Qui connaît le principe des livres dont on est le héros ? Edouard Chuto, professeur de SVT, propose un nouveau livre nommé L’épidémystérieuse axé sur l’immunologie. Non sans humour, l’auteur fait voyager le lecteur adolescent ou adulte dans un monde menacé par une pandémie. « Dès le début du livre, le lecteur doit créer son personnage en lui attribuant un certain nombre de points concernant quatre caractéristiques : intelligence, force, charisme et intuition », explique l’enseignant qui admet « que ce livre permet de travailler différemment ».
De quoi parle votre nouveau livre ?
L’Épidémystérieuse est mon deuxième « livre dont vous êtes le héros » à visée pédagogique et humoristique. Dans ce livre, le lecteur est dans la peau d’un jeune scientifique qui va avoir la lourde tâche de venir à bout d’une pandémie qui menace la survie de l’humanité. Pour ce faire, il sera épaulé par toute une équipe, dont chaque membre sera là pour aider le lecteur, ou pas…
Dès le début du livre, le lecteur doit créer son personnage en lui attribuant un certain nombre de points concernant quatre caractéristiques : intelligence, force, charisme et intuition. Il devra aussi choisir une capacité parmi trois possibles et gérer un inventaire. En fonction du nombre de points attribués à chacune de ces caractéristiques, de la capacité choisie et des objets ramassés, différents chemins seront débloqués lors de la lecture du livre. Même si la trame est la même pour tous les lecteurs, le chemin pour la parcourir sera donc différent.
Ce livre permet de travailler plusieurs notions et compétences enseignées au collège, notamment dans la partie immunologie. Voici quelques exemples de notions et compétences abordées : la variété des micro-organismes, la différence entre épidémie et pandémie, le patient 0, la contamination, le mode de contamination, les symptômes, les barrières naturelles, l’infection, le foyer, le temps d’incubation, la lecture d’une clé de détermination, la vérification d’hypothèses…
De nombreuses énigmes parsèment le livre. Leur résolution permet de faire avancer l’histoire. Les lieux à visiter pour trouver des indices sont divers et variés : zoo, lac, hôpital, morgue… Cette dernière zone correspond à une sorte de labyrinthe, nécessitant exploration et observation pour en venir à bout (cette partie est assez longue et n’apporte pas de notions scientifiques importantes, elle est juste là pour le côté ludique, c’est pourquoi je ne la ferai pas avec mes élèves lors des séances de travail. Ils auront la possibilité de faire cette partie en empruntant un des exemplaires du CDI.)
Pouvez-vous nous rappeler le principe du livre dont on est le héros ?
Dans les « livres dont vous êtes le héros », le lecteur est le personnage principal de l’histoire et fait des choix qui influencent le cours des événements et l’issue du récit. Chaque décision mène à différentes pages, créant une multitude de chemins et de fins possibles. Cette approche confère une dimension supplémentaire à l’expérience de lecture, enrichissant l’immersion et permettant une vraie rejouabilité, car généralement, seul un tiers voire la moitié des chapitres est lu lors d’une première lecture. Il y a une grande diversité de livres dont vous êtes le héros, les plus connus étant ceux édités par Gallimard, mais depuis quelques années de nombreux éditeurs se sont lancés dans cette aventure, ce qui permet d’étoffer l’offre proposée aux lecteurs.
Est-ce une suite de votre premier ouvrage ? A qui s’adresse-t-il ?
Ce livre n’est en aucun cas une suite à mon premier livre : 2021 : L’Odyssée de l’espèce, même si je me suis amusé à y incorporer quelques références. La trame de ce livre a même été écrite bien avant L’Odyssée de l’espèce. En effet, il y a une dizaine d’années, afin de traiter cette partie du programme de manière ludique avec mes élèves, j’ai écrit le scénario de ce livre dont vous êtes le héros traitant d’une pandémie venue de Chine menaçant l’humanité. J’étais, à l’époque, loin de me douter qu’un tel scénario pourrait se réaliser avec les conséquences sociales et économiques que l’on connait…
Il y a deux ans, au vu des remises en cause des données et discours scientifiques suite à la crise du Covid, et devant les retours positifs sur L’Odyssée, je me suis motivé pour totalement réécrire L’Épidémystérieuse, en ajoutant plus d’une centaine de chapitres à l’histoire originale. Deux ans plus tard, il est enfin auto-édité, et j’en suis ravi.
Comme pour le premier, en écrivant ce livre j’ai voulu dès le départ m’adresser autant aux adolescents qu’à leurs parents. C’est pourquoi j’ai parsemé l’histoire de nombreuses références à la culture des adolescents, mais aussi à celle de leurs parents. C’est donc un livre à double lecture. Mon souhait, peut-être utopique, est que les enfants et leurs parents lisent ensemble ce livre et comprennent les principes de base de la gestion d’une pandémie tout en s’amusant. Ce livre s’adresse donc aux collégiens et lycéens, à leurs parents et aussi bien sûr à mes collègues de SVT qui y trouveront peut-être des situations à intégrer dans leurs cours.
Vos élèves vous ont-ils aidé à ce livre ? Quel regard ont-ils sur l’immunologie au collège ?
Youran Her a réalisé la couverture de mon premier livre. Pour le second, elle s’est occupée de la couverture et de l’ensemble des illustrations pleine page. Elle a été mon élève il y a une dizaine d’années et est en ce moment en bachelor animateur 2D/3D à l’atelier de Sèvres. Je suis vraiment ravi d’avoir pu à nouveau travailler avec elle. Deux autres anciennes élèves, Océanne Cherel et Louise Le Carrer, m’ont aussi été d’une grande aide, car elles ont fait partie des bétatesteuses de mon livre. Leurs retours et conseils m’ont permis de repérer des erreurs et incohérences que mes petits yeux fatigués n’arrivaient plus à distinguer. Merci à elles !
Avant la crise du COVID, je n’avais jamais eu de problèmes pour enseigner cette partie du programme. Depuis, j’ai eu plusieurs fois les remarques suivantes, notamment concernant les vaccins : « Moi je ne crois pas aux vaccins », « Les vaccins sont dangereux pour la santé », « on ne nous dit pas la vérité », remarques généralement entendues à la maison… C’est triste à notre époque de devoir redémontrer des principes qui ont prouvé leur efficacité depuis longtemps, mais en même temps cela permet de travailler sur la différence entre sciences et croyances, ainsi que sur l’esprit critique, compétence essentielle à maîtriser de nos jours.
Mieux vaut-il lire le livre avant le cours ou après ?
Les deux sont possibles. Personnellement, j’ai toujours utilisé ce livre pour que les élèves découvrent les notions de base d’immunologie, pour ensuite les faire travailler sur un cas concret de maladie, afin qu’ils utilisent les notions traitées dans le livre.
Ce livre ne se substitue donc pas à un cours, car il est nécessaire de retravailler les notions avec les élèves, mais il permet de travailler différemment.
Cette année, je vais l’utiliser d’une autre façon, car nous avons modifié l’année dernière notre répartition dans mon collège. Nous faisons maintenant toute la partie « micro-organisme, contamination et infection » en classe de quatrième, pour ensuite enchaîner sur les antibiotiques et la défense de l’organisme en classe de troisième. Je vais donc utiliser le livre en troisième de manière à faire un rappel des notions de quatrième.
Propos recueillis par Julien Cabioch
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