducatives autour de ce qu’il convenu d’appeler le « vivre ensemble ». Il est vrai que, dans les pratiques, on s’était progressivement orienté vers la résolution de ce qui se passait dans la classe et dans l’établissement avec un abandon sensible de ce qui pouvait être les grands repères institutionnels de la France.
La volonté actuelle semble bien d’avoir des repères fiables a minima qui permettent de comprendre la société dans laquelle on va vivre. On retrouve la même chose dans l’écriture des parties du programme sur l’histoire, la géographie et même l’apprentissage du français.
Education et instruction, ce n’est pas le même sens. Peut on former des citoyens uniquement par l’instruction ?
Non certainement. Du reste, l’école n’a jamais formé autour qu’une des deux notions. Mais un des courants dominants actuellement c’est celui qui pense que l’éducation revient aux parents. Et que l’école est là pour délivrer des connaissances. C’est ce qu’on observe dans les nouveaux programmes du primaire.
Mais l’école républicaine a toujours eu pour but de former des citoyens et pas seulement de délivrer des maths et du français.
Précisément. Mais quand je parlais de la nostalgie de l’école de la IIIe République ça ne veut pas dire que cette école fonctionnait effectivement, dans les faits, comme cela. Cette nostalgie repose aussi parfois sur des contre sens. Par exemple si l’on prend le domaine de la lecture on est dans un retour affiché au lire, écrire,compter d’une manière tellement stricte que les instituteurs de la IIIe République ne s’y retrouveraient pas. Quand ils faisaient des dictées, de la grammaire, de la syntaxe, ils le faisaient toujours dans les différentes disciplines, de façon à donner du sens, afin éduquer les élèves et pas seulement faire de la grammaire. La grammaire pour la grammaire est un mythe historique, et aujourd’hui un discours public sur le mode du bon sens incontestable. On est dans l’approximation historique.
Cela ne remet pas en question les valeurs de l’école ?
Le retour à l’instruction privilégie une valeur aux dépens d’autres. Les valeurs promues sont l’autorité, le respect du maître et des connaissances. C’est une dimension de l’école de la IIIe république au nom de laquelle on prétend revenir. Il manque le reste qui donnait sens à l’ensemble.
Les leçons de morale ne sont-elles pas en contradiction avec l’idée que l’école est là pour instruire ? La morale ce n’est pas de l’instruction mais de l’éducation.
Mais ce n’est pas en contradiction avec ce projet nostalgique. L’école de la IIIe république affichait des maximes morales et avait aussi un projet d’éducation. Après tout ce n’est pas forcément choquant ces affichages tant qu’il s’agit d’une morale républicaine qui incite à la tolérance et au respect. Et à condition que le maître lui-même respecte les règles. S’il le fait ça peut être formateur. Si par contre il les piétine… ça n’a plus sens. Ce n’est plus que du formalisme éducatif. Mais si la phrase écrite au tableau vient en appui de ce que le maître pratique, ce n’est pas nécessairement gênant. D’autant que, dans les pratiques, la morale s’exerce en permanence à l’école. Autant parfois que cela soit de façon formalisée, appuyée par une exigence déontologique et formatrice.
Benoît Falaize
Chargé d’étude et de recherche à l’INRP
Entretien : François Jarraud
Liens :
Programmes du primaire
http://media.education.gouv.fr/file/02_fevrier/24/3/BOEcolePrimaireWeb_24243.pdf
Benoît Falaize sur le site du Snuipp
http://www.snuipp.fr/spip.php?article5368
Le cours de morale en Belgique francophone
Le cours de morale existe déjà en Belgique. Céline Colé a ouvert un blog pour partager avec des collègues des documents et des réflexions sur le cours de morale laïque. S’agit-il d’une préfiguration de l’instruction morale voulue par Darcos ou de quelque chose qui se rapproche de notre éducation civique ? Voici son témoignage.
