F. Jarraud
A quelques jours de la grève du 24 janvier, le service minimum suscite biens de réactions. « Cette mesure constitue véritablement une première et met en lumière l’incapacité de l’éducation nationale à exercer dans ce domaine ses responsabilités d’employeur public ». Cette condamnation ne vient pas de la gauche mais des « bénéficiaires » du service minimum que le gouvernement veut instaurer au primaire : les communes.
Darcos tente d’imposer le service minimum tout de suite
« Afin de concilier au mieux la liberté des parents et celle des enseignants durant les périodes de grève, un service minimum d’accueil sera financé par le ministère de l’éducation nationale dans les communes volontaires. Le financement de ce service sera assuré à partir des fonds correspondant aux retenues sur salaire des enseignants grévistes… Je souhaite que ce dispositif puisse être expérimenté au plus tôt, notamment lors du prochain mouvement social prévu le 24 janvier ». Par cette note adressée aux recteurs et inspecteurs d’académie, le ministre prend une nouvelle fois le risque d’affronter les syndicats. D’autant que Xavier Darcos demande de mettre en place au plus vite, avant les municipales, le service minimum dans les écoles. Le texte fixe le montant des sommes qui seront versées par l’Etat aux communes, à charge pour elles d’assurer un accueil des enfants.
Les syndicats ont beau jeu d’ironiser, comme le Se-Unsa, sur l’absence de concertation. » Sur un sujet aussi sensible touchant au droit de grève des enseignants, le syndicat estime qu’on est en droit d’attendre d’autres méthodes… Mais, puisque le ministre est enclin à l’expérimentation, le SE-UNSA lui lance un défi. Qu’il applique tout simplement la loi qui fait obligation à l’employeur de négocier sur les sujets en conflit dans le délai du préavis de grève. Sur les salaires, l’emploi et le devenir du Service Public, le ministre de l’Education nationale n’a-t-il donc rien à négocier ? » La Fsu estime que « s’il veut moins de grèves, il doit répondre aux demandes des personnels »
Les premiers concernés par ce service d’accueil, les maires, ne semblent pas davantage enthousiastes. « C’est à l’Education nationale d’organiser le service minimum dans les écoles primaires en cas de grève des enseignants » estime Jacques Pélissard, président (UMP) de l’Association des maires de France. Il dénonce « ‘une conception originale du service minimum par report de la responsabilité de l’Etat sur des acteurs étrangers aux conflits ayant conduit à la grève ».
Mais c’est l’Andev (Association nationale des directeurs de l’éducation des villes) qui met le mieux en valeur le poison que constitue le projet ministériel.
L’Andev, qui regroupe les responsables éducatifs des grandes villes, estime le projet » tout à fait regrettable ». « Cette mesure constitue véritablement une première et met en lumière l’incapacité de l’éducation nationale à exercer dans ce domaine ses responsabilités d’employeur public » poursuit Claudine Paillard, présidente de l’Andev. « En mettant à la charge des communes le service minimum, le MEN évite ainsi une difficile discussion avec les organisations syndicales d’enseignants, qu’il reporte ainsi sur les communes. Celles ci devront si elle souhaitent mettre en place ce service, négocier de leur côté avec les organisations syndicales de leur personnel ». Une discussion qui ne sera pas partout facile… L’Andev relève « l’embarras » dans lequel les municipalités vont se trouver entre les pressions des personnels éducatifs et les parents.
Mais l’Andev critique aussi la conception qu’a l’Etat du rôle éducatif des collectivités locales. « En mandatant les communes pour le faire à sa place, elle renvoie une fois de plus les communes à un rôle éducatif limité, essentiellement lié à la fonction de garderie, de service à la famille, « périphérique » à l’école sans projets ni objectifs pédagogiques… Plutôt ainsi que de se défausser de sa responsabilité sur les communes, il aurait été plus courageux et efficace, de travailler à un véritable service minimum unifié portant sur l’ensemble des temps de l’enfant. Car organiser le service minimum sur l’école mais ne pas prévoir le fonctionnement de la restauration pose, il faut le rappeler, pour de nombreuses familles tout autant de difficultés. Les communes demanderont–elles à l’éducation nationale d’assurer l’accueil en restauration en cas de grève de leur personnel? »
Cette situation, Bertrand Delanoë la refuse. Dans un article de Libération, le maire de Paris estime qu’il ne peut pas « demander aux fonctionnaires municipaux de casser la grève de fonctionnaires nationaux ».
Communiqué Men
http://www.education.gouv.fr/cid20742/mise-en-[…]
Communique Se-Unsa
http://www.se-unsa.org/presse/comm/page.php?id=080108
Dépêche AFP
http://www.vousnousils.fr/page.php?P=data/autour_de_no[…]
Communiqué AMF
http://www.amf.asso.fr/actualites/chargement.asp?ref_actu=735
Communiqué Andev
http://www.andev.fr/index.php?id=184
Article Libération
http://www.liberation.fr/actualite/societe/302665.FR.php
Les parents divisés
« M. Darcos est tout à fait favorable à la proposition faite par la PEEP d’impliquer les parents dans la mise en place de ce dispositif qui correspond aux besoins des familles ». Reçue par le ministre, la Peep a sollicité le ministre sur le service minimum pour l’accueil des élèves. C’est un tout autre son de cloche que donne la première association de parents, la FCPE. Les parents de la Fcpe estiment que « ce ne sont pas quelques jours de grève programmés qui compromettent la qualité du service public mais bien les remplacements non assurés » et rappellent les taux minimum d’encadrement : un animateur pour 8 enfants en maternelle et un pour 12 en élémentaire.
24 janvier : 7 fédérations appellent à faire grève
Le Sgen Cfdt et la Faen rejoignent finalement le camp des grèvistes. Avec eux, la Cgt, la Fsu, l’Unsa, FO et le Snalc appellent à cesser le travail le 24 janvier. Il s’agit de demander une revalorisation salariale.
Communiqués
http://www.snes.edu/snesactu/spip.php?article2820
http://www.sgen-cfdt.org/actu/article1544.html