Titre volontairement provocateur, par un groupe d’auteurs de référence, l’ouvrage veut prendre à bras le corps un des problème important de l’Ecole d’aujourd’hui : la place du psychologue scolaire.
En effet, confronté à des injonctions contradictoires (entre « psychologue » et « scolaire », les demandes ne sont pas faciles à accorder), le psychologue doute : doit-il concentrer son action sur l’enfant ? sur l’élève ? Après tout, le psychologue n’est pas le seul qui devrait avoir à traiter la « difficulté » de l’enfant dans l’école. mais souvent, il est le spécialiste, presque magicien, à qui on demande de lire dans les entrailles du patient, et de le rendre réparé, si possible rapidement…
Alors, comment intervenir en direction des enseignants ? des parents ? Comment être un « intermédiaire » efficace dans ce triangle infernal, évidemment au service de l’enfant ?
Parce que les difficultés de l’élève sont de multiples sources (cognitives, affectives, sociales ou biologiques), la prise en charge ne saurait être uniforme. Et selon les cas, c’est évidemment de collaborations dont l’élève à besoin. Jean-Marie Besse d’interroge donc sur la confusion des genres qui fait que le psychologue scolaire n’est jamais à une place bien confortable : ni vraiment reconnu comme tel par les « psychologues », ni vraiment reconnu à cette place par son propre employeur, le métier est à clarifier, en particulier par la mise en place d’un véritable « statut ».
Après un bref historique de la psychologie à l’école, à la lueur des maîtres Wallon et Zazzo, deux chapitres défrichent la relation de l’enfant avec l’école et avec le savoir, deux univers dont la découverte est aussi obscure pour ceux qui ne possèdent pas toutes les clés.
Elisabeth Bel pointe le regard du côté de la relation avec les parents, la rencontre difficile avec l’institution, surtout lorsqu’elle ne se noue qu’en cas de crise ou d’orientation à décider.
Un chapitre signé par Gérard Chauveau illustre, par la peinture de quelques « histoires singulières », l’importance du regard du psychologue pour penser autrement le « métier d’élève » et mieux comprendre les différentes facettes imbriquées dans l’échec dit « scolaire », dans lequelles les différents facteurs de difficultés s’entrecroisent.
Olivier Dechavanne consacre un intéressant chapitre à la rencontre entre les deux professionnels que sont l’enseignant et le psychologue, et élucide quelques sources d’incompréhensions mutuelles parfois lourdes.
Bref, un ouvrage très lisible, qui sera une synthèse efficace à tous ceux qui, de tous bords, sont décidés à accepter de ne pas être les seuls détenteurs de la vérité vraie.
Elisabeth Bel, Jean-Marie Besse, Gérard Chauveau, Odile Decahvanne, Alain Nesme, Monique Rouzaire-Besse, Jean Simon, Des psychologues à l’école, Retz, 280 p.
Patrick Picard