Quand il y a 10 ans, on m’a proposé un poste de « morale ».. alors que j’arrivais de France et que j’étais professeur des écoles , j’ai cru à un fulgurant retour en arrière… Me voilà devenue « maître de morale » en Belgique !! non, non, ce n’est pas une blague 😉 Mais en laissant de côté cette appellation quelque peu « rétrograde » dans mon esprit… j’ai découvert un cours riche en apprentissages, en échanges avec les élèves qui laisse de multiples possibilités….
Le cours de morale est une « option » choisie par les parents. Ils ont à choisir entre la morale ou une des 5 religions (catholique – islamique – protestante – orthodoxe – judaïque) Les cours sont donnés 2 heures par semaine par classe et par des profs « spéciaux » qui ne donnent cette matière.
Faire vivre la morale dans la vie quotidienne
Le cours de morale ici en Belgique est loin « de la maxime écrite au tableau »… Le programme officiel s’appuie sur deux piliers : « vers une personnalité autonome » et « vers une société humaniste » et avec en sous chapitre, la dignité personnelle, la persévérance, la prudence, le prévoyance, la générosité, l’honnêteté, faire preuve d’intérêt pour l’environnement, le respect, communiquer des idées, pratiquer l’esprit d’équipe, manifester de l’affection, faire preuve de tolérance, s’intéresser aux progrès accomplis, être capable de vivre avec les autres….
L’esprit du cours est de vivre et de faire vivre la morale et la laïcité dans la vie quotidienne , pour préparer les enfants à être de futurs citoyens et surtout leur apprendre à avoir un esprit critique, à communiquer entre eux et à coopérer. Cette réflexion est basée sur la méthode du libre examen…, leur donner les moyens et les outils pour réfléchir, prendre position, faire des choix « éclairés ».
« On montrera la nécessité et l’intérêt des règles de vie que trop souvent l’enfant a reçues comme de pures contraintes en l’initiant à la notion de morale évolutive » ( extrait du programme de morale de la communauté française – enseignement fondamental
http://www.restode.cfwb.be/download/programmes/512-14.pdf )
Dans cet esprit, dès les plus petites classes, les élèves donnent leurs avis, ils s’expliquent, ils argumentent leurs propos. Ils cherchent ensemble les bonnes et les mauvaises solutions .. Se faire, des amis, comment, pourquoi ? Le racisme c’est quoi ? Pourquoi y a-t-il du racisme ? Nos droits, oui … et nos devoirs ? Le travail de la Croix – Rouge.. un bel exemple de solidarité.. Et si on faisait quelque chose nous aussi ? On démarre de faits de vie, d’albums, de projets, et également de l’actualité pour les plus grands.….. C’est en discutant ensemble et avec les idées de tous, que les élèves se font une opinion…
« Vivre avec ses élèves une activité de groupe, c’est vivre une modification de rapports. Au rapport traditionnel d’autorité, se substituent des rapports basés sur la réciprocité, la considération mutuelle, la coopération. Ainsi s’instaure un nouveau type d’échange au sein du groupe scolaire…. » ( extrait du programme de morale de la communauté française – enseignement fondamental –
http://www.restode.cfwb.be/download/programmes/512-14.pdf )
Je pense à un enfant, alors que l’on parlait de l’amitié, déclarant « ne pas avoir d’amis ».. J’ai donc demandé à la classe « quels conseils on pourrait lui donner pour avoir des amis ? » Cet élève était très perturbateur et très bagarreur à l’école. Les autres lui ont dit – avec leurs mots – que son attitude était déplaisante. On a parlé de respect des autres. D’autres discussions ont eu lieu avec les parents, la direction. Mais, concrètement, à l’école, certains élèves l’ont aidé à se contrôler, et des élèves lui disaient des fois « arrête ! tu vas trop loin » et on le voyait faire des efforts pour se maîtriser, ou il demandait à être « isolé » dans le couloir pour se calmer….
Les élèves quand ils se sentent en confiance et écoutés par le groupe classe et l’enseignant parlent de leurs problèmes, se libèrent…. Ou tout simplement ne se sentent plus tout seul dans leur quotidien parfois difficile..
