Quels seront les élèves les plus pénalisés par « la baisse importante du taux de réussite » au Diplôme National du Brevet (DNB) que promet le Premier ministre ? Quels seront les élèves qui atterriront dans les classes prépa lycée dont personne ne comprend l’utilité ? Nulle surprise, ce seront encore les élèves de milieux défavorisés, grands perdants du système scolaire français. Ce n’est pas le Café pédagogique qui le dit, mais le service statistique du ministère qui vient de publier une note sur les résultats de la dernière session du brevet. « Les candidats d’origine sociale défavorisée représentent 50 % des présents en série professionnelle et 29 % en série générale. Ils ont un taux de réussite inférieur de 18 points à celui des candidats d’origine sociale très favorisée », écrit l’auteur.
« Le taux de réussite à la session 2023 est de 89,0 %, soit 1,4 point de plus qu’à la session précédente. Il est de 78,1 % (+ 0,6 point) en série professionnelle et de 90,2 % en série générale (+ 1,5 point) », nous apprend la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance. « L’écart de taux de réussite entre les deux séries s’est accentué entre 2018 et 2023 ».
Si les trois quarts des candidats de la voie générale valident le socle commun de connaissances, de compétences et de culture et réussissent les épreuves de l’examen terminal, c’est le cas de seulement la moitié des candidats de la voie professionnelle. Voie professionnelle où sont majoritaires les élèves de milieux défavorisés (près de 60% en 2019). « L’origine sociale des candidats est significativement différenciée selon la série présentée au DNB aussi bien en 2023 qu’en 2018 », constate l’auteur. « Les candidats d’origine sociale défavorisée restent surreprésentés parmi les candidats en série professionnelle ». Dans la série professionnelle, la part des candidats d’origine sociale défavorisée est de 50 %, alors que pour les candidats de la série générale, elle n’est que de 29 %. À l’inverse, les candidats avec une origine sociale très favorisée sont surreprésentés parmi les candidats en série générale, 25 %, contre 7 % en série professionnelle.
Les candidats d’origine sociale très favorisée ou favorisée obtiennent plus souvent leur DNB que ceux d’origine sociale défavorisée. « Dans la série générale, 17 points séparent le taux de réussite des candidats d’origine sociale défavorisée de celui des candidats d’origine sociale très favorisée (respectivement 81 % et 98 % de réussite). Cet écart est de 16 points dans la série professionnelle (respectivement 73 % et 89 % de réussite) ».
« La proportion de candidats de 15 ans, c’est-à-dire « à l’heure », est plus importante en voie générale (91 % « à l’heure », 6 % ont 16 ans ou plus et 3 % ont 14 ans ou moins) qu’en voie professionnelle (63 % « à l’heure », 37 % ont 16 ans ou plus et moins de 1 % ont 14 ans ou moins) », nous apprend la DEPP. Des chiffres en hausse depuis 2018. Cette hausse « correspond à la baisse des taux de redoublements depuis le début des années 2000 ». Si la proportion de candidats de 15 ans progresse dans les deux séries, le taux de réussite n’a pas les mêmes répercussions selon la filière. En voie générale il a progressé entre 2018 et 2023 alors que celui de la voie professionnelle a stagné.
Sur la proportion de candidats inscrits à l’examen, mais absents pour les épreuves terminales, là aussi l’écart entre voie générale et professionnelle est significatif. Ils représentent 1,4 % des candidats pour la voie générale, et de 6 %. « Parmi ces absents, 88 % sont d’origine sociale défavorisée ou moyenne, et 58 % sont des garçons. Les candidats absents au DNB de la série générale ont les mêmes caractéristiques ».
Les élèves à besoins éducatifs particuliers surreprésentés dans la voie professionnelle
Les candidats bénéficiant d’un aménagement d’épreuves lors des épreuves terminales représentent 9 % des candidats présents de la voie générale et 26 % de ceux de la voie professionnelle. « Au sein de la voie générale, les candidats avec un aménagement d’épreuves ont un taux de réussite plus faible de 2 points que les autres candidats contrairement à la voie professionnelle où les candidats avec un aménagement d’épreuves ont un taux de réussite supérieur de 14 points aux autres candidats ».
Les élèves nécessitant des aménagements semblentdonc surreprésentés dans la voie professionnelle, dans laquelle ils réussissent mieux que leurs camarades. Une erreur d’aiguillage ?
On ne peut donc que comprendre les inquiétudes de ceux qui craignent que les élèves à besoins éducatifs particuliers soient surreprésentés dans les groupes des faibles…
Lilia Ben Hamouda