Du 8 au 15 septembre 2024 se tiennent les Journées Nationales d’Action contre l’Illettrisme (JNAI) initiées par l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme. L’illettrisme concerne une personne ayant été scolarisée en France et qui connaît des difficultés fortes (c’est-à-dire qui « ne maîtrise pas la lecture, l’écriture, le calcul, le numérique », selon la définition de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme). Selon l’INSEE, l’illettrisme touche 4 % de la population. Ce chiffre masque des disparités, notamment selon la classe sociale ou générationnelle.
1,4 million d’adultes entre 18 et 64 ans sont illettrés selon l’INSEE
En 2022, 4% de la population âgée de 18 à 64 ans est illettrée en France selon une étude de l’INSEE, soit 1,4 million d’adultes. 1 adulte sur 10 rencontre des difficultés à l’écrit selon une étude que l’Insee a publiée le 22 avril 2024. Les difficultés sont plus marquées pour les personnes plus âgées. Pour deux tiers des personnes en difficulté à l’écrit se combinent des difficultés en calcul. Tous les territoires sont concernés, mais la proportion est plus importante dans les territoires en difficulté économique : L’Agence de lutte contre l’illettrisme le souligne : « les personnes en difficulté sont trois fois plus nombreuses dans les quartiers politiques de la ville et dans les territoires d’outre-mer ». Plus de la moitié des personnes dont le français n’est pas la langue maternelle et non scolarisée en France éprouve également des difficultés importantes à l’écrit.
Deux fois moins d’illettrés en France en 20 ans : une situation qui s’améliore, même si…
Entre 2004 et 2022, la part de le population illettrée a été divisée par deux selon l’INSEE. Pour l’observatoire des inégalités, « ces données de l’Insee, très peu commentées, font apparaître les énormes progrès de la scolarisation dans notre pays. Elles contredisent le discours récurrent sur la « baisse du niveau » et le « déclin scolaire » de la France ». Des évaluations menées dans le cadre de la Journée Défense et Citoyenneté décèlent 4,1% de grandes difficultés en lecture.
L’étude de l’INSEE souligne les effets du milieu social comme des diplômes des familles sur l’illettrisme : plus est élevé le niveau social et le diplôme -ce sont souvent des données corrélées-, plus bas est le taux d’illettrisme. La situation de l’illettrisme s’améliore mais reflète toujours les effets des fortes inégalités, tout comme leur reproduction. L’étude de l’INSEE révèle une baisse de l’illettrisme, mais elle ne prend pas en compte les données des personnes immigrées non scolarisées en France ni les personnes âgées de plus de 64 ans. L’illettrisme toucherait alors 8% de la population, soit 3 millions de personnes estime l’INSEE.
Des structures d’apprentissage du français alertent dans une tribune sur la situation de leurs structures et « la détresse » des apprenants. Pour ces acteurs de terrain de Poitiers et du Sud Aquitaine « soutenir l’apprentissage de la langue française est un enjeu primordial en termes de cohésion sociale ». Les associations pour l’apprentissage du français tirent la sonnette d’alarme et dénoncent les « obstacles croissants dans l’enseignement de la langue française », citant « les financements insuffisants », « les dispositifs fragmentés », et la « baisse du bénévolat ». La tribune relève que « les récentes modifications législatives visent à durcir ces exigences alors que, paradoxalement, l’offre de formation linguistique décline ».
Djéhanne Gani
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