« On retiendra que l’enfant appartient à des groupes sociaux où il vit des situations et des rôles différents. Il est confronté a des habitudes, des opinions, des croyances, des usages et des coutumes qui se superposent rarement et peuvent être source de conflits. L’enfant découvre qu’il y a plus d’une morale et qu’il participe à des codes différents. Cette pluralité est de nature à relativiser la morale conformiste de l’enfant et à confronter l’image de la morale rationnelle et évolutive esquissée depuis quelques années par la maître » ( extrait du programme du cours de morale-
http://www.restode.cfwb.be/download/programmes/512-14.pdf )
Comment faire cours ?
La manière de donner le cours peut varier.. On peut tendre vers la philosophie , vers le débat, vers une réflexion en petits groupes, regarder un documentaire, comparer des articles de presse, faire une recherche documentaire sur le sujet…. Et cela débouche, quand cela est possible, sur une exposition, une affiche, s’impliquer dans un projet, participer à une action, être solidaire, changer de comportement…..
En parlant de liberté avec les élèves on s’est intéressé à l’action d’Amnesty International. On a été voir sur internet leurs actions et on a participé, au moment de Noël, à une action proposée aux écoles primaires.. L’envoi d’ une carte à quelques prisonniers ….
On s’est aussi interrogé sur l’environnement, et d’une manière concrète au recyclage. On a tenté de mettre des containers de tri sélectif à l’école, avec lettre au bourgmestre , et rencontre avec différentes personnes qui pouvaient nous aider. On a expliqué à l’école ce qu’on voulait faire, parlé aussi de propreté de la cour. On a fait des panneaux et on a « surveillé » les « salisseurs » de cour 😉 Les enfants se sont bien impliqués.
Il y a quelques années , après avoir parlé de la notion de « handicap » , Une visite à la Ligue braille a été organisée pour faire découvrir aux enfants le monde des aveugles. Ils ont joué à des jeux de société les yeux bandés, fait un parcours les yeux bandés, discuté avec des non-voyants, écrit leurs prénoms en Braille, appris comment les aider.. Ils ont découvert des personnes rigolotes, attachantes… et ont oublié leur « handicap »… Certains élèves s’en souviennent encore 😉
Je pense qu’ enseigner la morale c’est d’abord la vivre et se sentir à l’aise dans le sujet. D’une année à l’autre, selon les élèves, le niveau, je n’aborde pas du tout les sujets de la même manière. J’ai évolué dans ma manière d’enseigner. Les élèves, par leurs questions, nous font aussi aborder des thèmes non prévus au départ. Et puis il y a l’actualité, la vie de l’école. On a récemment abordé la mort, le deuil, suite au décès d’un papa d’une élève dans la classe. A sa demande elle a souhaité en parler..
Dans mes première heures de prof de morale, j’ai été vraiment perdue. Comment donner cours de morale ? Leur apprendre quoi ? Leur inculquer des idées toutes faites ? Une maxime, une citation ? et puis j’ai reçu tout de suite l’aide d’une collègue qui avait donné cours de morale pendant des années ( Merci Christiane P.) … C’est elle qui m’a parlé de débat, de dessins pour faire parler les enfants, de textes pour les faire réagir . Elle m’a ouvert son armoire avec tous ses cours.. Et je suis repartie avec le programme sous le bras.
J’ai alors découvert une vraie ouverture vers les autres et vers une société « pluraliste », un programme très ouvert qui balaie beaucoup de thèmes, qui permet aussi de passer par l’art, la musique par exemple pour construire un cours.
Il m’a fallu aussi apprendre à gérer la parole des enfants, créer un climat d’échange, écouter les élèves et rebondir sur ce qu’ils disent.. j’étais très loin du cours de math ou de français..
Un cours très utile
Aujourd’hui je donne ce cours avec beaucoup de plaisir. Il est très diversifié, on parle de beaucoup de choses. On connaît les élèves autrement. Je pense ce cours très utile. Les enfants ont ici un espace de parole et d’écoute. Ils savent qu’on va chercher à comprendre le problème sous différents angles et que les autres vont les aider. Ils adorent parler de leur vécu, donner leurs avis, débattre. J’ai constaté de vraies évolutions chez certains élèves sur leurs 6 années d’école primaire, des élèves qui avaient des idées très arrêtées qui changent d’avis, des élèves très introvertis qui prennent la parole, des attitudes qui évoluent..
