« La passivité ne peut pas être de mise quand la sécurité et le droit élémentaire à l’éducation sont ainsi mis en péril » écrit Céline Malaisé. Dans cette tribune, la présidente de la Gauche communiste, écologiste et citoyenne et conseillère régionale en Ile-de-France (PC) alerte sur la situation des lycées. Elle dénonce la politique menée dans la région par la présidente Valérie Pécresse et un investissement par élève inférieur à la moyenne nationale. Elle souligne que « l’Île-de-France est la région qui dépense le moins par an avec 2 181€ par élève contre une moyenne nationale de 2 930€ par élève ». Pour elle, l’exemple du lycée Paul Eluard de Saint-Denis témoigne de l’abandon et de l’état dégradé de lycées franciliens.
Les personnels du lycée Paul Eluard de Saint-Denis ont exercé lundi 6 janvier 2025 leur droit de retrait. En décembre dernier, la commission de sécurité a rendu un avis défavorable pour l’ensemble des bâtiments de l’établissement. Les risques pour les 2 000 élèves et les personnels sont si importants et notamment en cas d’incendie que l’épée de Damoclès de la demande d’une fermeture administrative est envisagée si rien ne change.
Plafonds qui s’effondrent
En mai 2023, les personnels du lycée Paul Eluard avaient déjà activé leur droit de retrait suite à un épisode de pluies intenses qui avait causé l’effondrement de plafonds et la fermeture du pôle de la vie scolaire et de plusieurs salles de cours. Comme à chaque alerte provenant d’un lycée, le groupe, que je préside, avait relayé les demandes de la communauté éducative auprès de l’exécutif régional présidé par Valérie Pécresse. Des engagements d’une rénovation thermique d’ampleur furent pris. Le représentant de la droite régionale s’étant même emballé pour déclarer devant les caméras qu’il ne faut « pas prendre un petit problème ponctuel, où il y a un petit buzz sur les réseaux sociaux, pour généralité parce que ce lycée il vit bien depuis des années ». Le mépris était tel que cette sortie fut tournée en dérision. Elle permit toutefois d’apprendre que cette attention toute relative avait été accompagnée d’une absence de représentant de la région au conseil d’administration (dont sont exclus les élus d’opposition) durant des années.
Des promesses de travaux et des annonces…
Les travaux furent promis dans un délai d’au moins un an. En juillet 2023 furent votés par la Commission permanente régionale 100 000€ pour les études préalables au lancement des travaux dont le coût total fut annoncé à 40M€. Et depuis … rien. En 2024, 200 000€ furent votés pour désamianter 513m2 de sol des gymnases et 280 000€ pour remplacer des portes mais aucune nouvelle de l’avancée des études sur cette opération d’ampleur mis à part qu’elle n’aurait pas lieu avant 2025.
L’année 2024 fut pourtant riche sur le front de l’éducation en Seine-Saint-Denis avec une mobilisation massive, intersyndicale et commune à l’ensemble des acteurs éducatifs pour un plan d’urgence pour le 93. Les cris d’alerte des lycées à travers des vidéos virales dénoncèrent l’insalubrité et la dégradation du bâti scolaire. Dans les nombreuses manifestations et actions, la patience admirable, dont font preuve les lycéens et les personnels en acceptant de telles conditions dégradées, laissait place à une colère froide et raisonnée avivée par l’ultra-financement public des lycées privés dont celui de Stanislas. Un sens du service public remarquable et une expertise précise des moyens qu’il faudrait pour la réussite des enfants de celles et ceux qui sont les premiers de cordée marquèrent ces mois de mobilisation. Elle achoppa, toutefois, sur une cécité volontaire des politiques libéraux qui, entre Valérie Pécresse et la ministre de l’Éducation nationale, tentèrent de se renvoyer les responsabilités tout en misant sur un essoufflement du mouvement.
Un investissement par élève sous la moyenne
Pour détourner l’attention, la Présidente de région annonça, de manière quasi-martiale, que les auteurs de dégradations volontaires seraient systématiquement poursuivis tentant ainsi une inversion des responsabilités dont elle est coutumière. Une pirouette qu’elle devait juger nécessaire afin de tenter de faire oublier qu’elle est aux responsabilités depuis 9 ans déjà et que l’Île-de-France est la région qui dépense le moins par an avec 2 181€ par élève contre une moyenne nationale de 2 930€ par élève. Parce que derrière les chiffres que la droite régionale assène, la réalité est toute autre dans les lycées : les crédits d’investissements ne sont pas à la hauteur de 1Mds€ mais en 2023 étaient de 464 M€, la direction régionale des lycées a été réorganisé huit fois depuis 2016 et donc mal-fonctionne en sous-effectifs au malheur des agents publics régionaux…
Relayant les revendications de la communauté éducative du lycée Paul Éluard, le mardi 7 janvier une question écrite a été envoyée à la Présidente de région afin qu’elle précise les actions d’urgence qui vont être entreprises, et sous quel délai, afin d’éloigner un danger manifeste mais aussi le calendrier des travaux de la rénovation thermique globale, les dispositions envisagées afin que les travaux soient compatibles avec le fonctionnement normal d’un lycée et des conditions d’enseignements correctes ainsi que l’état des effectifs régionaux alloués à cet établissement et les éventuels renforts prévus afin de garantir un fonctionnement régulier du lycée. La passivité ne peut pas être de mise quand la sécurité et le droit élémentaire à l’éducation sont ainsi mis en péril.
Céline Malaisé