Par François Jarraud
« Assez de ce grand bazar ! » écrivent le Snes, le Snuipp, le Snep et le Snuep. Les syndicats FSU demandent la suspension de l’entrée en vigueur du livret personnel de compétences (LPC). A travers lui c’est l’approche par compétences qui est mise en question ainsi que le socle commun.
« A tous les niveaux, les personnels refusent de se prêter à des attestations qui se transforment en véritables « usines à cases ». Ils n’adhèrent pas à une approche qui constitue d’autant moins une réponse aux difficultés des élèves face aux apprentissages que ces difficultés seront amplifiées par la politique de réduction systématique d’emplois dans l’éducation que poursuit le gouvernement », écrivent les sy,dicats. Ils font allusion aux 110 items à renseigner pour les CM2, aux 98 du LPC en troisième. Pour eux il s’agit « d’une mascarade d’évaluation déjà constatée pour le niveau A2 en langues et le B2i ».
Ces mots très durs avaient déjà été prononcés par le Snes en janvier quand il demandait un moratoire du LPC. Cette fois ci les autres syndicats Fsu ont rejoint le Snes. Le Snes rejetait le socle commun » vision réductrice des savoirs qui marginalise plusieurs disciplines et écrase des pans entiers de la culture scolaire ». Publié en avril 2010, le rapport du député Grosperrin sur le collège soulignait des difficultés déjà visibles. « Le nouveau « DNB » organise la « cohabitation » – plus qu’improbable – de deux formes d’évaluation a priori opposées et inconciliables : d’une part, l’évaluation traditionnelle, chiffrée, par le biais du contrôle continu et des épreuves du brevet, des savoirs disciplinaires et d’autre part, l’évaluation binaire, propre au socle commun, qui indique si chacune des sept compétences est validée ou non. Ce choix est à l’évidence absurde », écrivait-il, estimant que « le compromis précité remet en cause la valeur de cette attestation, voulue par le législateur ». Il relevait « l’incompréhension des enseignants » qui « ne se sont pas appropriés le socle ». Pour de nombreux enseignants », continue J Grosperrin, « l’attestation de la maîtrise du socle commun conduirait à altérer le travail d’évaluation, ainsi que la relation élève-professeur. Pour reprendre une expression très imagée entendue au Collège Françoise Dolto de Paris, le cochage des cases de validation des sous-compétences transformerait les équipes enseignantes en « poinçonneurs des Lilas ». Ce document a été même qualifié dans cet établissement « d’attestation Mc Gyver », ce qui en dit long sur son image dans la communauté enseignante ». Le rapport demandait déjà du temps. « On ne peut réussir une mutation aussi importante que celle que représente la mise en place d’une évaluation par les compétences sans s’en donner le temps… »
A défaut, la mise en place du LPC se transforme en une simple bureaucratisation du métier participant de déprofessionnalisation. Un comble pour une démarche dont l’objectif est au contraire de mieux suivre les élèves. Reçus aujourd’hui au ministère, les syndicats FSU pourront-ils faire céder le ministère ?
Communiqué
http://www.snes.edu/Livret-personnel-de-Competences,21345.html
En janvier 2011…
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/01/12012011Accueil.aspx
Sur le site du Café
|