Le fait de ne pas avoir une classe à nous comme titulaire mais bien plusieurs ( dans mon cas 12 groupes ),nous contraint constamment à s’adapter à la dynamique du groupe avec lequel on travaille, à l’ambiance et à l’organisation propre de la classe, cela nous met toujours en mouvement. Cette « contrainte » est aussi une force: elle nous permet de voir les élèves sous un autre jour, ils sont moins « catalogués » comme bons ou mauvais en telle matière: certains élèves en difficulté en classe s’avèrent brillants et plein de talents chez nous, Cela leur donne confiance en eux …
Et le blog dans tout cela ?
Le pourquoi du blog ?? Face au constat désolant de l’absence de livres scolaires belges sur cette matière.. dès le début, j’ai été dans une démarche de la « débrouille » cherchant des documents un peu partout, récupérant les « vieux » cours d’une collègue ayant donné morale et les « adaptant » au goût du jour…. Petit à petit, j’ai ainsi constitué une petite base avec mes propres documents .. et je les ai mis à disposition de tous, dès que j’en ai eu l’opportunité avec la facilité du blog … Un site internet était trop contraignant et demandait beaucoup plus de travail . Très vite des collègues de morale m’ont donné des pistes , des cours et le blog s’est peu à peu étoffé…. Je vais dire que 80 % de son contenu est constitué de cours et documents que j’utilise personnellement .. les 20% restant sont des idées de d’autres personnes / collègues ou de liens que j’ai trouvés mais pas encore exploités…. Ce blog est fait dans un seul but de partage avec d’autres enseignants. Les élèves ne l’utilisent absolument pas. Il n’est pas un lien vers l’école, mais bien une mutualisation de mon travail. Je ne publie d’ailleurs jamais de cours « tout fait ». Je ne mets que des documents et des idées de leçons. Cet échange entre profs de morale est très enrichissant.
Finalement, l’écho de ce travail sur le blog est plutôt surprenant…. Plus d’une centaine de visites par jour, des commentaires et des mails très positifs venant pour beaucoup d’enseignants , parfois de très loin, comme la Russie, l’Egypte, le Maroc, l’Amérique du sud et le Canada .. Des collègues m’ont apporté leur contribution et leur félicitation. Mon but était d’aider et de partager… but atteint 😉
Céline Colé
Le blog de Céline
Maximes et adages moraux au pied de la lettre…
Alors que les nouveaux programmes du primaire annoncent le retour de « l’instruction civique et morale » d’antan, Bernard Defrance entreprend d’analyser les fameuses maximes mises au programme et annonce « un désastre prévisible ». Suivons sa réflexion.
Il commence par la maxime phare, citée par le ministre « Ma liberté commence là où… » « Si ma liberté devait s’arrêter au lieu où commencerait celle de l’autre, il y aurait inévitablement frictions aux frontières et nous serions dans la guerre des territoires, et comme un enfant ne peut grandir qu’à accroître ses prises sur le monde, son autonomie, c’est-à-dire ses libertés, lui infliger cette pseudo-maxime revient à le persuader qu’il ne peut en effet accroître sa liberté qu’au détriment de celle d’autrui, surtout si, par un surcroît de bêtise accablante de la part de gens supposés instruits, on prétend lui faire appendre la maxime par cœur ! Ne pas s’étonner des résultats de cette bêtise meurtrière tels qu’on peut les constater dans les cours de récréation ».
Et il continue avec un second adage célèbre. « Nul n’est censé ignorer la loi, c’est-à-dire que, dès lors que son action implique autrui, nul ne peut ignorer qu’une loi va structurer l’articulation des libertés ; mais ce principe ne vaut pleinement qu’à partir de la majorité civique, civile et pénale : on ne saurait exiger des enfants qu’ils sachent déjà ce qu’ils viennent précisément apprendre à l’école »…
Sur le site de B. Defrance
http://www.bernard-defrance.net/artic/index.php?textesperso=176